De la house en acoustique

Un groupe français originellement signé par des Espagnols, enfin (re)connu grâce à son Mobilier

Rinôçérôse

Un groupe français originellement signé par des Espagnols, enfin (re)connu grâce à son Mobilier

Il est difficile de percer en France quand on fait de la musique instrumentale électronique. Bien sûr, il y a eu la vogue Daft Punk et Air, mais ils faisaient partie de la même région et ont sû créer une famille de fidèles.

Hors de la capitale parisienne, loin de Laurent Garnier et de ses afficionados, Rinôçérôse de Montpellier (ce nom fait référence à Gaston Duf un "poète" de l'art brut) sort de l'ombre. Les membres de ce groupe n'en sont pas à leur première expérience musicale. Dans les années 80, sous le nom des Maracas, ils cultivaient et nous offraient une pop aux influences sixties (particulièrement le Velvet Underground, les Small Faces et les Byrds) D'ailleurs, ils nous avaient gratifié d'un clip pastichant la Factory d'Andy Warhol.
Aujourd'hui, dans un genre nouveau - ils ont développé depuis cinq ans une passion pour la house music - Rinôçérôse peut se targuer d'avoir fait la première partie de Roni Size et son posse Reprazent au Bataclan à Paris (fin mai) et d''avoir ouvert le plus grand rassemblement français "officiel" d'amateurs de musique techno, Boréalis, à Montpellier (début août), leur ville natale.

En 1996, les Espagnols du label Elefant leur avaient donné la chance de se faire entendre. Deux ans plus tard, un nouveau mini-album, "Le Mobilier", signé en licence aux Disques du Crépuscule (distribué par PIAS) nous ouvre leurs portes.

Leur house fait appel à des instruments, des vrais : trois guitaristes sont crédités sur le mini-album et un des leaders ne se prive pas de nous faire entendre une vraie basse qui suit tous les morceaux. A première écoute, ils n'ont pas eu tort de remercier sur leur pochette un de leurs amis qui est au magnétoscope ! C'est une musique d'ambiance où les guitares psychédéliques créent des fonds sonores avec une basse vrombrissante pour asseoir ce petit tic tic d'une boîte à rythmes qui caractérise tant la house. Tous les titres de ce mini (cinq) sont d'ailleurs à l'image de nos oreilles durant l'écoute. Ainsi "Whawhaou" (le n°1) est notre premier sentiment mais quelle drôle de "Machine pour les oreilles" (n°5) nous ont ils offert. "Le Mobilier" (n°3) ne cache pas longtemps la forêt : ils sont bien français, "frenchies", entre Air et Daft Punk avec des intro qui pourraient faire penser à Motorbass. Et encore les influences rock ne manquent pas : sur le dernier morceau, la rythmique à la guitare sèche est très pop et une des mélodies jouée à la guitare s'apparentrait à un sample des Cure, less guitares psychédéliques ne sont jamais bien loin des Pink Floyds.

Drôle de bête où chacun reconnaîtra les autres. Machine à titiller les oreilles, "Le mobiler" est bien posé, la maison est jolie, nous avons été bien reçus, mais la soirée ne fait que commencer, n'est-ce pas ?

ERD

Rinôçérôse Le mobilier (Crépuscule France/PIAS) 1998