Les DJs ivoiriennes secouent les Nuits sonores
À la programmation paritaire des Nuits sonores, le festival de musiques électroniques lyonnais, s’ajoutait la présence de nombreux artistes africains. Reportage et rencontre avec la DJ ivoirienne Chabela à l'occasion de sa première soirée en France.
Masque, pass sanitaire, voire test antigénique à l’entrée du festival des Nuits Sonores, c’est une édition particulière —intitulée Hors-série— qui s’est tenue à Lyon du 20 au 25 juillet. D’autant que le festival 2020, comme beaucoup d’autres, avait été reporté puis simplement annulé à cause de la pandémie de Covid-19. De nombreux artistes programmés dans le cadre de la saison Africa 2020 sont donc venus… en 2021.
Comme à son habitude, l’événement électro investit des lieux inhabituels. En journée, la scène électronique locale se produit à Heat, halle culturelle et gastronomique du nouvel écoquartier Confluence. En soirée, direction les anciennes usines Fagor-Brandt, où étaient fabriquées des machines à laver.
Vendredi 23 juillet, les immenses halls accueillent la chanteuse ougandaise Awori, qui entonne une balade mélancolique avec le musicien lyonnais Twani à la guitare devant un public encore clairsemé. Passé derrière son ordinateur, Twani donne une tournure plus hip hop et électro au concert. Dans les salles ou à l’extérieur, le public a tombé le masque et les gestes barrières, le festival retrouve l'allure de la vie d’avant.
Rap indolent
Dans l’autre hall industriel, le Palestinien Muqata’a déverse un maelstrom de sonorités expérimentales, tandis que des paysages défilent sur quatre immenses murs-écrans. La régionale de l’étape est la rappeuse Lala&ce (prononcez Lala Ace), puisque la jeune franco-ivoirienne est originaire de Bron, en banlieue lyonnaise.
Sur scène, une DJ aux longues tresses commence à chauffer la salle qui se remplit. La chanteuse au look androgyne surgit avec veste en jean et lunettes en écailles. Si son premier album, Everything Tasteful, arborait un rap indolent et brumeux, sur scène les titres sont beaucoup plus dansants et l’Auto-tune moins présent. La foule se déhanche sur les hallucinations de Dodow&ve et reprend la plupart des refrains. La soirée se terminera vers 1 heure du matin par des sonorités plus techno, avec les DJ Bambounou et Parfait.
Congo et Burkina
Le lendemain, les six musiciens de Fulu Miziki (Kinshasa) mettent peu de temps à conquérir le public, avec leurs fusions percussives survoltées et leur accoutrement fait, comme leurs instruments, de récupération. Le multi-instrumentiste burkinabè Simon Winsé et le DJ nantais Praktika, grand habitué de l’Afrique de l’Ouest, montent sur scène pour concrétiser un duo monté un an et demi plus tôt mais stoppé par la pandémie. Les sonorités de la kora épousent les rythmes électroniques dans une fusion progressive et hypnotique.
Autre salle, autre ambiance avec Christelle Oyiri alias Crystallmess. Plasticienne, essayiste, afro-féministe… la franco-ivoirienne mixe avec énergie autant de la techno, que de l’afro-beat ou un remix drum’n’bass des Fugees, tandis que dans l’autre hall, l’Allemand Pantha du Prince crée des atmosphères plus éthérées, tirant vers le dub et l’électro minimal.
Enfin, les DJs Chabela et Asna, l’une voilée de rouge, l’autre masquée de coquillages caurys, toutes deux originaires d’Abidjan, succèdent à Crystallmess, avec la lourde tâche de conclure cette dernière soirée en même temps que Laurent Garnier, grand habitué du festival, programmé dans l’autre hall.
Site officiel des Nuits sonores