Air
La musique électronique française bénéficie d'un courant de sympathie sans précédent en Grande-Bretagne. Au point qu'on a vu récemment un DJ anglais se faire passer pour français sous le nom de Rythmes Digitales, espérant s'attirer les bonnes intentions de la presse insulaire.
Un air d'outre-Manche
La musique électronique française bénéficie d'un courant de sympathie sans précédent en Grande-Bretagne. Au point qu'on a vu récemment un DJ anglais se faire passer pour français sous le nom de Rythmes Digitales, espérant s'attirer les bonnes intentions de la presse insulaire.
Alors que le duo réfute l'appellation DJ, The Face, magazine musical spécialisé, les associe dans son numéro de janvier à Motorbass, Dimitri From Paris et Daft Punk. Il est vrai que selon le responsable du département export de Virgin, Thierry Jacques, plusieurs simples ont été distribués "par le service export auprès de magasins spécialisés prescripteurs auprès des DJs. Cette association (peut-être à tort) afin de mieux cerner la spécificité française, ne fait pas de Air "the new Daft Punk". Arena, autre magazine spécialisé, précise même qu'il ne faut surtout pas les appeler ainsi. Il est vrai que si ces groupes ne jouent pas dans la même cours - le duo propose une musique électronique plus "down tempo", à mi-chemin entre la pop et l'électronique -, ils sont toutefois originaires en majorité de la même ville, Versailles, commune située en banlieue parisienne.
"Si vous aimez l'album, vous allez adorer son élégance assoupie. Si non, vous allez esperer qu'on vous envoie "Moon Safari" sur la lune avec un billet aller-simple" (Ear Wax)
Le succès de Air ne tient pas seulement à une vague musicale. Le magazine Muzik - qui lui consacre une page et le nomme album du mois de janvier - écrit que les trois simples précédents du groupe sont quand même les "Trois des meilleurs disques de l'année" (l'article fait référence à "Modulor", "Casanova 70" et "Le soleil est près de moi", titres sortis sur des compilations SourceLab). Le "Casanova 70" est rapidement gratifié de l'appréciation honorifique de "single of the week" par le New Musical Express début 1996. Leur nouvel album "Moon Safari" ne peut être alors que "Tout ce que les fans d'Air auraient pu souhaiter". Björk et Massive Attack sont même conviés à soutenir la comparaison. Air est à la mesure d'un grand groupe anglais. N'a-t-il pas travaillé également pour Depêche Mode ou Neneh Cherry ?
"Moon Safari" devient alors le "paradis vocodé des années 70" pour Ear Wax. Les références aux années soixante-dix conviennent aussi bien à Electric Light Orchestra qu'à Serge Gainsbourg. "L'homme à la tête de choux", toujours en vogue outre-Manche - Mick Harvey a consacré deux albums à des adaptations en anglais de plusieurs de ses titres - voit la réhabilitation en fanfare de son opus "L'histoire de Melody Nelson".
Si la presse spécialisée musicale anglo-saxonne insiste sur les ramifications musicales, la presse grand public n'oublie pas Paris. Dimitri From Paris (qui s'est fait connaître en partie grâce au club londonien Ministry of Sound) esquisse "the parisian life" dans son dernier album "Sacrebleu", ce qui renforce cette image de la Cité des Lumières, premier "sound sculptors" auquel est rattaché Air. "Puisque Air est français, nous pouvons envoyer des invitations avec le mot "soirée" imprimé dessus sans avoir l'air prétentieux". Ainsi l'album est retenu comme un objet ayant été conçu "conçu à Montmartre, le quartier artistique de Paris". Le Sunday Times félicite la musique électronique française "Dans le passé, on s'est vraiment moqué de la pop française mais maintenant grâce à Air et Daft Punk, tout le monde danse dessus".
"Potentiellement, un des albums-phares de 98"
Air redéfinit à la grande joie des Anglais "les règles de la musique pop et appartiennent au 21ème siècle". Les simples "Sexy Boy" et "Le voyage de Pénélope" sont annoncés comme des "plateformes de lancement pour accéder aux lieux dont les producteurs anglais et américains peuvent seulement rêver". L'album est même assuré d'être le "nouvel album remarquable qui fait partie de l'excellente musique en train de traverser la Manche". Cité constamment comme le meilleur album du mois de janvier, alors qu'il n'est sorti que le 19 janvier, le Times en fait même un "des possibles alubms phares de 98". La presse spécialisée comme le New Musical Express ou Dazed & Confused ne refuse pas les citations élogieuses.
Le mot de la fin revient, à Q-Magazine, qui en fait "la pop parfaite d'après-boîte…et une excellente étude sur "l'art du cool"".