Koras 1998

L'Afrique a ses Victoires de la Musique, ou ses Grammy Awards (tout dépend de quel côté de l' Atlantique vous vous situez!). La troisième édition vient de se dérouler au beau milieu du désert sud-africain, à Sun City, le Las Vegas du continent africain et a récompensé la fine fleur des musiciens africains. Prix du meilleur artiste d'Afrique de l'Ouest, du meilleur arrangeur et du meilleur vidéo clip, l'ivoirien Meiway apparaît comme le grand triomphateur de cette édition.

Les artistes africains récompensés.

L'Afrique a ses Victoires de la Musique, ou ses Grammy Awards (tout dépend de quel côté de l' Atlantique vous vous situez!). La troisième édition vient de se dérouler au beau milieu du désert sud-africain, à Sun City, le Las Vegas du continent africain et a récompensé la fine fleur des musiciens africains. Prix du meilleur artiste d'Afrique de l'Ouest, du meilleur arrangeur et du meilleur vidéo clip, l'ivoirien Meiway apparaît comme le grand triomphateur de cette édition.

Le 5 septembre 1998, dans le Superbowl, la très symbolique salle de spectacles de Sun City en Afrique du Sud (elle fut boycottée du temps de l'apartheid par toutes les grandes stars américaines) s'est déroulée la troisième cérémonie des Koras, une manifestation récompensant des artistes de tout le continent.
Devenue au fil des éditions, une référence incontournable de l'Afrique anglophone, francophone et lusophone comme de la diaspora (elle est retransmise par MCM internationale, la BBC et RFI), les Koras ont un caractère particulier puisqu'elles sont l'œuvre non d'un gouvernement mais d'un individu : Ernst Covi Adjovi, homme d'affaires béninois installé en Namibie qui a financé sur ses fonds propres et avec l'aide de sponsors (Air Afrique, BMW, Coca Cola, Givenchy, etc.) et de la télévision sud-africaine SABC ce rêve un peu fou d'une manifestation de prestige à l'égale des Grammy Awards américains.
Par les moyens techniques, exceptionnels pour l'Afrique, employés pour sa diffusion télévisuelle (11 caméras), l'ampleur de son impact (500 millions de téléspectateurs à travers le monde) et la clarté des délibérations d'un jury contrôlé par huissier, les Kora Awards sont devenus un événement très attendu en Afrique francophone comme anglophone. La manifestation n'a cessé d'améliorer sa formule, organisant un vote par téléphone du public pour le prix du meilleur artiste d'Afrique centrale, et créé une ouverture vers le monde noir américain en ajoutant un prix pour les artistes de la diaspora afro-américaine.

Le pays hôte de plus en plus engagé
Terre d'accueil de la manifestation, l'Afrique du Sud jusque-là fermée aux autres musiques africaines, a vu grâce aux Koras son paysage musical évoluer. Ainsi, la SABC 2 a créé depuis six mois une émission musicale reprise au Botswana, en Namibie et au Kenya, faisant découvrir à travers des clips des artistes comme Koffi Olomide, Papa Wemba, Ismaël Lô ou Angélique Kidjo. La télévision panafricaine MNet quant à elle a décidé de créer une chaîne musicale, Channel O, qui diffuse une douzaine de programmes hebdomadaires sur la musique africaine et non africaine, dont une consacrée aux femmes et l'autre, Tribute, aux anciens. Essentiellement tournées vers la musique américaine, les maisons de production sud-africaines comme BMG SA s'intéressent aujourd'hui aux artistes francophones. Objet de vives polémiques au sein de la communauté artistique sud-africaine (en raison d'artistes furieux de ne pas être sélectionnés ou de ne pas avoir eu de prix), les koras ont en tout cas suscité un vif intérêt dans le pays de Nelson Mandela, qui confirme ainsi son ouverture progressive aux autres pays du continent.
Sylvie Clerfeuille (MFI)

Les lauréats des Koras 1998
Prix du meilleur espoir féminin : Jennifer Jones (Afrique du Sud)
Prix du meilleur espoir masculin : Omar Pene (Sénégal)
Prix du meilleur artiste d'Afrique du Nord : Iness Mezel (Algérie)
Prix du meilleur artiste d'Afrique centrale : Koffi Olomide (RDC)
Prix du meilleur artiste d'Afrique de l'Ouest : Meiway (RCI)
Prix du meilleur artiste d'Afrique australe : Ringo (Afrique du Sud)
Prix du meilleur arrangeur : Meiway (RCI)
Prix du meilleur vidéo clip : Meiway (RCI)
Prix du meilleur artiste/groupe africain : Juluka (Afrique du Sud)
Prix du meilleur artiste masculin : Ringo (Afrique du Sud)
Prix de la meilleure artiste féminine : Iness Mezel (Algérie)
Prix du meilleur artiste de la diaspora afro-carribéenne et européenne : Jean-Luc Alger (Martinique)
Prix du meilleur artiste de la diaspora afro-américaine : Boyz II Men (USA)
Prix du meilleur artiste traditionnel : Ebawade (Bénin)
Prix d'honneur pour l'ensemble de sa carrière : Cheikh Modibo Diarra, astronaute, responsable du programme Explorer de la Nasa. Envoyé sur les missions Magellan, Venus, Mars.