Pierpoljak & Sinsémilia

Bob Marley est mort depuis 17 ans. Pourtant quelques 300.000 exemplaires de la fameuse compilation Legend se vendent chaque année dans l'Hexagone. Récemment un grand concert a eu lieu à Bercy à Paris rassemblant quelques grosses pointures du genre, Culture, Third World ainsi que les anglais de Steel Pulse. Le reggae made in France quant à lui, se porte plutôt bien. Après quelques années de règne rap, cette musique venue tout droit de la Jamaïque séduit les jeunes français.

Le renouveau du reggae en France

Bob Marley est mort depuis 17 ans. Pourtant quelques 300.000 exemplaires de la fameuse compilation Legend se vendent chaque année dans l'Hexagone. Récemment un grand concert a eu lieu à Bercy à Paris rassemblant quelques grosses pointures du genre, Culture, Third World ainsi que les anglais de Steel Pulse. Le reggae made in France quant à lui, se porte plutôt bien. Après quelques années de règne rap, cette musique venue tout droit de la Jamaïque séduit les jeunes français.

Originaire de Grenoble dans les Alpes françaises, le groupe Sinsemilia existe depuis 1990. Leur expérience de la scène les amène au bout de quatre ans à enregistrer un album auto-produit Première récolte. Tous les textes sont en anglais. Il se vend à 40.000 exemplaires, succès d'estime pour ce type d'album. Désireux d'être mieux compris et de faire passer des messages clairs et combatifs, ils optent pour des paroles en français sur le deuxième opus sorti en mai 98 et intitulé Résistances (Double T Music/Sony). Leur reggae énergique sert des textes militants comme le single extrait de l'album, La flamme qui dénonce le Front National, le parti d'extrême-droite. Sinsemilia incarne bien le renouveau de la scène reggae française, entre fidélité à l'esprit roots où l'on invoque Marley et préoccupations hexagonales.

Auteur d'un premier album en 96 enregistré "à la maison", Pierpoljak revient cette fois-ci avec Kingston Karma (Barclay) qu'il est allé concocter au studio Tuff Gong à Kingston avec le producteur Clive Hunt (lui-même !). Son parcours personnel est des moins conventionnels. Il est punk en 77, ce qui le pousse à aller faire un tour à Londres. Dans la capitale anglaise, il découvre le reggae, celui de Toots et de Desmond Dekker sans oublier évidemment Marley. Après quelques vagabondages et un séjour en prison, il prend la route des Caraïbes, devient équipier sur un bateau, puis revient en France où il commençe à sévir dans le milieu underground parisien. Deux titres sur la compilation de l'Earthquake Sound System Assis sur le rythme, posés sur la version (sur laquelle on trouve aussi Tonton David et Saï Saï) constituent les prémices de sa carrière discographique. Il signe ensuite un premier album sorti chez Barclay. Lui qui voyait sa vie mal engagée reprend confiance, surtout quand il commence à travailler avec Clive Hunt sur un remix de La Music. Pierpoljak le considère comme le Maître. C'est donc assez naturellement que Kingston Karma est réalisé avec lui pour une véritable leçon de reggae, avec LE son de Tuff Gong. Pas d'exotisme dans ce disque, plutôt un retour aux sources, réussi dans le cas de Pierpoljak.

Pierpoljak et Sinsemilia ne sont pas seuls à défendre une étiquette reggae. De toute façon, le ragga n'est pas loin et des groupes comme les Neg' Marrons, Saï Saï, voire même Massilia Sound System naviguent dans les mêmes eaux donnant ainsi à la France des allures et des odeurs d'île des Caraïbes.

PierPolJak Kingston Karma (Barclay)
Sinsemilia Résistances (Double T Music/Sony)