AMOK
Dans le Petit Journal de RFI Musique, nous n'avons pas souvent parlé de rock et encore moins de hard rock. Mais il y a un début à tout ! C'est donc au Québec, exactement dans l'Outaouais à la frontière de l'Ontario, que nous allons faire un petit voyage pour rencontrer les quatre membres du groupe Amok dont le hard rock en français nous a séduit. Parcours d'un groupe qui se fait plaisir…
Rock dur au Québec
Dans le Petit Journal de RFI Musique, nous n'avons pas souvent parlé de rock et encore moins de hard rock. Mais il y a un début à tout ! C'est donc au Québec, exactement dans l'Outaouais à la frontière de l'Ontario, que nous allons faire un petit voyage pour rencontrer les quatre membres du groupe Amok dont le hard rock en français nous a séduit. Parcours d'un groupe qui se fait plaisir…
Amok ? Kezaco ?
Si on en croit la définition que donne leur site (adresse ci-dessous), Amok est un mot malais qui qualifie quelqu'un atteint de folie meurtrière ! Wow !! Pas de panique cependant ! Amok n'a rien d'un groupe de métal au look cuir et cheveux jusqu'au nombril piercé (enfin le nombril piercé, je ne sais pas…). Amok, c'est quatre garçons qui, après quelques autres expériences (hard) rock, ont créé ce quatuor électrique. Rock ou hard rock selon les titres, leur style fait la synthèse de nombreuses influences qui slaloment entre leurs goûts respectifs, du blues de Muddy Waters à la pop des Beatles en passant bien sûr par le métal le plus hardcore de Metallica. Mais outre cette diversité, ce qu'on aime chez Amok, ce sont leurs textes en français (pas si fréquent dans cette branche du rock) et leur sens de la mélodie.
Amok a la vie d'un groupe de rock alternatif et indépendant : beaucoup de scènes locales et un album auto-produit dès 96 ("Enfin…"). Pas de maison de disques (c'est en cours…) mais de la rage à revendre pour se faire connaître.
Vous voulez en savoir plus ? Continuez la petite visite avec cette entrevue dans laquelle Daniel (Dan) Lagacé, bassiste du groupe, s'exprime au nom de ses compères, Michel (Mike) Gaudet, Eric (Fi) Fillon et Enric (Gringo) Proulx. Paroles :
RFI Musique : Amok est né de la disparition d'un autre groupe, Porc Bleu. Le style musical était le même ?
Amok : Porc bleu était à la fine pointe de la vague grunge/punk (Nirvana, Ramones) avec une structure musicale simple : chansons courtes, trois accords, textes très politiques ou simplement comiques. L'exemple parfait c'est le titre "Randonnée pédestre" sur notre album "Enfin..". Nous chantions aussi en français.
Vous êtes tous de la même région. Vous jouiez ensemble depuis longtemps avant de sortir votre CD ?
Etant déjà tous familiers avec le hard, Amok a travaillé deux ans avant d'entreprendre un tel projet. Depuis l'arrivée d'Enric (à la batterie) dans Porc Bleu, nous avons établi une vraie complicité, un vrai contrat de mariage. Il va sans dire que si un des membres du groupe décide de partir, le divorce serait inévitable… Tous pour un !!
Avez-vous une formation musicale ? Et quels sont les artistes qui vous ont fait découvrir (et aimer) le rock ?
Aucun membre d'Amok n'a de formation musicale. Nous avons tous appris "à l'oreille". Un 6ème sens ?… Quant à nos goûts musicaux, il est évident qu'ils ont évolué depuis l'époque où on n'écoutait que les Beatles, Black Sabbath ou Metallica qui à l'époque étaient les seuls groupes au monde pour nous. Maintenant, on écoute du blues, du jazz, du rock alternatif, du punk, de l'industriel, tout sauf de la country !!!.
Vous décrivez vous comme un groupe purement hard rock ? Parce que dans vos titres, on trouve toutes sortes d'influences rock FM, jazz ou punk ?
En dépit d'un noyau commun, la musique nous a tous touché d'une façon différente. On a tous des goûts différents qui se retrouvent réunis dans Amok.
Mais il y des influences inattendues comme cette ligne de basse électronique dans le titre "Amok" ?
J'avais composé le titre "Amok" pour apaiser ma crise face à l'industrie dance-music, le dit "boum-boum". En studio, nous voulions faire d'"Amok" une chanson différente, voire expérimentale. C'était une première expérience. Mais aujourd'hui, avec nos nouvelles connaissances, le résultat serait considérablement différent, plus rap/hip hop avec beaucoup de loops (boucles, ndlr). Pour nous, la musique électronique est pour le studio. Elle n'a pas d'importance sur scène… pour l'instant !
Dans le dossier de presse, on parle de "vieux son métal". Est-ce que pour vous, le "métal" est un son du passé ?
Pourquoi le "vieux son métal" ? Par goût seulement. On ne se fait pas les prophètes du métal des années 70-80. On est juste de simples musiciens qui avons "trippé" sur ce genre de son. On nous a souvent comparé à Helmet, un groupe des années 90 avec un son noir et lourd comme dans le temps. Donc en studio, on a juste mis l'accent sur ce genre de son.
Ce qui est intéressant, c'est que vous chantez en français. Mais au Québec, est-ce un choix politique ?
Composer en anglais, c'est facile. Mais en français, c'est pas aussi évident et là est le challenge. D'ailleurs, il est plus facile de manœuvrer dans le milieu en français car le marché commence à être exploité depuis les années 90. Maintenant, il faut convaincre le reste de la population d'encourager les artistes francophones en leur faisant comprendre que nous ne sommes plus dans les années 60-70 où on jouait que des covers, des versions traduites de titres américains. Le français est donc un choix personnel et non politique.
Est-ce que la scène hard est active au Québec ? Et quelle y est votre place ?
La scène hard est de plus en plus imposante et soutenue. Mais malheureusement, chez nous dans l'Outaouais, on favorise plus les chansonniers (les chanteux de bars) et le boum-boum (techno, ndlr). Presque pas le "live". Donc, c'est la raison pour laquelle, nous passons beaucoup de temps à établir des contacts avec Montréal, Québec et leurs environs, pour que nous puissions tremper nos pieds dans cette jolie scène.
Comment se passe l'écriture ?
On retrouve beaucoup de vécu dans nos textes, un vécu très propre à chaque auteur. Il est rare pour nous de composer un texte ensemble, un jumelage peut-être, mais pas plus. Nous sommes très respectueux des univers des uns et des autres. L'auteur de la chanson est celui qui la chante pour garder une authenticité envers les paroles et leur contexte. Dans une de nos nouvelles compositions ("Histoire de pêche") qui n'est pas sur le disque, nous avons tous collaboré au texte. C'est la seule et elle est plutôt drôle. Mais notre but n'est pas de faire rire, on n'est pas des bouffons, on tient au sérieux de nos textes. Il va sans dire cependant que nous ne voulons pas faire pleurer non plus ! Disons que l'on garde nos plaisanteries pour la scène. On a beaucoup de plaisir sur scène et ça se voit.
Il y a pas mal de plages instrumentales sur l'album ?
On est assez forts là-dessus parce que dans Porc Bleu, le chanteur du groupe composait ses propres textes, et nous quatre, nous ne nous occupions que de la musique. Donc au début d'Amok, il n'y avait encore pas de chanteur donc, pas de paroles. Maintenant, on écrit mais on a conservé cette habitude. Pour nous, la musique parle beaucoup plus fort que les paroles et ceci explique nos compositions longues et parfois complexes. Prenez par exemple la chanson "De tout et de rien". Zéro parole mais chargé d'informations. Elle a de la gueule !
La signification d'Amok et le logo qui rappelle une tête de mort (cf. photo) sont un peu contradictoires avec votre attitude et vos textes pas franchement tournés vers la violence. Est-ce qu'il faut avoir l'air méchant pour faire du hard ?
Je dois avouer qu'on a tendance à avoir un look méchant pour faire du hard. Mais dans notre cas, nous laissons la musique montrer ses crocs, pas nous. Le nom Amok était ma décision car dans ma première formation, l'Enfant Martyr, Amok était un des choix. C'était plus anglo-saxon. C'était aussi le nom de ma première composition avec l'Enfant Martyr (rien à voir avec le "Amok" de l'album) et elle était entièrement… instrumentale. Etant l'artiste de la formation, j'ai conçu le logo en pensant au psychologue avec ses cartes dessinées qui demande avec une idée derrière la tête :"Que voyez-vous dans ce dessin ?" et la réponse du patient :"Qu'une simple tache d'encre !!!!".
Où en est le tournage de votre clip ?
Notre super clip ?!! C'est présentement terminé. La chanson est "Tel père tel fils" et même si j'ai écrit le synopsis, on n'a pas encore vu le produit fini. Le réalisateur est en train de finir le travail.
Vous faites pas mal de scène ? Est-ce un bon tremplin pour se faire connaître ?
La plupart des spectacles d'Amok étaient d'abord des spectacles de charité (soutien aux défavorisés, aide aux toxicos,…) ou des concours musicaux. Mais toujours dans la région "marécageuse" de l'Outaouais. Récemment, nous avons joué plus pour nous à Ottawa et à Québec, mais c'est toujours bénévole. Quant à se faire connaître, on a moins envie maintenant de conquérir le monde que lorsqu'on était adolescents. Notre plaisir, c'est juste de jouer ensemble, jouer la musique qu'on aime. Notre disque était un rêve. Maintenant, si on nous signe, c'est certain que nous embarquons ! Avec notre répertoire, on n'intéresse pas trop les majors. En revanche, nous sommes actuellement en pourparlers avec un label de Montréal, Indica Records. Rendez-vous au printemps…
Entretien Catherine Pouplain
Pour ceux qui veulent encore en savoir plus sur Amok et se procurer leur album, il est recommandé de visiter leur site Internet.