Alpha à la plage
Le Rasta-pouë est de retour! Après un détour par Kingston, Jamaïque où il a enregistré son nouvel album "Yitzhak Rabin" avec le producteur jamaïcain Clive Hunt (qui a produit Jimmy Cliff, Khaled, Lavilliers), Blondy était sur l'île de Porquerolles la semaine passée pour le tournage de son nouveau clip "New Dawn", produit par son distributeur français, Une Musique, filiale de la puissante chaîne de télévision française TF 1. Ambiance!
Une journée à la plage avec Alpha Blondy
Le Rasta-pouë est de retour! Après un détour par Kingston, Jamaïque où il a enregistré son nouvel album "Yitzhak Rabin" avec le producteur jamaïcain Clive Hunt (qui a produit Jimmy Cliff, Khaled, Lavilliers), Blondy était sur l'île de Porquerolles la semaine passée pour le tournage de son nouveau clip "New Dawn", produit par son distributeur français, Une Musique, filiale de la puissante chaîne de télévision française TF 1. Ambiance!
Porquerolles, neuf heures du matin. Un nuage de poussière suit la camionnette et la vieille R4 transformée en pick-up qui viennent de s'engager sur la piste rocailleuse. Direction la plage d'Argent et son sable blanc. Les charmes de cette petite île, située à quelques encablures de Toulon, n'ont pas échappé à Alpha Blondy, arrivé deux jours plus tôt pour le tournage du clip de " New Dawn ", premier single de son nouvel album " Yitzhak Rabin ". " On se croirait vraiment dans les Caraïbes. Je comprends pourquoi les Français cachent cet endroit ", commente-t-il d'un air amusé. " Il va vite falloir devenir milliardaire pour s'acheter une maison comme celle-ci ", continue-t-il en regardant le restaurant de la plage que l'équipe du tournage a investi pour en faire le QG de la journée.
Il a à peine le temps de boire le café servi par la maquilleuse qu'on l'appelle déjà : " Alpha, la jeep est là ". En regardant le chanteur s'asseoir au volant, son manager Kone Dodo glisse : " Si ce n'était pas pour les besoins du clip, il aurait refusé de la conduire. Il déteste passer les vitesses, il ne veut que des boîtes automatiques ". Mais Alpha ne fait aucun caprice. On lui demande de débouler à toute vitesse face à la caméra et il fonce… en première ! Faisant plus qu'il n'en faut, il continue sa route jusqu'au milieu de la terrasse - en bois - du restaurant, visiblement heureux de ses facéties. " 'Ca va pas ? " lui adresse aussitôt le propriétaire des lieux, rouge de colère.
Acteur, il l'est au quotidien. Son premier surnom lorsqu'il était adolescent ? Elvis... Du rocker, il a gardé les bottes et le barreau de chaise. Le goût du déguisement et de la comédie. Pendant que les techniciens s'affairent, Alpha s'empare du reste de l'assistance pour raconter des anecdotes qui lui sont arrivées. Il se lève et mime les situations les plus cocasses en les décrivant dans son inimitable melting pot de français et d'anglais. Des histoires de joints et de flics. Dans le monde du reggae, c'est un scénario banal dont il en existe mille et une variantes. Mais avec le talent de narrateur d'Alpha, ça devient un véritable sketch.
[" C'était lors d'une tournée aux Etats-Unis, you know. On était sur l'autoroute et tout le monde fumait tranquillement dans le car. Soudain, le chauffeur a vu un policier qui lui faisait signe de s'arrêter (il grimace). Là-bas, il ne rigolent pas avec ça. On a tous… (il fait semblant d'écraser un mégot avec ses bottes ) essayé de cacher en vitesse nos joints. Et quand la porte s'est ouverte, un gros nuage de fumée s'est échappé. Le flic a dit :
- Shit, qu'est-ce qui se passe ici ?.
- Monsieur l'agent, ce sont des musiciens. Ils sont en tournée. Ils viennent de Los Angeles et ils vont à San Francisco, a expliqué poliment le tour manager.
- Comment s'appelle le groupe ?
- Alpha Blondy. C'est du reggae. Il vient d'Afrique
- Jamais entendu parler. Je peux avoir un disque ?
- Oh oui, bien sûr. Prenez-en plusieurs si vous voulez
On lui a donné, et puis il nous a laissé repartir. Mais qu'est-ce qu'on avait transpiré !
Sur la plage, en contrebas, le décor est enfin prêt. Au premier coup d'œil, en voyant toutes ces tables alignées sur trente mètres, on se croit invité au banquet d'un grand mariage. Mais que font donc là ces énormes statues de l'île de Pâques et ce bonhomme de neige entouré de plantes tropicales ? L'idée est en fait de promener Alpha Blondy dans toutes sortes d'ambiances et de paysages entre l'entrée et le dessert, situés aux deux extrémités de l'immense buffet. Il passe de la banquise à New York avec ses grattes-ciel reconstitués en maquette, puis s'enfonce dans les montagnes de grains de cafés dans lesquelles circule le train Nescafé, caresse au passage une naïade - le comédienne Shirley Bousquet - alongée sur le sable, saisit sa guitare qui sort de la mer pendant que deux stéréotypes du rasta exotique, l'un baldhead (chauve) et l'autre avec des dreadlocks, font semblant de gratter les cordes de leurs instruments en s'agitant, les pieds dans la Méditerranée. Un bébé, nu sur une fausse pelouse, doit tenir un planisphère, allusion à la pochette d'" Yitzhak Rabin ". Mais à chaque prise, il pleure ou refuse de jouer avec ce gros ballon, malgré toutes les simagrées que le réalisateur s'échine à faire.
Seule solution, le filmer séparément. Profitant de la pause, Alpha discute avec les vieilles connaissances qui ont fait le déplacement pour le saluer, signe des autographes, fait la bise à quelques touristes ravies. Il y a maintenant plus de cinquante personnes sur la plage, sans compter ce groupe d'handicapés mentaux qui a passé l'après-midi à observer sans oser s'approcher.
Un dernier plan sur Alpha et Shirley en plein tête à tête amoureux et c'est la fin du tournage. Il reste quelques minutes pour se féliciter, prendre une photo souvenir et échanger des adresses avant de passer à l'hôtel et d'embarquer sur un bateau taxi un quart d'heure plus tard. En un instant, toute l'animation qui régnait autour d'Alpha Blondy n'est plus qu'un souvenir. La plage est déserte, silencieuse. De la mer, on distingue encore le décor qui se dresse sur le sable. Comme un lointain mirage.