BABACAR FAYE

Sous le soleil du Sénégal, pour tous et depuis toujours il est M'baye Dieye Faye ; car ici si l'on demande Babacar, on ne le trouve pas. Pourtant, de Dakar à NY en passant par Londres ou Paris, Babacar Faye est connu comme le loup blanc.

Le sabar à la rencontre de la techno.

Sous le soleil du Sénégal, pour tous et depuis toujours il est M'baye Dieye Faye ; car ici si l'on demande Babacar, on ne le trouve pas. Pourtant, de Dakar à NY en passant par Londres ou Paris, Babacar Faye est connu comme le loup blanc.

Son sabar traditionnel pulse la voix de Youssou N'Dour, son frère de rythme ; depuis leurs tout premiers groupes comme le Super Étoile à la fin des années 70, jamais ils ne se sont quittés.
Et si Youssou est désormais lui-même une "super étoile" au Sénégal comme sur tous les continents, son frère du quartier populaire de la Medina est toujours à ses cotés. Souvent même Babacar Faye occupe le devant de la scène et en concert sa voix pure et émotionnelle nous arrache à l'attraction terrestre.

Aujourd'hui, ce géant du sabar publie enfin son tout premier album sur le label Jololi de Youssou enregistré dans son propre studio Xippi -les yeux ouverts- de Dakar.
Réalisé par Boubacar Faye, frère du chanteur et responsable du label, avec Andy Shafte- du duo Ame Strong- "Sing Sing" est une bombe de fusions chaleureuses, pures et fatalement émotionnelles à la croisée des chemins de l'Afrique ancestrale et de l'anticipation technologique. Car derrière ce patronyme Sing Sing se cache à la fois le nom du grand-père de M'baye Dieye, un fameux griot et un maître tambour qui lui a tout appris, et le nom de son groupe composé d'une seule famille, avec ses frères et ses cousins.


Nous sommes fiers d'être ce que nous sommes", chante Babacar en français dés le premier titre "Sunu". Mêlée au wolof sur d'irrésistibles vibrations funky afro, sa voix s'élève dans l'ivresse d'un dialogue surréaliste entre les percussions et les cuivres pour nous rappeler, si l'on pouvait encore en douter, que ce rythme coule comme le sang dans leurs veines.
Plus cosmopolite, plus groove aussi "Balam Balam" métisse le jazz, la soul et le mbalax en somptueuses séquences synthétiques pour nous chavirer le cœur. En duo avec les très jeunes rappers de Bidew Bou Bes, "Yeete", une reprise d'une vieille chanson de Youssou N'Dour et de Jean Philippe Rykiel, nous entraîne en sarabande afro reggae syncopée où les vocalises festives se fondent en harmonies dans la tempête des percussions.
Décidément, Babacar Faye est un aventurier du son et il le prouve en investissant massivement les pistes de danses.

Sur le thème pourtant très traditionnel de la nuit de noces consacrée au petit matin par le tonnerre du sabar lorsque le drap taché de sang de la virginité perdue est exhibé à toute la communauté, Bababar nous livre sa composition la plus originale. Comme une version ébène des séquences hypnotiques de Massive Attack, il invente avec "Labane" un authentique trip hop africain pour que la danse nous subjugue de sa transe. De même, "Rue 22", à la manière du "Cantaloop" de Herbie Hancock revisité par les magiciens de US3, nous secoue de son cocktail épicé de percus tribales et de climatiques vagues de jazz.

Si primitif et paradoxalement si futuriste, furieusement dépaysant, éblouissant de toutes les couleurs de son spectre sonore, "Sing Sing" ce CD prodige doit faire sourire le grand-père griot tout la haut dans son paradis car il sait que son petit fils M'baye Dieye n'a pas fini de conquérir nos planètes musicales de sa world si percutante.

"Sing Sing" Jololi (dist.Delabel)
Un partenariat RFI

Gérard BAR-DAVID