Afrophonie
L'Afrique sur Seine a fait son Zénith plein ce samedi 20 mars. Six pays représentés, vingt-huit artistes et un bonus pour les fans de Papa Wemba, qui célébrait son cinquantième anniversaire : un plateau de rêve pour tous les amateurs de beat africain.
Un mini-jubilé pour Papa Wemba !
L'Afrique sur Seine a fait son Zénith plein ce samedi 20 mars. Six pays représentés, vingt-huit artistes et un bonus pour les fans de Papa Wemba, qui célébrait son cinquantième anniversaire : un plateau de rêve pour tous les amateurs de beat africain.
En soi…ce rendez-vous faisait un peu peur. Aucun média spécialisé sur l'affiche, seul fonctionnait au départ le moteur du bouche-à-oreille, auquel est venu se joindre la réputation de Cœur Tempo, organisateur de spectacles, connu pour avoir coordonné les rendez-vous Zénith et Olympia de Koffi Olomidé l'année dernière. "Une équipe qui défend avant tout un label de qualité pour le son africain" selon Geneviève Charron, qui l'a rejointe pour la presse. Organisé au départ à l'intention d'un public extra communautaire, qui ne connaît de l'Afrique que le résumé des tragédies du 20h à la télé, "Afrophonie", nom attribué à ce spectaculaire rendez-vous, s'est à moitié transformé en une soirée où la diaspora africaine est venue se ressourcer, toutes origines confondues. A l'image du plateau sur lequel se retrouvaient, au-delà de toutes les barrières imaginables, des artistes algériens, maliens, sénégalais, camerounais, congolais, ivoiriens et togolais.
Musiques populaires et urbaines, ambiance bon enfant et chaleur garantie, même si les débuts ont paru difficiles… à cause d'un public retardataire mais qui s'est révélé nombreux par la suite. C'est vers les coups de minuit que la salle du Zénith a réellement trouvé son rythme de croisière. Des cris de ralliement, des youyous, des pas de danse, des dialogues improvisés avec le déluge de sons qui déboulait de la scène… Le spectateur était aux anges. Cheb Aïssa, jeune ténor du raï made in Marseille, a joué aux côtés de la Mafia Maghrébine, un groupe de rappeurs qui se revendique de la seconde génération des fils d'immigrés installée en France. Amy Koïta, la griotte malienne, diva de Joliba, une ville située près de la frontière guinéenne, est venue saluer la salle avec son timbre surprenant et ses mélopées aériennes. Awa Maïga, la "go" d'Abidjan, débarquée en renfort, a chaudement introduit l'humour Zouglou que balance en rythme ses compatriotes énervés des Poussins Chocs. Afia Mala du Togo, Henri Dikongué du Cameroun, Daara-J du Sénégal, Sam Mangwana… Vingt-huit invités au total se sont succédés sur la scène, avec un parrain de taille pour clore la soirée, Shungu Wembadio alias Papa Wemba. Plus de deux heures de show à lui tout seul, une pêche d'enfer et trois orchestres à ses côtés.
Molokaï, son orchestre world music, pour un voyage sur l'album "Emotion". Viva La Musica/Nouvelle Ecriture, son groupe kinois, débarqué le jour même pour une leçon de n'dombolo, le rythme le plus en vogue dans les capitales africaines en ce moment. Ainsi que Viva la Musica, sa formation parisienne, qui paraissait au mieux de sa forme. Enfin… Pour compliquer le tout et pour le plus grand plaisir de ses fans, Papa a reformé pour quelques chansons sur scène le Quatro de Langa Langa (qui regroupe les anciens ténors du défunt mais célèbre Zaïko Langa Langa), avec qui il a signé un album dernièrement chez Sonodisc. Le dandy du Kasaï et maître incontesté de la rumba zaïroise profitait en fait de l'occasion pour célébrer deux événements. Son cinquantenaire, dont plus de la moitié passée en musique, ainsi que le disque d'or qui consacre "World Tour", un album de Peter Gabriel enregistré lors d'une tournée internationale entreprise il y a six ans. Papa Wemba était à ses côtés. Un bonheur qui se partage forcément… Quant à nous, on a quitté le navire vers six heures du matin, heure à laquelle prenait fin le show, pendant que deux spectateurs, à la sortie, s'arrachaient une affiche du prochain concert de Papa à Lausanne en Suisse, le jubilé du "petit rossignol" ne fait que commencer…
Soeuf El Badawi