Kent-Enzo Enzo

C'est épidermique, Kent et Enzo Enzo ne peuvent pas se passer l'un de l'autre. De temps à autre, ça les reprend. Il faut qu'ils se retrouvent sur scène pour chanter en chœur. Heureux tous les deux de présenter en duo leur premier album en public : "Enfin Seuls". Florilège de chansons inédites conçues avec l'arrangeur François Bréant et une formation venue de la musique classique. Interview de deux personnalités à fleur de peau.

Collection de printemps

C'est épidermique, Kent et Enzo Enzo ne peuvent pas se passer l'un de l'autre. De temps à autre, ça les reprend. Il faut qu'ils se retrouvent sur scène pour chanter en chœur. Heureux tous les deux de présenter en duo leur premier album en public : "Enfin Seuls". Florilège de chansons inédites conçues avec l'arrangeur François Bréant et une formation venue de la musique classique. Interview de deux personnalités à fleur de peau.

La première surprise de cet album c'est votre groupe avec notamment un quintet de vents...

Kent : Oui, c'est le "Concert Impromptu" qui vient de Lyon. Je les ai vus à Paris, en concert ce sont des jeunes musiciens très ouverts. Ils m'ont fait un appel du pied en me disant : "Si un jour tu veux faire quelques chose, nous on est d'accord. On ne fait pas que du classique..." Ça coïncidait avec le travail que l'on faisait François Bréant, Enzo et moi et c'est ainsi que l'histoire a commencé.

Ce qui frappe dans un premier temps, c'est qu'il s'agit d'un album hors norme par rapport à tout ce que vous avez fait auparavant.

Kent : Ouaiiiis !! C'est vrai ! Tout à fait ! C'est ce qu'on a voulu et je suis très content que les gens pensent cela. On a tout fait pour...

Vous avez longtemps réfléchi à la forme que vous vouliez donner à ce disque et à ce spectacle ?

Enzo Enzo : En fait, on n'a pas réfléchi au fait qu'il fallait s'amuser en faisant de la musique. C'est une exigence qui ne fait pas appel à la réflexion mais juste à l'instinct. On savait qu'on avait envie de surprendre et de se faire plaisir. Et les gens qui nous tendent la main comme le "Concert Impromptu" ou Bréant c'est facile à attraper.

Est-ce que vous ne craigniez pas tous les deux de confronter vos publics : plus rock pour Kent, plutôt chanson pour Enzo Enzo ?

Enzo Enzo : On s'est interrogé avant la première. Et puis, en fait, on a été confiant dans ce que les gens étaient capables de ressentir et d'aimer. On a eu raison. Nous pensions que le public est intelligent et sensible et on a eu la preuve qu'on avait raison. Et du coup, son intelligence rejaillit sur nous. (rires)
Kent : En plus, être audacieux. C'était aussi faire des choses originales avec de nouvelles compositions, des musiciens inhabituels. Mais on ne voulait pas que les gens apprécient le spectacle en disant : "Oh la la ! Qu'est ce que c'est osé !". Mais il fallait aussi que le public ait passé une bonne soirée en ne se questionnant pas sur le plaisir qu'ils y avaient pris en remarquant le hautbois sur tel morceau ou les boucles jungle sur tel autre... Notre idée était de faire oublier le travail. Le secret, la beauté de ce métier c'est de faire oublier le travail. Nous ne sommes pas là pour faire des exploits et montrer combien on est fort et talentueux.

Qu'est ce qui change lorsqu'on est deux sur scène ?

Enzo Enzo : Moi je fais beaucoup plus l'imbécile avec Kent que quand je suis seule. Il y a une espèce d'énergie, de fantaisie plus radicale plus amusante et ca me plaît. Je suis différente. Ce spectacle se rapproche plus du théâtre que de la chanson. C'est du théâtre chanté. Les chansons ont été écrites pour être jouées, danser avec des pas de danses, une gestuelle.

La chanson "J'ai le Gene Kelly", qu'est ce que c'est ? Un nouvel état d'esprit ?

Kent : C'est un raccourci. Gene Kelly représente vraiment la joie de vivre et la bonne humeur. Il a fait cela toute sa vie. C'est quelqu'un qui allait de l'avant, qui voulait donner du bonheur aux gens et des sourires. Gene Kelly a un côté moins distingué moins distant par rapport à Fred Astaire. Ce qui le rend peut-être un peu plus sympathique. Moi j'avais envie de faire une chanson sur le plaisir de vivre et plutôt que de chanter : "Je suis de bonne, bonne, bonne humeur ce matin !", j'ai chanté : "J'ai le Gene Kelly".

Autre hommage à un autre grand de l'affiche : Charles Aznavour avec sa chanson "Tu T'laisses Aller"...

Enzo Enzo : C'est une reprise qu'on avait faite dans le spectacle précédent. Elle se prête bien à la scène de ménage et tout le monde nous disait : "Allez-y ! Reprenez-là !". Si on l'a fait, c'est aussi parce que c'est quelque chose qui ne nous appartient pas et qu'il est toujours très excitant de reprendre une chanson qui n'est pas la notre. C'est troublant et très agréable de chercher et de trouver des chansons qui nous vont bien. On aime beaucoup le faire parce que ça nous amène à jouer à la comédie, à nous mettre dans des états d'âme inconnus et qui nous pousse à un certain dépouillement, qui nous fait toucher du bout des doigts les sentiments qu'ils reflètent. Parfois, j'en ai les larmes au yeux...
Kent : Il y a une autre raison à cette reprise. C'est que Charles Aznavour est un peu dans le besoin en ce moment... Et ça lui fait quelques droits d'auteur qui rentrent. C'est bien pour lui. (rires)

Kent, est-ce que Enzo Enzo est aussi "chiante" que vous le chantez dans une chanson ?

Kent : On est chiant l'un pour l'autre selon l'humeur. Parfois on se chicaille. Toutes nos chansons sont des états d'âme qui nous traversent. Ce que j'aime dans cette chanson de dispute, c'est qu'à un moment donné, quand on se dispute réellement dans la vie et qu'on chante cette chanson le soir, on en rigole et on se dit : "Mais, on est vraiment con de se disputer !". C'est une thérapie cette chanson.

Enzo, est-ce que Kent est pénible avant la scène, pendant le spectacle ou après ?

Enzo Enzo(sourire) : Avec moi, il est plutôt gentil. Je crois que c'est un type maladroit mais aussi très droit.

Maladroit pourquoi ?

Parce que c'est quelqu'un d'entier, dans sa façon de s'adresser aux autres. Parfois, sa franchise peut froisser. Moi je l'aime parce que c'est sa droiture et sa sensibilité qui le rendent attachant. C'est quelqu'un d'assez exclusif. C'est agaçant et ça me plaît. Ça fait parti de son tempérament entier, aimant.

Enzo Enzo et Kent "Enfin Seuls" (Barclay) 1999