Marka
Attention, un rire peut en cacher un autre ! Guitare acoustique jouée en arpèges, ballade lente, voix chaude et grave : ainsi commence "L'homme qui aimait la scène", premier album en public de Marka.
L'homme qui aimait la scène
Attention, un rire peut en cacher un autre ! Guitare acoustique jouée en arpèges, ballade lente, voix chaude et grave : ainsi commence "L'homme qui aimait la scène", premier album en public de Marka.
Les mots ? "Je suis sur la planète de l'amour/ De la fraternité/ Malgré tout je suis un peu honteux/ Je dois vous avouer…" Brutal tombe le refrain : "Qu'en amour je ne sais/ Quelle position adopter"… La première fois que l'on entend cet "En amour" (ou, plus loin, "La poupée Barbu", "Pour un flirt avec moi"...), on pense à Ramon Pipin, ex-Au Bonheur des Dames, ex-Odeurs, esthète de la distance maximale entre images musicales et texte prosaïque.
Enregistré début juin 98 au Club de l'AB, à Bruxelles, "L'homme qui aimait la scène" est un fidèle reflet des concerts donnés par Marka en décembre 1997 à Paris, au Sentier des Halles. Des concerts qui l'ont imposé comme un grand bonhomme de la scène. Prise de son impeccable, belle voix tout-terrain et large palette de rythmes - des mélopées d'Orient au slow en passant par les accélérations punkimorphes : ce généreux album (1 h 10 de musique) pioche largement dans l'excellent "Merci d'avance" (1995). Les deux "tubes" de Marka depuis ses débuts français sont particulièrement soignés : "Accouplés" a été allongé d'un couplet réactualisé ("Kofi Annan/ Zineddine Zidane") et "L'Idiomatic" est lancé par deux minutes d'un beau duo voix-accordéon avant de retrouver son entrain orientalisant.
Mais Marka n'est pas qu'un intelligent rigolo. A côté de ses textes bouffons, son parolier Thierry Robberecht produit aussi des émotions incontrôlables : "L'hospice" (Brel en fantôme) ou "Les mondains" (Vian et Brassens en bandoulière). Originalité et force aussi dans deux reprises : "I fought the law" des Clash (vrai talent rock et accordéon mariachi) et "Caroline" de MC Solaar, tentative parfaitement réussie de poser un rap sur une mélodie. Ce sans-faute de Marka est celui d'une équipe : à la basse Nicolas Fiszman (instrumentiste prodige du studio ICP-Bruxelles, qui a joué avec Bashung, Maurane...), Michel Choffray aux guitares et Aldo Granato à l'accordéon. Un accordéon omniprésent, moderne, traité à la François-Régis Gizavo, qui donne à ce "live" une bonne partie de son originalité.
Marka L'homme qui aimait la scène (Columbia) 1999