Miossec

Trois albums plus tard, Christophe Miossec confirme qu'il faudra désormais compter avec lui dans le petit monde de la chanson.

A prendre ou à laisser.

Trois albums plus tard, Christophe Miossec confirme qu'il faudra désormais compter avec lui dans le petit monde de la chanson.

Elle n'en finit pas de se renouveler, la chanson française ! A peine digère t-on la première vague des Dominique A, Mathieu Boogaerts ou M que débarquent les Alexandre Varlet, Gérald Toto ou encore Franck Monnet.

Dans cette tempête sous crâne de jeunes prodiges, Miossec, lui, pose patiemment ses albums comme les pierres d'un dolmen. Et tous, de l'observer, ce taulier de la maison underground, édifier patiemment, savamment sa hutte de marginal flamboyant. Tous les éléments sont là : le succès d'estime, les éloges de la presse spécialisée et les vivats d'un public qui s'est entiché du breton râblé. Même le gotha du show-biz l'a adopté l'espace d'une avalanche sur le dernier album de Jane Birkin. Jane B., bien inspirée finalement d'avoir mis une bulle d'oxygène dans son dernier album léger, léger…

Ce sera donc "A Prendre". Après "Boire" et "Baiser", le roi de l'infinitif est à prendre. Pas avec des pincettes, juste avec des oreilles bien ouvertes. Musicalement, les guitares acoustiques ou saturées sont toujours les deux bases de Guillaume Rouau, le guitariste fidèle. Quelques boucles de samples de violons de-ci, de-là… Mais ce sont surtout les textes de Miossec qui charpentent les chansons.

Ruptures

Dès l'ouverture de son troisième album avec son "Chien Mouillé", Miossec confirme qu'il n'a pas son pareil pour hanter franchement ses lâchetés, susurrer généreusement ses petites mesquineries, revendiquer ses travers balourds qui ressemblent étrangement aux nôtres. Pour s'en convaincre, il n'est que d'écouter "le Déménagement", historiette d'une rupture mal digérée. Une rupture qui vous danse la gigue sur les nerfs comme sur la porcelaine conjugale tant et si bien qu'à la fin, le service à thé redevient silice. Une séparation qui ouvre la porte à une trilogie bien menée "Retour à l'Hôtel" et de "L'Auberge du Cul Tourné", soit tous les éléments d'une vie qui sont là, dépiautés par la voix au scalpel de Miossec. Des sentiments mêlés et confus, brillamment résumés en trois titres, une poignée de phrases vitriolantes sur celui, celle, qu'on aime ou plus.

A ne pas laisser

Autre genre, autre thème : "l'Assistant Parlementaire", description pathético-ironique de celui qui avale les humiliations de son négrier, longues comme des couleuvres - avec le secret espoir, un jour d'en faire baver un autre à son tour. Dès que les électeurs le voudront bien… Bref, inchangé Miossec mais toujours fidèle à son poste de parolier torturé. Et l'auditeur, à priori, est toujours heureux d'y retrouver ses repères comme quand on cherche tard le soir, un bar accorte qu'on connaît bien pour y noyer son chagrin.

Miossec "A Prendre" (PIAS) 1998