Jane Birkin

Depuis 30 ans, elle chantait du Gainsbourg, rien que du Gainsbourg. Qui aurait cru que Jane Birkin se laisserait séduire par des textes signés d'autres auteurs, d'autres musiciens que celui qui avait écrit un répertoire pour elle, rien que pour elle ? C'est chose faite avec un simple sorti en août et signé... Mc Solaar !

De Gainsbourg à Solaar

Depuis 30 ans, elle chantait du Gainsbourg, rien que du Gainsbourg. Qui aurait cru que Jane Birkin se laisserait séduire par des textes signés d'autres auteurs, d'autres musiciens que celui qui avait écrit un répertoire pour elle, rien que pour elle ? C'est chose faite avec un simple sorti en août et signé... Mc Solaar !

Depuis ses débuts de chanteuse à la fin des années 60 jusqu'à ces dernières années, la chanteuse et comédienne anglaise Jane Birkin n'avait chanté que des titres écrits pour elle par son époux (puis ex-époux), Serge Gainsbourg. Auteur et mélodiste de génie, Gainsbourg lui avait concocté un répertoire fabuleux, difficile à échanger contre un autre. Au détour de ses albums, on trouve bien d'autres noms dont Jean-Claude Vannier ou Alain Chamfort, mais jamais sans Gainsbourg.

Lorsque Serge Gainsbourg meurt en 1991, on se demande qui va pouvoir écrire pour elle. Sa voix fragile et singulière semblait faite pour ces compositions délicatement conçues sur mesure, de "Ex-fan des sixties" à "Amour des feintes". Après 91, Jane Birkin reprend inlassablement ses anciens titres, mais personne n'a l'idée de s'en plaindre. Ses interprétations sont bouleversantes et les nombreux concerts qu'elle donne de Londres à Paris font toujours salle comble.

Avec l'album "Versions Jane" en 96, Birkin fait un premier pas vers d'autres musiciens. Mais la collaboration se limite à réorchestrer d'anciens titres de... Gainsbourg. L'expérience est cependant une réussite et sa version de "La Gadoue" revue par les Négresses Vertes fait un malheur. Sur l'album, on trouve aussi les noms du jazzman Joachim Kühn, du compositeur serbe Goran Bregovic, du percussionniste sénégalais Dudu N'Diaye Rose ou du DJ Boom Bass, compagnon de platines de MC Solaar.

Pour son nouvel album "A la légère" (prévu en septembre 98 chez Mercury/Polygram), Jane Birkin fait le grand saut. Le nom de Gainsbourg disparaît des crédits. Mais à la place, on y trouve Alain Souchon, Laurent Voulzy, Françoise Hardy, Miossec, Gérard Manset, Alain Chamfort, Nilda Fernandez, Etienne Daho, Zazie, Marc Lavoine et Art Mengo ! Qui dit mieux ? Quant au premier extrait sorti depuis quelques jours, "Love Slow Motion", il est signé MC Solaar.
En écoutant ce nouveau titre de Birkin, on se prend à regretter le grand Serge. C'est sans doute injuste pour Solaar et son compositeur Zackman, mais la magie est absente. C'est dommage. Il reste tous les auteurs sus-cités pour redonner à l'album de Jane Birkin le niveau des précédents. D'un Souchon, d'un Art Mengo ou d'une Françoise Hardy, on peut s'attendre au mieux. Le suspense est entier. On en reparle à la rentrée...