AU CABARET DE NERY
La première de son tout nouveau spectacle, drôle et malin, a reçu l'accueil très enthousiaste du public avisé des Francofolies.
Nery, ex-VRP en liberté
La première de son tout nouveau spectacle, drôle et malin, a reçu l'accueil très enthousiaste du public avisé des Francofolies.
Echappé de la volière iconoclaste des loufoques Nonnes Troppo devenus VRP, voici Néry tel qu'en lui-même. Plus de grimages sur le visage, ni de bassine contrebasse, entre Pierrot lunaire et gamin diabolique, il brosse l'image d'un monde à la réalité crue, détaillé comme un cauchemar. Son spectacle se jouant du temps et des convenances on y entre naïvement. On y croit et on en sort plein de questions en tête. L'expressionnisme y rencontre le rock, la chanson, mais aussi les petits sons du quotidien, pour fagoter un joli cabaret malin.
Au cabaret magique de Néry, c'est d'abord l'enfant qui assemble des rails de chemin de fer en cercle dans la chambre. Puis, avec lui, on fonce dans la ligne droite qui mène au rêve d'infini, vers le pays où tout est permis. Au cabaret de Néry, la grande bourgeoisie en reçoit pour son grade. Il la chatouille où ça la gratte. Il l'écornifle et puis la gifle. Avec ses airs de magicien aux doigts mobiles en serpentins, il dessine des saynètes, établit des décors, trace des bruits familiers.
Il est bien là, son chien, jappant dans la pénombre du plateau. C'est bien lui l'animal à quatre pattes portant l'étrange nom de Têt, ou celui de Luigi, selon l'humeur du maître. Il est tous grognements, lui saute des deux pattes sur les épaules, le gratifie d'une magistrale "léchouille ", que l'aimable bipède reçoit avec cette habituelle satisfaction mêlée de répulsion : on est en public, que diable !…
Il n'y a pas de décors, mais tout est là, que l'on vit avec lui. Et l'on rit franchement. Et l'on grince des dents aux outrances insolites de ses visions cruellement désacralisées. Quand, par exemple, au sein de cette grande famille catholique de Beauvais, la naissance des nombreux enfants est réduite à une vilaine expulsion reproductrice, d'où toute notion d'amour est définitivement éradiquée.
Le chanteur enjôleur fait passer ses visions les plus noires comme les plus désopilantes avec beaucoup de talent, accompagné par les climats déstructurés d'une musique chaotique, jouée sur violoncelle, guitare électrique, clavier de piano ou d'accordéon, petite section de cuivres et chœurs, sans oublier les indispensables échantillonneur et minidisc. Un nouveau spectacle émouvant, drôle et malin, hautement recommandable, accompagné d'un CD 3 titres.
Contact : nery@lemel.fr
François Bensignor