FRENCH TOUCH A NYC

(De notre correspondant à New York)

L'oeil américain

(De notre correspondant à New York)

Vu d'ici, 1998 aura été une année franchement intéressante pour les Français et la musique française. On s'en souviendra comme l'année de la victoire française lors la Coupe de Monde de Football, mais surtout comme l'année où la France a vu la merveilleuse diversité de sa musique exportée et promue avec succès chez nous, aux Etats-Unis. Le Perrier La French Touch Festival qui a eu lieu du 19 au 21 novembre dans le club très new-yorkais de la Knitting Factory n'a fait que confirmer l'engouement de plus en plus solide de mes compatriotes et de moi-même, pour la production musicale française.

C'est par l'intermédiaire d'un correspondant de Radio France Internationale que j'ai découvert la musique française l'an dernier à New York. On m'avait déjà parlé de la tournée d'Arthur H au printemps 98. J'avais écouté les CD's de ce "Tom Waits français", mais sans pouvoir le voir puisque malheureusement, il ne passait pas à NYC. Un ami de Washington a eu l'occasion d'aller jeter ses oreilles américaines sur le spectacle et d'en revenir hautement séduit.

La musique "made-in-France" étant relativement peu connue aux Etats-Unis, il n'est pas si facile de faire sortir les gens de chez eux pour aller écouter cette musique qui n'est pas diffusée en boucle sur MTV ou sur les radios les plus commerciales. De plus, Arthur H s'est marié lors de son spectacle de Los Angeles ce qui ajoute une indéniable et irrésistible "French Touch" à l'ensemble.

L'été dernier, j'ai eu l'occasion d'assister au festival francophone Vive la World! dans Central Park et de découvrir une autre forme de musique française par le biais des groupes présents, Taÿfa, l'Orchestre National de Barbès et surtout Rachid Taha dont j'écoute fréquemment les disques depuis. Le spectacle rendait de façon brillante toutes les influences arabes (et autres) dans la France d'aujourd'hui. L'immense foule présente dansa et se balança joyeusement toute la journée sous le ciel estival de Manhattan.

Quand l'équipe de RFI Musique me demanda d'assister au Perrier La French Touch Festival à la Knitting Factory de New York le samedi 21 novembre afin de donner un avis côté américain sur l'événement, je fus très flatté de m'exécuter. Après avoir quitté New York il y a deux ans pour la tranquillité provinciale, je me replongea donc dans les embouteillages du samedi soir afin de trouver une des rares places disponibles près de la Factory en plein Soho. J'arrivai donc un peu "13NRV" au club pour me plonger dans le concert funky de... 13NRV. A première vue, l'ensemble me semblait peu inspiré et surtout peu original. Jusqu'au moment où surgit la guitare solo de Ron Smith, pas français pour un sou, mais natif du New Jersey ! D'une certaine façon, il mit le groupe en valeur et je vis soudain tout autre chose, un ensemble plus concis, beaucoup plus funky, plus précis, plus au point. On retrouvait une influence évidente de Frank Zappa ou de Funkadelic adapté façon années 90. La scène était plutôt étroite pour eux et les 11 membres du groupe n'avaient guère de place pour bondir autant qu'ils l'auraient visiblement souhaité. Chacun y a été de son solo et… le spectacle finalement excellent a fini largement en retard.

Au cours d'une petite conversation avec Ron Smith, j'ai appris qu'il avait vécu 8 ans à Paris où il travaillait comme musicien. J'étais très surpris quand il m'a dit qu'il connaissait 13NRV depuis plusieurs années mais qu'il jouait pour la première fois avec eux ce soir-là.

Après 13NRV, je suis descendu dans une autre des quatre salles de la Factory, un bar du sous-sol, plus intimiste, plus jazz. La formation qui était sur le point de commencer s'appelle le Jazzy Bell Project, un quintet trip-hop-jazz, qui contrastait parfaitement avec le style très étudié de 13NRV.

Jazzy Bell Project a été formé il y a un an et demi par deux Français résidants à New York depuis 10 ans, Jezzabel Kipp et Laurent Medelgi. Ils ont enregistré leur premier album, "Downtown Brooklyn", après seulement trois mois d'existence. Le groupe a connu plusieurs changements avant de trouver sa forme définitive, le duo. Puis Jezzabel et Laurent ont pas mal tourné dans New York ces derniers mois et retrouveront les studios le mois prochain pour un second CD, "John Glenn's Voyage" qui devrait sortir au début de l'année suivante.

Soirée très chaude et très variée donc sur Leonard Street pour l'ultime journée de ce très réussi et très instructif French Touch Festival. Peut-on espérer une seconde édition l'année prochaine avec peut-être une programmation qui explorerait d'autres facettes de la production française, assurément riche en surprises. Je verrai bien quelque chose plus "chanson" ou plus "World".

Bop Tweedie

Merci à Emmanuel Morlet, attaché culturel délégué à la musique, à l'Ambassade de France à NYC.