Juliette dompte l'Olympia
Si beaucoup considèrent comme morte la chanson française populaire et de qualité, la détonnante (et déconnante) Juliette semble à elle seule en mesure de la ressusciter. Du 9 au 14 février, le temple mythique du music-hall parisien, l'Olympia, accueillait ses frasques, son coffre et sa faconde.
Vive la chanson française !
Si beaucoup considèrent comme morte la chanson française populaire et de qualité, la détonnante (et déconnante) Juliette semble à elle seule en mesure de la ressusciter. Du 9 au 14 février, le temple mythique du music-hall parisien, l'Olympia, accueillait ses frasques, son coffre et sa faconde.
La froideur de saison est ce jeudi 11, restée à la porte de l'Olympia. A l'intérieur, la tonitruante Juliette s'est en effet chargée avec maestria de faire monter le mercure. En deux parties avec entracte, le spectacle promettait de brasser pendant deux bonnes heures, nouveaux et anciens titres.
Tantôt enfantine ("Petit monstre"), tantôt drôle (son irrésistible tango "entièrement phonétique" - en fait une reprise de "L'homme à la moto" avec un inimitable accent espagnol), elle oscille naturellement entre force, tendresse et humour (" Merci pour vos applaudissements, mais, si j'étais vous, j'attendrais d'en savoir plus "). Pour en savoir plus, il fallut laisser passer l'entracte. Pour tuer le temps, pendant vingt minutes, le bar ne désemplit pas.
Encadrée de cinq musiciens, parée d'une robe rouge incandescente, la Walkyrie toulousaine revient pour une deuxième partie construite comme un second spectacle. D'un titre à l'autre ("Moi, j'me tâche", "Lucy", "Francisco Alegre", "Assassins sans couteaux", "Petit métier"…), elle jongle avec sa voix qui passe de l'aigu minaudant au grave caverneux, se joue des silences comme des mots, et rebondit au débotté avec la même hardiesse.
Quelques minutes après le show, Juliette rejoignait le petit carré VIP réuni dans la salle de billard de l'Olympia pour un moment empreint de solennité. La ministre de la Culture, Catherine Trautmann, avait fait le déplacement pour remettre à l'artiste les insignes de Chevalier de l'ordre des arts et des lettres, prouvant qu'avec un tel talent, il n'était pas nécessaire d'attendre la prime d'ancienneté pour obtenir la reconnaissance de la nation. Moins à l'aise dans les mondanités que sur les planches, Juliette, visiblement émue, n'a balbutié que quelques mots en guise de discours ("Vive la France, vive la chanson, vive la chanson française !"). Et si Juliette ne savait pas jouer ?