MASA (1)

Lancée en fanfare par le président ivoirien Henri Konan Bédié, cette quatrième édition du Marché des Arts du Spectacle Africain est inédite pour la Côte d'Ivoire. C'est en effet la première fois que le pays hôte des 3 premières éditions du Masa prend intégralement en charge l'organisation de cette manifestation.

Quand de nouveaux talents émergent de l'Afrique profonde

Lancée en fanfare par le président ivoirien Henri Konan Bédié, cette quatrième édition du Marché des Arts du Spectacle Africain est inédite pour la Côte d'Ivoire. C'est en effet la première fois que le pays hôte des 3 premières éditions du Masa prend intégralement en charge l'organisation de cette manifestation.

Eh bien, pour un début, le manque de professionnalisme des structures se fait cruellement ressentir et les artistes se retrouvent bien souvent déboussolés par des problèmes de transport (il faut parfois attendre plus de 2 heures une navette pour se rendre sur un des multiples sites de ce Marché qui est également un Festival éclaté aux quatre coins d'Abidjan) et les compagnies de danse et de théâtre ne peuvent trouver de lieu pour répéter leur pièce.
Néanmoins la bonne volonté de chacun va bien finir par huiler la machine, et ces premiers couacs risquent bientôt de n'être plus qu'un lointain souvenir !

Ce premier week-end aura permis de voir émerger de l'Afrique profonde de nouveaux artistes internationaux.
Prenez-le cas de ces Pygmées Aka de Centrafique, ceux que jadis les pharaons appelaient " les élus de dieu ". Sortis de la grande forêt équatoriale, les voilà à la rencontre de la culture du " hamburger " et du " coca " dans cette immense salle climatisée de l'hôtel Ivoire.
Un réel choc des cultures où les Pygmées, bien que totalement déboussolés par un cadre qui ne leur est vraiment pas familier, ont montré toute la magie de leurs chants polyphoniques et polyrythmiques à un public de professionnels généralement blasé, mais conquis par la beauté envoûtante de ces chœurs venus d'un autre temps.

Une autre révélation aura été la jeune chanteuse sud-africaine issue des " townships " Tu Nokwe .
Guitariste-chanteuse, elle fait partie de cette nouvelle génération de la musique urbaine sud-africaine. D'origine Xhosa, elle a la fraîcheur vocale de la Myriam Makeba de la grande époque (c'était il y a 30 ans déjà, mais Makeba, toujours vaillante sera le 19 mars sur la scène de l'Olympia pour un concert parrainé par RFI )
L'expérience acquise auprès du " Vieux Lion ", Hugh Masekela, l'ancien époux de Makeba, aura porté ses fruits et sa voix limpide est mise en valeur par un groupe au groove à toute épreuve .

Le sénégalais Cheick Lô aura été la confirmation de ce premier week-end.
Ce chanteur de " blues-mbalax " dont le premier album " Ne la Thiass "a été produit par Youssou N'Dour, est présenté comme l'héritier d'Ismael Lô, son homonyme.
Sa jeune carrière est déjà une belle synthèse d'expériences vécues à Bobo-Dioulasso au Burkina-Faso où il est né de parents sénégalais, à Dakar dans l'entourage de Youssou N'Dour et à Paris où il a côtoyé Papa Wemba.
Avec lui, le mbalax, marié aux sonorités blues, jazzy et latines, vogue vers de nouveaux horizons .
Trois questions à…Régis Sissoko, producteur des Pygmées Aka.

Depuis combien de temps les Pygmées Aka sont-ils sortis de leur forêt afin de présenter leur culture à l'étranger ?
- Depuis 1997 où ils ont joué à la Cité de la Musique à Paris, à l'Université de Turin puis aux Pays-Bas, en Suisse et en Belgique .

Qu'attendez-vous du Masa ?
Trouver des diffuseurs afin de présenter nos spectacles à de nouveaux publics. J'ai déjà pris contact avec des organisateurs de spectacle aux Etats-Unis et au Canada. Les sud-africains sont également intéressés à faire venir l'ensemble.

Quelle est la prochaine tournée à l'étranger ?
Nous jouons dès le 27 février en France, à Brest, puis le 1er mars à Montargis, le 3 à St Médard-en Jalles, le 7 à Amsterdam, le 11 à Monges en Suisse, le 12 à Lyon, le 13 à Metz, le 16 à Dijon puis les 19 et 20 mars à Strasbourg avant de rentrer au pays.

Textede notre envoyé spécial à Abidjan :
Pierre RENE-WORMS.