Alé Kumá, groupe de la Cumbiáfrica
Depuis plus de 30 ans, le groupe Alé Kumá, originaire de Bogota, vit aux rythmes des sonorités afro-colombiennes et de la culture des peuples autochtones de Colombie. À maintes reprises, des artistes de tous horizons ont fait évoluer sa musique dite "latin house". Son fondateur, Leonardo Gomez, nous résume sa trajectoire à l’occasion de la sortie d’un nouveau titre Jabali.
En Colombie, Leonardo Gomez est connu pour ses performances de contrebassiste et pour la création du groupe Alé Kumá. À 51 ans, ce Bogotanais ne cesse d’innover et d’explorer la musique afro-colombienne. Sa soif de nouvelles sensations musicales l’a mené jusqu’en Europe.
C’est dans son appartement à Séville en Espagne qu’il nous raconte les débuts de l’aventure. Il y vit depuis cinq ans. "En voyage à Bruxelles, j’ai visité le quartier congolais où j’ai eu l’honneur de rencontrer le guitariste congolais Dizzy Mandjeku, une légende. On allait travailler ensemble, mais la pandémie a tout bloqué. Alors, j’ai commencé à travailler avec des DJs house et en particulier l’afro-house et la musique électronique."
L’amour pour la musique afro-colombienne
Deux régions colombiennes concentrent un panel sonore qui intéresse Leonardo Gomez, la région du Pacifique et celle des Caraïbes. Même chose pour sa femme, Lina Rojas, qui est aussi la chanteuse du groupe. L’héritage de la diaspora africaine de Colombie représente donc le cœur de leur musique.
Pour Leonardo, "Alé kumá met l'accent sur les musiques métisses d'influence africaine, allant de la cumbia au fandango, en passant par le porro, le bullerengue de la côte Caraïbe, jusqu'au currulao, l’aguabajo, la juga, ou le tamborito du littoral pacifique colombien."
"Les Colombiens sont le produit d’un métissage. Donc, aimer la musique afro-colombienne n’est pas liée à la mélanine, vous savez ! J’ai choisi cette musique, car la musique afro me parait passionnante, sophistiquée, complexe, savoureuse, agréable et pleine de joie. Elle intéresse tous les musiciens. C’est un challenge de la pratiquer."
"La Cumbiafrica est le lien ancestral entre la Colombie et l’Afrique"
Cet héritage afro-colombien a mené le groupe jusqu’à ce qu’on nomme aujourd’hui’ "la Cumbiáfrica". "La cumbia est comme un chaînon manquant de la musique. On manque d’information. On a du mal à enquêter sur elle parce qu’elle n’est pas issue d’un courant folklorique unique. C’est une série de nuances de plusieurs genres : il y a cumbia avec accordéon, il y a cumbia avec canne de millo, cumbia avec gaïtas, cumbia avec seulement des tambours, cumbia de salon. Et c’est un genre qui s’est répandu dans toute l’Amérique du Sud et chaque pays lui a ajouté sa touche."
"Pour nous, la Cumbiafrica est comme un mouvement. Ce n’est pas un rythme ponctuel. Elle s'avère être une icône, une marque de la musique colombienne. La Cumbiafrica est le lien ancestral entre la Colombie et l'Afrique."
Un bullerenque intitulé Jabali
Le groupe Alé Kumá mêle les chants traditionnels colombiens à la guitare, le saxophone et la contrebasse, des instruments très enracinés dans la musique populaire du pays andin, tout comme le marimba, la gaïta et les percussions. Tous ces instruments sont des contributions africaines à la culture musicale colombienne.
La dernière chanson du groupe est un bullerenque intitulé Jabali. Lorsque nous rencontrons Leonardo, elle vient d’être présentée au public. "C’est une reprise d’une chanson que j’avais sortie en 2006, mais cette fois avec deux producteurs français, Ben Carter et SIRØB".
"Le nom Alé Kumá vient d’une danse traditionnelle des Indiens Guahibos, peuple autochtone de l'Est colombien, qui symbolise les retrouvailles et l'union familiale et se traduit dans la langue de cette communauté par une 'union sans rupture'". Cette année, le groupe fera vibrer cette union en tournée en Italie, en Albanie et en France, car il prépare un nouveau projet musical avec un label français.