Mathieu Boogaerts

Avec son tout premier opus Super, publié voici deux ans, le jeune Mathieu Boogaerts avait su nous convaincre que son mélange de poésie aérienne et de sonorités enfantines était incontestablement aussi riche en octane qu'en oxygène. Comme les chansons de Murat, celles de Miossec ou de Dominique A, les compositions simplement déjantées de Mathieu projettent toute leur naïveté pour redéssiner le bleu, le blanc et le rouge de notre hexagonal horizon musical.

"J'en ai marre d'être deux"

Avec son tout premier opus Super, publié voici deux ans, le jeune Mathieu Boogaerts avait su nous convaincre que son mélange de poésie aérienne et de sonorités enfantines était incontestablement aussi riche en octane qu'en oxygène. Comme les chansons de Murat, celles de Miossec ou de Dominique A, les compositions simplement déjantées de Mathieu projettent toute leur naïveté pour redéssiner le bleu, le blanc et le rouge de notre hexagonal horizon musical.

Belge par son grand-père et nogentais depuis sa plus tendre enfance, c'est d'ailleurs sur ses bords de Marne, dans la cave familiale que Mathieu a installé le laboratoire secret où il expérimenté sa pop minimaliste.
Pourtant, contrairement à Super, intégralement enregistré seul à la maison, J'en ai marre d'être deux a été orfèvre en solo aux studios Tambourine à Malmö, au sud de la Suède, avec la complicité de l'ingénieur attitré des fameux Cardigans, Tore Johanson. Et ce nouvel album qui venait du froid, nous irradie paradoxalement de toute la chaleur de ses ballades simplistes, de ses sambas improbables ou de ses salsas désarticulées, carnets de voyages des Comores aux Indes en passant par la Nouvelle Orléans, recyclés dans la source vive de son imagination si naïve. Ce disque est une bouffée d'oxygène d'une incroyable pureté. Mathieu y assume seul la quasi totalité des instruments, à l'exception des cordes et des cuivres élégants, exécutés par les amis suédois de Tore.

De Sens, entêtante comptine de l'amour empoisonné saveur samba interprétée sur des instruments-jouets, à La bombe polka allègre, frénétique et dramatique comme une fanfare de cirque, en passant par la techno acoustique aux calembours hallucinés à l'allitération de Bill ou encore par la reprise fatalement minimaliste du Billy Jean de Michael Jackson, interprétée en pur lavabo entre Dylan et Dick Annegarn, son dernier camarade de tournée, Mathieu Boogaerts nous en fait décidément voir de toutes ses couleurs pastels pour nous scotcher définitivement dans son univers tapissé de dessins d'enfants et d'utopies en feux d'artifices.

Gérard Bar-David