GIANMARIA TESTA

A vec son troisième disque, LAMPO, le chanteur Gianmaria Testa confirme ses qualités d'émotion et d'écriture, en travaillant avec les plus cosmopolites et parisiens des musiciens. Le chef de gare de Cuneo, dans le Piémont, reste pourtant plus célèbre et mieux célébré en France que dans son propre pays. Pour l'instant...

La France donne un italien à l'Italie

A vec son troisième disque, LAMPO, le chanteur Gianmaria Testa confirme ses qualités d'émotion et d'écriture, en travaillant avec les plus cosmopolites et parisiens des musiciens. Le chef de gare de Cuneo, dans le Piémont, reste pourtant plus célèbre et mieux célébré en France que dans son propre pays. Pour l'instant...

Gianmaria Testa nous revient, toujours doux, toujours attentionné. Son troisième album en quatre ans, Lampo vient de paraître. Accordéons fourbus, guitares précises, trompettes felliniennes: son Italie est une Italie du sentiment, une Italie des douceurs et des regrets qu'il chante d'une voix aux tendresses sûres, un peu éraillée, évidemment prompte au charme.

Chanteur italien vivant en Italie, Gianmaria Testa est pourtant très français: découvert par une productrice parisienne, il est édité par le meilleur label de chanson française, Tôt ou Tard (filiale de Warner), qui publie également Les Têtes Raides, Jacques Higelin, Thomas Fersen, Dick Annegarn ou Joseph Racaille.
"En Italie, Warner Italie publie mon disque parce qu'il est envoyé par Warner France, en me considérant comme un chanteur français", dit-il.
En quelques années, il a conquis un public fidèle en France, qu'il va retrouver pour d'abord pour cinq concerts au New Morning à Paris du 16 au 20 mars, puis pour une tournée dans quelques mois.
"Comme les textes sont vraiment importants, je regrette que les gens qui peuvent le mieux les écouter n'y ont pas accès de manière correcte. Ce n'est pas Michael Jackson, je sais, mais je suis sûr qu'il y a la place en Italie pour mes chansons. En Italie, c'est la télé qui commande tout et on n'arrive à rien si on n'accepte pas de faire beaucoup de télé. Or, j'ai toujours essayé de garder ma dignité même dans la promotion - je ne suis pas un produit. Enfin, on verra ce qui va se passer avec cet album."

Alors, les Italiens sont presque privés de Gianmaria Testa, de ses chansons perlées de frissons doux-amers.
"Le public est plus curieux en France. C'est incroyable que je vive ça: j'ai fait plus d'une centaine de concerts en plusieurs tournées, et je suis toujours surpris de voir un public aussi attentif à quelque chose qu'il ne comprend pas. Ce qui me fascine en France, c'est sa façon de s'approprier des énergies venues d'ailleurs, comme de confier à une architecte italienne, Gae Aulenti, d'installer les peintres les plus symboliques de la France, les Impressionnistes. Ça, c'est à la fois génial et normal. En Italie, on ne l'a fait qu'une fois, en appelant Jack Lang pendant un moment à la tête du Piccolo Teatro de Milan."
Résultat: "Il y a quatre continents sur le disque, ce qu'on ne peut faire qu'à Paris." Le trompettiste australien David Lewis qui arrange et co-dirige le disque ("ah, lui, c'est un vrai parisien"), le tromboniste américain Glenn Ferris, des bassistes africains et un casting lumineux de musiciens européens: l'accordéonniste Ricardo Tesi, le batteur Thierry Arpino ou le complice de Testa chez lui, en Italie, le guitariste Claudio Dadone.
Car Gianmaria Testa écrit et prépare ses chansons là-bas, à Cuneo dans le Piémont, où il exerce la très technique et très poétique profession de chef de gare
. Malgré sa renommée naissante, des ventes de disques prometteuses (quelques dizaines de milliers d'exemplaires de ses deux premiers albums), la fidélité des réseaux de maisons de la culture et des salles ouvertes aux musiques du monde et à la chanson, le chanteur veut conserver son métier, "pour participer à la chaîne de travail à laquelle tout le monde est plus ou moins attaché. Ça reste pour moi une manière de m'installer dans la vie courante. J'ai l'impression que c'est ma source."

Métier de voyage immobile, le travail aux aiguillages ressemble à la chanson.
Et, justement, Gianmaria Testa est cette fois-ci plus promeneur que jamais: outre la gestation à Paris et Cuneo, le disque célèbre la capitale italienne avec Gli Amanti di Roma et la pochette du disque représente une rue de Turin. "C'est un disque plus urbain que les précédents. Ce doit être de naviguer entre Cuneo et Paris..."

Bertrand DICALE