Nougaro débouche la Champagne

Le festival des Nuits de Champagne à Troyes (Aube) était consacré à Claude Nougaro. Chaque année ce festival thématique invite un artiste à faire sa propre programmation avec les artistes qu'il aime. Rien d'étonnant donc à ce que le petit taureau ait invité le Golden Gate Quartet, Bernard Lavilliers et une bonne partie du pays toulousain : Zebda, Fabulous Trobadors, Jehan ou les Femmouzes T.

Le petit taureau effervescent, héros des Nuits de Champagne à Troyes.

Le festival des Nuits de Champagne à Troyes (Aube) était consacré à Claude Nougaro. Chaque année ce festival thématique invite un artiste à faire sa propre programmation avec les artistes qu'il aime. Rien d'étonnant donc à ce que le petit taureau ait invité le Golden Gate Quartet, Bernard Lavilliers et une bonne partie du pays toulousain : Zebda, Fabulous Trobadors, Jehan ou les Femmouzes T.

RFI Musique : Quel effet cela vous fait-il d'être le héros de la fête ?
Claude Nougaro :
Je sors de deux concerts successifs. Cela fait une pesante fatigue qui s'abat sur mes épaules. Mais je suis un peu le fil, la corde rouge de cette fête qui va de la galaxie rap avec Zebda jusqu'à l'opéra avec José Van Damme... Par conséquent, c'est une très lourde responsabilité que j'ai accepté en connaissance de cause. Ceci dit, je suis très content de l'accueil du public qui est très chaleureux avec moi, mais aussi avec tous les autres artistes que j'ai invité. Il y a tous ces jeunes et talentueux artistes qui sont venus et j'en suis très heureux : Les Femmouzes T, Fabulous Trobadors, je les estime et j'ai beaucoup d'affection pour eux.

Si on devait analyser votre "position" dans la chanson on pourrait dire que Brel c'était l'amour déchiré, Brassens : l'amour paillard, Gainsbourg : l'amour érotique et vous l'amour romantique. C'est fou le nombre de couples qui se sont aimés sur Tu Verras ou l'Ile de Ré...
Je ne crois pas être un chanteur romantique. Bien sûr, la femme tient une grande place dans mon répertoire et dans mon inspiration. Et je raconte de façon plus ou moins transposée le fil de ma vie, de chanson en chanson. Toutes les femmes qui ont traversé ma vie, mes bras, sont là. Elles s'égrènent comme les grains de perles d'un collier. La dernière rasade, c'est Hélène qui m'a inspiré quatre ou cinq chansons d'amour comme notamment Bras dessus, bras dessous ou Les Pas. Ce sont des chansons d'amour. Je suis tout de même un occitan, un chanteur du sud. Et j'appartiens à cette génération de troubadours pour qui la femme était vraiment le principe même de l'hymne, de la prière, du désir. Mais les troubadours ont également inventé l'amour courtois. L'amour dans l'espace, c'est à dire avec les yeux. J'étais susceptible de te faire un enfant simplement en te regardant.

Et alors, vous avez beaucoup fauté ??
Je n'ai pas fait des enfants qu'avec les yeux, heureusement. (rires)

Vous avez rendu de nombreux hommages dans vos chansons à des artistes comme Marylin, Gainsbourg, Audiberti ou, plus récemment, Renaud. Quel sera votre prochain hommage ?
Ce n'est pas en forme d'hommage que j'écris. Ce sont plus des chansons sur des gens, des hommes ou des femmes, qui m'ont touché. Comme si on appartenait eux et moi, non pas à une race de peau, mais à une même race mentale, vous voyez ? D'où cette Chanson pour le Maçon pour Jacques Audiberti. Et puis, comme Gainsbourg est également un personnage tout à fait fascinant, qui a traversé cette fin de siècle avec une écriture et un style érotique qui n'appartient qu'à lui, j'ai voulu lui faire ce petit hommage, au maître de "l'art mineur".

Pour ce festival de Troyes, on a pu voir beaucoup de jazzmen avec lesquels vous avez collaboré : Bernard Lubat et sa Compagnie, Richard Galliano et Aldo Romano, Maurice Vander qui vous accompagne toujours au piano...
C'est au gré de mes pas que j'ai rencontré ces artistes. Comme je suis un fan de jazz, je cherche, je vais à la rencontre des artistes qui m'inspirent. Le jazz a tenu une place essentielle dans mon répertoire parce que je me faisais accompagner par la fine fleur du jazz des années 60 : Pierre Michelot, André Ceccarelli, Bernard Lubat, toute cette bande... Puis, vint Galliano et son accordéon, qui est rentré dans cet orchestre. Pour moi son accordéon était un instrument que j'avais tendance un peu à dédaigner, mais qui a été ressuscité en France grâce à lui.

Si je vous dis : 69. Qu'est ce que cela évoque pour vous ?
Si j'étais Gainsbourg ce serait une année érotique évidemment. Mais malheureusement cela évoque plutôt mon âge puisque j'ai eu 69 ans le 9 septembre dernier. Je suis un 09/ 09/1929. Un carré d'as de neuf...

Sans vouloir vous porter la poisse...
(goguenard) Vous en êtes incapable ! (rires)

...à cet âge vénérable, il y pas mal de gens qui songerait à la retraite. Pas vous ?
Il m'arrive de penser que je suis évidemment au terme d'une carrière qui a quand même été assez longue. J'ai traversé pas mal de modes et de déserts. Le parcours du combattant d'un artiste parmi tant d'autres... Pour l'instant, ma foi, je ne pense pas à prendre ma retraite. Hier, j'ai commencé une chanson qui s'appelle la Retraite au flambeau on va voir ce que ca va donner... Ca va faire un peu de lumière dans la nuit. (rires).