Bomby, "le roi du Corrinche" à la conquête de la Colombie

Le musicien afro-colombien Bomby. © RFI/Najet Benrabaa

Hymne de la rue, hymne de la coupe du monde de football et hymne du festival traditionnel de la fleur de Medellín, en peu de temps, Bomby est devenu une référence pour les Colombiens. Ses chansons sont reprises en chœur et chantées par tous.

Un samedi matin ensoleillé à Medellin. Le quartier de San Javier est animé autour du métro mais tranquille sur les hauteurs. C'est donc du haut de sa colline, dans le studio de musique, seul et en plein travail, que Bomby nous accueille. De parents originaires département du Choco, sur la côte pacifique, la partie la plus afro-colombienne du pays, Bomby est né en 1995 à Medellín dans ce quartier sensible de la "Comuna 13".

Un militant de la culture afro-colombienne

Ce grand Afro-Colombien de près d'un mètre quatre-vingt-dix cultive son image colorée autant dans la musique qu'à travers son look. Aujourd'hui, il porte des lunettes de couleur orange et translucides, un short de la même couleur avec des imprimés, des chaussettes assorties avec des flammes sur le côté et comme coiffure, une longue tresse afro couronnée d’un ruban rouge et un bandana noir. Tout respire la culture afro. Il en est fier et la défend à travers son art. 

"Je veux sauvegarder notre identité. Ce n’est un secret pour personne, quand on était au collège on faisait tout pour se "blanchir" car on te disait : 'Pourquoi il a des lèvres si épaisses et ce nez particulier ? Pourquoi il parle avec cet accent martelé ?' Avec le collectif Son Batá, j'ai appris que la différence était une force et qu'il fallait la revendiquer. Je ne dois pas chercher à être moins noir ou moins afro pour faire partie du groupe. Je n'ai pas à effacer ce que je suis. On doit m'accepter tel que je suis."

Sa musique est également fondée sur des rythmes africains. L'un de ces défis avec son premier groupe Bantu, était d'utiliser un son traditionnel dit "Chirimia" originaire du département du Choco. Ce nom fait référence à différents hautbois ou chalémies, que l'on trouve en Espagne et en Amérique latine.

"Personne ne pensait que des gars de Medellín pourraient produire de la musique traditionnelle 'chirimia du Pacifique' ici, à Antioquia. Tout le monde pensait qu’elle était réservée aux personnes âgées. Nous, on a prouvé que non. Lorsque la musique est bonne et quelle est faite avec amour, elle est pour tous."

Le "Roi du corrinche"

Désormais, Bomby continue sa carrière en solo. Celui qui rêvait de faire bouger les foules comme ses idoles, les chanteurs Juanes, Snoop Dogg, Busta Rhymes, Michael Jackson ou Beyoncé, a atteint son but. Son succès Estamos melos-sisas sisas (On est bien, Si, Si) résonne dans Medellín et dans toute la Colombie. On le surnomme désormais le "Roi du Corrinche".

"Corrinche signifie la fête, profiter de la vie, la joie, être bien avec soi-même ; ou comme je le dis dans ma chanson : Estamos melos-sisas sisas. Je voulais créer un langage propre avec toutes mes racines, tous mes goûts et tout ce que je suis. Je ne peux pas m'enfermer dans un seul genre musical. Il y a de la musique traditionnelle du pacifique, toutes les sonorités d'Afrique qui m'inspirent, du reggaeton, du dance hall, du trap et plus. J'aime aussi danser. Je le dis dans ma chanson : Nous sommes heureux, nous aimons danser et que nous savons danser et tout le monde sait que cela a commencé en Afrique."

Une carrière en pleine ascension

En juillet, Bomby a sorti son nouveau single Belly Dance. Il a surpris le monde avec des tubes comme Baila como nigga. Cette année, sa musique est l'hymne d'un des plus grands festivals de la tradition colombienne : "La feria de las flores" (la fête des fleurs). La chanson se nomme Yo te quiero Medellín, (Je t'aime Medellín).

Dans une ville où plus de 10% de la population est afro, sa représentation au sein des artistes de la feria est une grande victoire culturelle. Il faut dire que les discriminations et le racisme contre les Afro-Colombiens sont toujours présents dans la société. La musique a été pour beaucoup un exutoire et une manière d'effacer les préjugés. Bomby fait partie de ces artistes créatifs et militants pour la culture afro-colombienne. "On doit vivre et non survivre. Il faut vivre sa vie et faire ce qu'on aime."

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