BRUNO PELLETIER

Depuis quelques mois, la France a découvert une nouvelle voix venue du Québec et dont l'intensité ne laisse pas les (nombreux) spectateurs de la comédie musicale "Notre-Dame de Paris", indifférents. Parcours d'un homme secret.

L'autre voix

Depuis quelques mois, la France a découvert une nouvelle voix venue du Québec et dont l'intensité ne laisse pas les (nombreux) spectateurs de la comédie musicale "Notre-Dame de Paris", indifférents. Parcours d'un homme secret.

Né le 7 août 1962 dans la petite ville de Charlesbourg, Bruno Pelletier est de la classe des autodidactes. Il a très rapidement développé ses talents de compositeur et d'interprète dans divers petits groupes anglophones avant de fonder un groupe francophone, Pëll, avec lequel il a fait la tournée des bars et autres clubs de la Belle-Province. Toutefois, il faudra attendre encore quelques années pour que le futur vainqueur du Félix Interprète Masculin de l'année 98 soit découvert.

Une fois de plus, c'est Luc Plamondon qui repère le jeune artiste. De concours en tournées, de spots publicitaires en travail de troupe, Pelletier se forge une expérience riche et solide. En 1992, il se joint à l'équipe de la nouvelle comédie musicale du tandem Plamondon-Berger, "la Légende de Jimmy", pour jouer l'un des rôles principaux. Parallèlement, sort son premier album éponyme qui connaît un succès certain auprès de la critique mais dont il doit arrêter la promotion pour se lancer dans l'aventure de "Starmania" version 94. Il y tient le rôle très exigeant de Johnny Rockfort.

Très vite, Pelletier enregistre "Défaire l'amour", son deuxième album dont le succès fait de Bruno un des grands noms de la chanson québécoise. Désormais incontournable, il est de tous les festivals d'ici et de France et brille entre autre aux Francofolies de La Rochelle. Son talent est désormais reconnu et ses prestations dans les deux œuvres musicales de Plamondon lui ouvrent une nouvelle porte, celle de la comédie. Il apparaît dans la seconde saison de "Omerta II", une série télé très populaire dans laquelle il interprète un petit mafioso du milieu montréalais.

Le lancement du troisième album "Miserere", lui vaut la consécration et la reconnaissance d'un public de plus en plus large comme en témoignent des ventes dépassant les 125.000 copies. Sa voix explore de nouvelles sphères, en particulier dans la chanson titre de l'album qui en quelques semaines le propulse en tête des palmarès et cela, en dépit d'une collaboration mitigée des médias qui jugent la chanson trop classique. Pourtant, si "Miserere" se fait l'écho d'une voix exceptionnelle, il est aussi remarquable par ses mélodies très sophistiquées et des textes évocateurs.

Depuis neuf ans, son destin est lié à celui de Plamondon et chaque album a été suivi d'un rôle dans une des œuvres de ce dernier. Cette fois-ci encore, la maîtrise est la même et lui permet de servir un nouveau grand rôle. En effet, depuis septembre dernier, il brûle les planches du Palais des Congrès à Paris avec le personnage de Gringoire dans "Notre-Dame de Paris", tirée du roman de Victor Hugo, et adapté pour la scène par Plamondon et Richard Cocciante. L'énorme succès de ce nouveau spectacle permet à Bruno de percer en Europe d'autant plus que l'album s'est déjà écoulé à plus d'un million d'exemplaires grâce au titre "le Temps de Cathédrales", qu'il interprète d'une voix de maître.

Il devrait revenir sur scène pour une grande tournée dès le mois de mai 99, à moins que le succès de "Notre-Dame de Paris" ne le retienne encore loin du Québec.

Pascal Evans