Tinder Records au Midem

24 janvier 1999 - Le MIDEM, c'est la foire aux labels.
Au milieu de cette ruche dans laquelle se croisent allègrement reggae et musique baroque, un petit label américain TINDER RECORDS a attiré mon attention. Américain, me dites-vous ? Mais qu'est-ce que cela vient faire sur le site RFI Musique consacré aux musiques francophones ? ? Tout américain qu'il soit, ce label se consacre exclusivement à la world music, et plus précisément aux productions " made in France ". Voilà qui est fort intéressant, me suis-je dit, surtout dans un pays où on aime beaucoup les Français, mais où la vision des musiques francophones bloquent un peu sur Aznavour.

Label américain cherche world française

24 janvier 1999 - Le MIDEM, c'est la foire aux labels.
Au milieu de cette ruche dans laquelle se croisent allègrement reggae et musique baroque, un petit label américain TINDER RECORDS a attiré mon attention. Américain, me dites-vous ? Mais qu'est-ce que cela vient faire sur le site RFI Musique consacré aux musiques francophones ? ? Tout américain qu'il soit, ce label se consacre exclusivement à la world music, et plus précisément aux productions " made in France ". Voilà qui est fort intéressant, me suis-je dit, surtout dans un pays où on aime beaucoup les Français, mais où la vision des musiques francophones bloquent un peu sur Aznavour.

Et bien, chers Internautes musiciens, les temps changent ! ! Depuis quelques années, les Américains ouvrent un peu plus grand leurs oreilles et dédaignent de moins en moins les sons venus d'ailleurs. Enfin !… C'est là que Tinder Records intervient. Créé il y a trois ans, ce label basé en Californie et dirigé par une Française, Sandrine Di Rienzo, a choisi de monter un catalogue world à forte dominante francophone. Cheb Mami, L'Orchestre National de Barbès, Sally Nyolo, Henri Dikongué, Beethova Obas ou Fatal Mambo sont quelques uns des noms qui ont, grâce à Tinder, une licence américaine qui leur permet d'être distribué sur le territoire américain et surtout de tourner et de bénéficier d'une promotion locale jusque là TRÈS difficile à mettre en place pour un artiste non américain et non anglophone. L'aspect communautaire très vivace aux Etats-Unis est une des explications de ce succès sans précédent depuis quelques années.

Nous avons rencontré Sandrine Di Rienzo qui nous explique pourquoi Tinder s'est penché sur ce (relativement) nouveau phénomène musical aux Etats-Unis . Entretien :

Vous êtes un des rares labels américains à promouvoir la world produite en France et en Europe ?
C'est vrai. Quand on s'est installé aux Etats-Unis, on était une compagnie de distribution exclusivement, mais consacrée à la world déjà. Aujourd'hui, on s'est transformé et on a créé un label pour représenter plus largement les artistes world à travers les Etats-Unis. Et c'est vrai que l'essentiel de nos contacts est en France.

Et pourtant, jusqu'à il y a peu, ce n'était pas un marché porteur ?
Justement, c'est pour cette raison qu'on a créé le label. Je n'ai rien contre le rock, mais quand je suis arrivée aux Etats-Unis, il était presque impossible de trouver quoi que ce soit en matière de world music. Et les Américains, qui sont persuadés être le centre du monde, passaient de toute évidence à côté de quelque chose qui est extraordinaire. La world music a une vie, une histoire, une culture qu'ils ne connaissent pas. Et personnellement, je pensais que c'était extrêmement important de leur apporter tout ça.

Et pourquoi tout d'un coup, la world a fait un tel bond en avant ?
Je crois qu'il y a eu un ras le bol de cette musique pop, Madonna ou George Michael. Les gens recherchent un renouveau, un son différent et c'est vrai qu'il commence à y avoir des réactions vis-à-vis de cette musique aux Etats-Unis. C'est toujours un petit phénomène mais qui commence à se voir.

Les artistes qui intègrent votre catalogue ont déjà une signature en Europe ?
Disons que les gens que je signe existent déjà sur un label. Je travaille avec des labels bien implantés en France comme Lusafrica, Buda, Déclic ou Silver. C'était très facile jusque là d'aller à leurs rencontres et de " choisir " les artistes qui nous intéressaient. Mais maintenant que Tinder a une image plus importante sur le marché, j'essaie de trouver ailleurs des artistes qui n'ont jamais signé nulle part et qui recherchent un peu leur chemin.

Vous continuez encore la distribution pure pour certains artistes comme Rachid Taha
Oui, c'est comme ça qu'on a commencé et que Tinder existe. On travaillait avec des petites compagnies indépendantes ou des Majors. Quand on a vu que certains Français marchaient bien, on a créé notre propre compagnie, Tinder Records, pour faire vivre des vrais projets musicaux world aux Etats-Unis.

Est-ce que les compagnies essaient de vous vendre leurs artistes pour intégrer le marché américain ?
C'est vrai que le rêve américain continue d'exister. Mais pour les Majors européennes, le marché américain est tellement symbolique, que ça ne les intéresse guère. Faire tourner un artiste sur les Etats-Unis, c'est très très difficile. Distribuer un album, c'est très différent. Tinder va essayer de se lancer dans les tournées qui faciliteront la promotion et donc la distribution. Beaucoup de labels français voudraient faire tourner leurs artistes, mais financièrement peu y arrivent.

Certaines tournées comme Henri Dikongué ou Sally Nyolo avaient bien marché cependant ?
La toute première tournée que j'ai montée était aussi la toute première de Sally Nyolo. Ce fut une découverte fabuleuse. Et toutes celles d'Henri Dikongué, furent aussi des tournées Tinder. Ils ont maintenant tous les deux un agent aux Etats-Unis, mais au départ, c'est avec nos petits moyens qu'ils ont démarré sur le territoire. Idem pour Fatal Mambo dont nous conduisions la voiture pendant le tournée. On a vraiment construit ça petit à petit.

Qu'est-ce qu'il en est de la chanson française comme Julien Clerc ou Francis Cabrel qui vont tous deux tourner aux USA cette année ?
Pour Julien Clerc, il tourne avec une formule de trois musiciens. Il arrive donc " petit " mais il arrive. Tinder va sortir cette année un artiste français, Saga. Mais aux Etats-Unis, un artiste français, c'est un artiste world. Il n'y a pas cette nuance qu'il y a en Europe. Comme je l'ai dit, les majors ne s'intéressent pas trop au marché américain, mais malgré tout, il y a des phénomènes comme Autour de Lucie. Ou encore Paris Combo qui commence à marcher très bien (tournée américaine en mars, ndlr). J'espère que le prochain sera Saga. La chanson française est malheureusement presque inexistante aux Etats-Unis, mais on essaie de la garder en vie .

Entretien Catherine Pouplain

Tinder Records :
619 Martin Ave. Unit I
Rohnert Park, CA 94928
Té l : (7O7)588.9164
Fax : (707)588.9229
tinder@worldmusic.com
http://worldmusic.com/tinder