Bisso na Bisso

Célèbre pour son album "les Tentations" (350.000 exemplaires vendus) et son tube "Je zappe et je mate", le rappeur Passi revient avec le projet Bisso Na Bisso, qui puise dans les origines congolaises de chacun des artistes qui y participent.

Recours aux sources

Célèbre pour son album "les Tentations" (350.000 exemplaires vendus) et son tube "Je zappe et je mate", le rappeur Passi revient avec le projet Bisso Na Bisso, qui puise dans les origines congolaises de chacun des artistes qui y participent.


Commercialisé en France le 23 février, l'album "Racines" s'apparente à un jeu de miroir dans lequel la génération née ou ayant grandi en France jette des ponts vers celle(s) restée(s) au pays, aujourd'hui déchiré par des violentes luttes interethniques. Pour ce faire, Passi a réuni autour de lui tout son posse : sa cousine M'Passi (membre de Melgroove), ses cousins Calbo et Lino (d'Arsenik), mais aussi les jumeaux G. Kill et D.O.C. TMC (plus connus sous le nom de 2 Bal), Ben-J (de Neg'Marrons) et Mystik. Ces Congolais d'origines ethniques différentes (mbochi, batéké, lari, munukutuba, balumbu…) qui composent Bisso Na Bisso traduisent en seize titres la révolte, la mélancolie, mais aussi l'optimisme, qui les animent. Et, paradoxalement, leur fusion rap/culture africaine donne naissance au meilleur disque de rap made in France de ce début d'année. D'ailleurs, les invités les plus divers ne se sont pas fait prier pour prendre "Racines" sur cet album : Tanya St Val, Monique Seka, Koffi Olomide, Papa Wemba, Ismaël Lo, Lokua Kanza, Tonton Ben, 36 15 Niaou, Jacob Desvarieux (du groupe Kassav) et G. Rivero Roldar.

Le mois dernier, dans la foulée d'une séance d'écoute organisée par sa maison de disques V2 Records pour la presse, au studio du Palais des Congrès de Paris, Passi revenait sur la genèse et l'esprit du projet Bisso Na Bisso, voyage captivant traversé de mambo ("Bossa Na Bisso"), de zouk ("L'anmou pas méchan"), de sorciers ("Légendes africaines") et de nuits torrides ("Africa by night").

Comment t'es venue l'idée de ce projet ?

Au début, je voulais faire un morceau sur mon album solo "les Tentations" avec uniquement des rappeurs congolais, certains que je connaissais, d'autres que j'avais déjà écoutés. Je voulais surtout un morceau dans lequel nous parlerions de nos souvenirs du pays, que ce soit les coutumes, les racines, la musique, etc. Nous l'avons enregistré. L'ambiance était très bonne, on a bien déliré.

Comment s'appelle ce morceau ?

"C.O.N.G.O.". Nous ne l'avons pas refait car il nous semblait trop vieux mais nous l'avons mis en bonus track pour les 10.000 premiers acheteurs de l'album de Bisso Na Bisso. Après, nous avons fait "l'Union", dont un extrait figure sur mon disque "les Tentations". Puis, nous sommes partis pour tout un album. Le projet est parti de moi mais si nous avons pris le nom Bisso Na Bisso (qui signifie "entre nous" en lingala, la langue officielle du Congo - ndlr), c'est que nous voulons montrer que nous sommes entre nous et que tout ce qu'il y a sur les bandes est l'association des idées et des souvenirs des uns, des autres.

Je me souviens qu'à l'époque où est sorti "les Tentations", en novembre 1997, V2, ta maison de disques, s'impatientait déjà de voir éclore le projet Bisso Na Bisso. A quand remonte-t-il ?

Avant "les Tentations". Ceux qui participent à Bisso Na Bisso auraient peut-être eu d'autres a priori si j'étais venu leur en parler, en plein succès… Les rapports entre nous se sont tissés avant le succès. Ça, c'est important aussi.

Comment s'est déroulé l'enregistrement ?

C'était comme s'il y avait des idées partout dans le ciel, en haut du studio. Il suffisait de les attraper et de les mettre sur les bandes. La plupart des morceaux ont été conçus en studio. On se disait : "Une journée en studio, un morceau en maquette". C'était notre politique quand on bossait bien. En studio, il y avait du sérieux et des parties de rigolade. Il nous fallait les deux.

Avec les carrières de chacun, comment êtes-vous parvenus à gérer tout ça ?

C'était très difficile car nous avons tous des plannings très chargés. Nous avons mis deux ans. Pour le business, ça n'a pas non plus était facile car nous appartenons tous à des labels différents. Quand tu mets plusieurs maisons de disques en rapport sur un projet, ça crée toujours des problèmes. Après, c'est une question de business, et le business et la France, c'est une grande affaire !

Pourquoi avoir choisi V2 Records ?

J'étais à la base du projet. Mais le résultat de l'album, c'est tout le monde. J'ai voulu leur dire : "Venez, on va chez V2, vu qu'ils ont bien travaillé mon album". Nous avions d'autres propositions, mais eux étaient disposés à le faire. Ils m'ont fait confiance et ça, c'est bien.

Gilles Rio