Paris Combo à l'américaine
Ladies and gentlemen, c'est bien vrai ! Le groupe français Paris Combo est un groupe merveilleusement enchanteur. Et cela fait d'eux un groupe dont il faut se méfier… parce que de la première note au dernier salut, leur musique empêche littéralement le spectateur de vivre dans le présent. Avec leur sophistication décontractée, ils nous encouragent à déboutonner nos boutons et à mettre sur la touche toutes nos petites discussions politico-intellectuelles du moment… au moins pour la soirée.
Paris/New York années 30
Ladies and gentlemen, c'est bien vrai ! Le groupe français Paris Combo est un groupe merveilleusement enchanteur. Et cela fait d'eux un groupe dont il faut se méfier… parce que de la première note au dernier salut, leur musique empêche littéralement le spectateur de vivre dans le présent. Avec leur sophistication décontractée, ils nous encouragent à déboutonner nos boutons et à mettre sur la touche toutes nos petites discussions politico-intellectuelles du moment… au moins pour la soirée.
Le jeudi 11 mars, le Florence Gould Hall de New York se transforme pour un soir en un de ces cabarets parisiens des années 30 à l'époque où le Hot Club de France régnait sur la vie nocturne de la capitale française. A chaque instant, je m'attends à voir apparaître Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, ou encore le grand Maurice Chevalier, avec son canotier, sa canne et son sourire qui réchaufferait bien un New York froid et venteux.
Mais Paris Combo n'a pas vraiment besoin d'utiliser des artifices de scène pour conjurer ses héros perdus. Même si leur guitariste, Potzi, joue (presque) comme Django Reinhardt, le jazzman gitan à trois doigts qui donna un nouvel air au jazz américain dans les années 4O, et si Belle du Berry capture parfaitement l'essence des voix de cabarets de l'avant guerre, leur son redonne vie à d'innombrables autres styles de musiques, à la fois modernes et désuets, du tango au musette. Le plus flagrant avec ce groupe, c'est à quel point leurs talents respectifs s'imposent avec naturel, sans jamais forcer la dose. Le batteur François-François garde le rythme avec ses baguettes ou ses maillets, et nous fait même un petit numéro de castagnettes avec l'aplomb d'un danseur de flamenco. Il montre tout le long du concert une patience incroyable avant de se lâcher dans un solo rock'n'roll à la fin du concert.
Le contrebassiste Mano Razanajato ajoute au jeu une ligne de basse incroyablement jazzy. Basse enrichie par sa merveilleuse voix de ténor qui s'accorde à ravir avec le lumineux style vocal de Miss Belle du Berry. Mais ce qui m'a le plus impressionné, c'est le trompettiste et pianiste australien David Lewis qui, avec une décontraction déconcertante, joue simultanément des deux instruments avant de s'emparer du micro pour un hallucinant solo de trompette. Au cours d'un des titres les plus "ambiance", il tire une petite table vers lui, y place un bol d'eau, approche un micro et entame un solo avec l'avant de l'instrument dans l'eau. Le micro ramène le son des bulles à la surface aussi bien que le son de la trompette qui remonte des profondeurs du bol. L'effet est stupéfiant, laissant le public en apnée.
C'est le plus enthousiasmants des concerts. Le groupe est composé de virtuoses et leurs arrangements brillent par leur précision. Les sons semblent s'évader de la scène à travers le public et très vite, même les manteaux de fourrure et colliers de perles se balancent au gré du rythme. Quant à leur sens de l'humour, ma méconnaissance du français m'empêche d'en capter toutes les subtilités.
Je doute que la tournée de Paris Combo fasse les 52 millions de dollars que les Stones ont amassé l'an dernier. Je doute qu'ils deviennent un jour les idoles des jeunes. Mais ce dont je suis sûr, c'est qu'ils vont continuer à tourner à travers le monde et à nous enseigner que la meilleure des musiques ne s'écrira pas forcément demain. Life is a cabaret, old chum, so come to the cabaret !!
Bop Tweedie à New York
Photos : Eric Iannucci