JAMES GERMAIN

World ou musique contemporaine tout court ?

A l'occasion du Festival de l'imaginaire à Paris, la Maison des Cultures du Monde a accueilli avec succès les 13 et 14 avril derniers le chant voudouisant de l'Haïtien James Germain.

Une création musicale étrange où l'impertinence chorégraphique de la danseuse Julie Dossavi est venue s'immiscer avec humour et grâce dans un espace transculturel où se rencontraient les chants vaudous de la lointaine Haïti et la mémoire créole sous la direction "libertine" du guitariste et arrangeur Mario Quesada qui cherche à mimer la genèse de la culture créole (les rencontres avec l'Autre au XVIème siècle, l'Afrique, l'Europe...). Un accompagnement sobre et minimaliste en apparence (guitare, percussions, violoncelle, accordéon) mais si complexe dans l'interprétation de cet univers à la fois contemporain et traditionnel longtemps rêvé par James Germain.

Le spectacle, symboliquement intitulé Vilokan, évoque dans de belles et magistrales mélopées a cappella le panthéon des dieux vaudous, là où dorment les loas (esprits tutélaires), tout en suggérant par des comptines et des berceuses l'enfance insouciante de ce jeune auteur-compositeur, parti de Port-au-Prince fin 89/début 90 pour parfaire sa formation artistique, exilé et installé en France depuis. Vilokan raconte aussi la mémoire créole torturée et éclatée qui se réconcilie désormais avec le monde en devenir. Chant qui amène la danse, chant qui appelle vers le large, le chant de James Germain sait se distinguer par une tendance très gospel, qui sonne comme une marque de fabrique. Comédien, sa voix sait murmurer l'émotion profane ou invoquer le sacré en transes avec bonheur et sincérité. Sa seule obsession dans ce jeu musical : raconter son Haïti natal autrement.

Soeuf Elbadawi.

Vilokan est une coproduction de la Maison des Cultures du Monde et de la Grande Halle de la Villette à Paris.