Georges Moustaki

C'est à un monstre sacré que le public de la Salle Albert-Rousseau à Ste-Foy (près de Québec) a réservé un accueil chaleureux et généreux, en ce lundi 12 avril, accueil que ce poète né en Egypte de parents grecs a reçu d'ailleurs tout au long de son spectacle. Georges Moustaki est arrivé chez nous comme une douce brise printanière mais il serait faux et injuste de dire que ce récital n'est pour lui qu'une nouvelle date dans sa tournée mondiale qui le conduit du Québec au Japon, en passant par la Norvège et l'Espagne.

Une tournée québécoise sold-out

C'est à un monstre sacré que le public de la Salle Albert-Rousseau à Ste-Foy (près de Québec) a réservé un accueil chaleureux et généreux, en ce lundi 12 avril, accueil que ce poète né en Egypte de parents grecs a reçu d'ailleurs tout au long de son spectacle. Georges Moustaki est arrivé chez nous comme une douce brise printanière mais il serait faux et injuste de dire que ce récital n'est pour lui qu'une nouvelle date dans sa tournée mondiale qui le conduit du Québec au Japon, en passant par la Norvège et l'Espagne.

"La relation que j'entretiens avec le public québécois est empreinte d'affection", déclarait dernièrement Georges Moustaki à un confrère du Soleil (quotidien de la capitale). Il ajoutait que ce qui le frappe le plus chez les Québécois est qu'ils savent tirer le maximum de ce qu'ils possèdent et que la chanson d'ici a repris le flambeau d'une grande tradition latine qui fait qu'ils sont plus français que les Français. Avec de tels commentaires, l'accueil ne pouvait être qu'enthousiaste.

Pendant deux heures, le poète enchaîne une trentaine de chansons dont les incontournables et immortelles "Ma solitude", "Joseph", "Le métèque" qui côtoient des œuvres plus discrètes de son répertoire. C'est ainsi que l'on a pu découvrir "Gardez vos rêves", écrite à 18 ans, une des toutes premières compositions que le jeunes Egyptien fraîchement débarqué à Paris faisait découvrir à un Georges Brassens devenu par la suite un ami fidèle.

Habillé de blanc, comme ses trois musiciens, en hommage à une divinité brésilienne, il a survolé, telle une colombe de la paix et de l'amour, 40 ans d'une carrière toute consacrée à ces deux thèmes de prédilections. Il a des allures de berger à qui il ne manque qu'un bâton car le troupeau est bien là et dès les premières notes de "Ma liberté", il se fait entendre et s'impose comme choral d'un soir. De toute évidence, le public de Moustaki à de la mémoire et quand l'artiste semble en manquer, c'est lui qui prend la relève.

Loin d'être dramatiques, les deux ou trois trous de mémoires de la soirée ont été autant d'occasions de faire connaissance avec un artiste qui n'est pas qu'un multi-instrumentistes (il joue sur scène de la guitare, de l'accordéon, du piano), un écrivain, un aquarelliste, un passionné d'échecs (il a disputé une partie contre Kasparov) ou un grand auteur (il a écrit pour les plus grands dont Piaf et Reggiani). C'est aussi un sacré humoriste. Il n'hésite pas à conter quelques anecdotes biographiques, comme son arrivée, dans les années 50 dans le quartier peu fréquentable, à l'époque, de l'Odéon ou l'amour, la musique, l'alcool et les femmes se côtoyaient dans les bars et les ruelles.

Le spectacle est sobre, sans grosse machinerie, ni écran géant ou lumières aveuglantes. Mais, il met en valeur le contact entre le public et la poésie d'un Moustaki qui ne fait pas ses 65 ans. De la vieillesse il dit : "C'est perdre des choses importantes mais c'est aussi le privilège de continuer à en accumuler". Les moments importants de cette soirée resteront son éternelle nonchalance, sa voix unique, ce physique qui semble se figer dans le temps et l'espace mais surtout un art de dire, de décrire l'émotion.

P

our ceux qui s'attendaient à écouter du nouveau matériel, il leur faudra attendre une prochaine visite pour être pleinement comblés. Ils le seront certainement car une fois sa tournée achevée, "le Métèque" envisage de travailler à la réalisation d'au moins trois projets.
Un disque de chansons sur lequel il sera seul avec sa guitare, un autre avec de toutes nouvelles chansons et enfin un troisième avec des compositions d'autres auteurs, mais sur ce point il se fait discret et n'accepte de préciser qu'il ne s'agit que de gens qu'il aime. Y aura t'il dans le lot des artistes de chez nous ?
A en croire son amour pour Richard Desjardins dont il dit qu'il a un lyrisme à la Jacques Brel, son intérêt pour le talent et la fraîcheur d'une Linda Lemay dont il a adoré le spectacle et son amour (partagé) pour Marie-Jo Thério a qui il a offert sa première partie parisienne, il ne serait pas surprenant d'y retrouver quelques noms d'ici.

En attendant, la tournée se poursuit et après avoir emballé le public montréalais venu l'applaudir au très beau Théâtre Corona du 7 au 10 avril derniers et le public de la capitale (Ottawa), celui que nous avons pu découvrir il y a quelques semaines dans la série télé internationale "Le Comte de Monte-Cristo" aux côtés de Gérard Depardieu, va promener son bâton de pèlerin jusqu'à Shawinigan le 17, Moncton (seule date à l'extérieur du Québec, dans la province du Nouveau Brunswick) le 18, Gatineau le 21, Val D'or (en Abitibi Temiscamingue) le 22, Amos le 23 pour finir à Rouyn-Noranda le samedi 24 avril. U

ne longue tournée mais où les habitudes n'ont pas leur place, car Georges Moustaki ne travaille pas à partir d'un programme fixé d'avance. Il aime surprendre son public et ses musiciens. Il ne chante pas toujours les mêmes chansons, ni ne les interprète de la même manière. On dit qu'il n'hésite pas à choyer un public plus attentif et communicatif et c'est sans doute ce qu'il a fait lundi soir ou pendant plus de deux heures, il a démontré une grande générosité. Le public n'a donc pas eu de misère à lui offrir un très long standing ovation pour le remercier d'une soirée heureuse sur toute la ligne.