LA FRANCOPHONIE AU MIDEM
26 janvier 1999 - Au milieu de toutes les langues parlées (et chantées) au MIDEM, le Français tient une place essentielle. A tel point, qu'un organisme fut créé spécialement pour promouvoir et protéger la chanson francophone dans le monde, le CONSEIL FRANCOPHONE DE LA CHANSON. Pour en parler, nous avons rencontré Nathalie le Coz, directrice générale du Conseil francophone de la chanson, et Dominique Thiange, directrice Europe du Conseil.
Rencontre avec le Conseil francophone de la chanson
26 janvier 1999 - Au milieu de toutes les langues parlées (et chantées) au MIDEM, le Français tient une place essentielle. A tel point, qu'un organisme fut créé spécialement pour promouvoir et protéger la chanson francophone dans le monde, le CONSEIL FRANCOPHONE DE LA CHANSON. Pour en parler, nous avons rencontré Nathalie le Coz, directrice générale du Conseil francophone de la chanson, et Dominique Thiange, directrice Europe du Conseil.
Avant toute chose, qu'est-ce que le Conseil francophone de la Chanson ?
Nathalie le Coz : C'est un organisme international non gouvernemental créé en 1986 et dont la mission principale est de promouvoir les musiques de l'espace francophone à travers le monde. Pour gérer tout ça, nous avons trois bureaux, un à Montréal, un à Bruxelles et un à Douala, le tout chapeauté par un conseil d'administration formé de professionnels de toutes les grandes régions du monde francophone. De plus, depuis que le conseil existe, il y a de grandes initiatives comme la production de séries de télévision diffusées sur TV5 et qui présentent des artistes francophones. Nous créons aussi du matériel pédagogique et didactique. On est pas là pour enseigner spécialement le français ou enseigner spécialement la musique, mais pour faire passer l'esprit de toutes les cultures ayant toutes le français en partage. On peut parler bambara, occitan ou joual (patois québécois, ndlr), on fait tous partie de l'espace francophone.
Mais le français reste le dénominateur commun en tant que langue parlée, mais en matière de chanson, l'Afrique par exemple emploie très rarement le français ?
NLC :Effectivement, mais si on cherche à s'unir, c'est pour lutter contre cette culture anglophone dominante. C'est possible de continuer d'exister devant cette force là.
La France semble avoir une toute petite place dans le travail du conseil ?
Notre principal relais en France est Zone Franche (réseau des professionnels français en matière de musiques du monde) dont le président, Bertrand de Laporte, est membre du CFC. Mais c'est vrai, que culturellement, c'est sans doute moins urgent pour la France de monter une opération au profit de la francophonie qu'en Belgique, au Québec ou en Afrique. Et le problème des échanges d'artistes d'un pays à l'autre est plus crucial dans des pays moins organisés que la France ? Même entre le Québec et la France, les échanges d'artistes restent symboliques. On cherche à préserver son territoire et on a parfois du mal à travailler ensemble. Et il y a beaucoup de choses à faire dans cette direction même si on a moins de moyens qu'un organisme privé. Disons que nous pouvons essayer de susciter des rencontres et des échanges.
Quels sont les artistes qui participent à la mission du CFC ?
NLC : Ce sont plus des professionnels que des artistes en soi qui travaillent au sein du CFC. Mais ces professionnels représentent des artistes. Sur le stand, on peut rencontrer une quinzaine de producteurs. On travaille avec Mali K7, le label d'Ali Farka Touré, avec les productions d'Alpha Blondy. On peut aussi citer les gens de l'île de la Réunion dont René Lacaille qui a joyeusement animé le stand.
Le CFC se limite à le promotion de la chanson francophone, ou cherchez-vous à vous investir directement dans des productions ?
NLC : On a pas forcément les moyens. Le CFC est financé par l'état, beaucoup par l'agence de la francophonie et par des bailleurs de fonds québécois parce le siège est au Québec. Mais on ne peut pas prétendre à de la coproduction. Cependant, on cherche à travailler avec deux entreprises privées, une française et une québécoise pour monter un plateau rap avec trois artistes français, québécois et sénégalais, et mettre en place une petite tournée mondiale.
La musique vivante serait donc le meilleur moyen de promouvoir la chanson ?
NLC : Absolument ! On a notre revue " Rythmes " qui s'adresse aux professionnels du monde francophone. Mais, c'est certain que la rencontre entre public et artistes est le meilleur moyen de faire connaître et aimer ces musiques.
Avez-vous des échos de la part des artistes qui ont utilisé vos services et qui y ont gagné un résultat professionnel ?
Dominique Thiange : La présence sur le MIDEM est déjà un résultat probant pour de nombreux artistes. Pour nombre d'entre eux, il y a un suivi de contacts très positif. Nous représentons une espèce d'interface tant pour les artistes que pour les industries.
Et L'Asie ?
DT : On a été partenaires de l'Agence de la francophonie sur un festival à Hanoi il y a deux ans. Effectivement, il y a des artistes francophones en Asie mais c'est plus un concept politique que linguistique. La langue française n'y plus est prioritaire. Mais c'est aussi une forme de lutte comme en Belgique avec la Wallonie ou au Québec avec la langue anglaise.
NLC : A ce propos, il y a encore des zones francophones où il y a du travail à effectuer comme en Haïti où le CFC a peu de points de chute. Mais l'amour de la langue française y est aussi fort que dans tout l'espace francophone et je n'ai aucun souci en ce qui concerne l'avenir de la francophonie. Il faut qu'on en soit fier et qu'on continue à promouvoir la diversité des cultures au sein de la francophonie, diversité fort stimulante pour la créativité et qu'il est important de faire découvrir au public.
Entretien Catherine Pouplain
Pour plus de détails sur la mission du CFC, n'hésitez pas à consulter leur site Internet www.chanson.ca