Troublante Mylène

Un nouvel album sous le bras ("Innamoramento"), la mystérieuse Mylène Farmer vient vérifier si sa popularité est demeurée intacte. Sur Internet, il ne semble pas qu’elle ait fléchie.

L’éternel retour

Un nouvel album sous le bras ("Innamoramento"), la mystérieuse Mylène Farmer vient vérifier si sa popularité est demeurée intacte. Sur Internet, il ne semble pas qu’elle ait fléchie.

Depuis une bonne quinzaine d’années maintenant, Mylène Farmer joue à merveille son rôle d’ingénue troublante et libertine. C’est du moins ce que doit penser Polydor, sa maison de disques, qui ne se lasse pas d’énumérer les chiffres de ventes d’albums de sa pépite rousse, l’une des plus grandes vendeuses de disques en France : 600.000 "Cendres de lune" (1986), 1,4 million de "Ainsi soit-je" (1988), 600.000 "Mylène Farmer en concert" (1989), 1,8 million de "L’autre" (1991), 200.000 "Dance remixes" (1992), 1,2 million d’"Anamorphosée" (1995), et 800.000 "Live à Bercy" (1997).
C’est dire si le Farmer primeur, "Innamoramento", commercialisé le 6 avril dernier en France et Disque d’or en une semaine, est attendu avec la plus vive impatience par une cohorte de fans, qui s’avère particulièrement fidèle et suit son idole dans tous ses virages musicaux et esthétiques.

De nouveau en tandem avec son alter ego Laurent Boutonnat, Mylène Farmer s’est retroussée les manches pour écrire les 13 morceaux de "Innamoramento", un album qu’elle a de plus produit elle-même via sa société Stuffed Monkey. Chrysalide perdue entre espérance ("L’amour naissant") et désillusion ("Je te rends ton amour"), son inspiration tourne péniblement en rond, comme un schéma reproduit inlassablement. Mylène Farmer ne semble pas s’imprégner d’autres univers que le sien. Ses récents voyages en Irlande, en Russie et en Italie n’ont pas détourné Mylène Farmer de ses inamovibles litanies, la solitude, les maux de l’âme, la mélancolie, la peur du monde adulte, le sexe tendance Marquis de Sade soft, etc. Sur le terrain musical, faussement novatrice, elle s’accroche aux modes plus qu’elle ne les inspire, se les appropriant avec un art consommé de la métamorphose. S’il n’y a rien à reprocher au son très léché de cet "Innamoramento", on cherchera en vain une quelconque évolution, qui perçait pourtant sous le virage rock déjà peu innovant de "Anamorphosée". Cette fois-ci, une vague techno ambiant donne le ton, maintes fois vue jusque dans ses moindres effets (eau qui coule et autres bruits de la nature à la Björk). Haché de piètres riffs électriques façon Zazie, "Dessine-moi un mouton" est du plus mauvais effet. Le retour aux sources qu’opère ce nouvel opus masque difficilement le fait que la chanteuse qui jadis surprenait vient d’entrer dans une phase "conservatrice" de sa carrière.

Question actualité, Mylène Farmer a tourné en Chine le premier clip tiré de l’album, "L’âme stram gram" (réalisé par Ching Siu Tung, le metteur en scène de "Duel à mort" et des "Histoires de fantômes chinois"). Entre juin et octobre, la libertine devrait donner des concerts en France et en Europe, avant de démarrer à la rentrée une véritable tournée, la première en trois ans. La réservation est d’ores et déjà ouverte pour quelques dates, notamment celles de Paris (les 24, 25, 26 et 29 septembre à Bercy), de Marseille (le 21 septembre au Dôme), de Toulon (le 7 décembre au Zénith) et de Genève (le 9 décembre à l’Arena).

Des fans très actifs sur Internet

La popularité de Mylène Farmer se mesure sur Internet où de multiples sites lui sont consacrés par des adeptes de tous pays. L’Europe de l’Est est particulièrement bien représentée, Russie en tête. L’adresse www.uka.ru/mylene/index.html permet d’accéder à un site exclusivement rédigé en russe, le plus complet dans cette langue (quinze rubriques répertoriées). Les téléchargements sont un des atouts de ce site : 18 singles en fichiers Midi, et des extraits en Real Audio des trois premiers albums studio et du live à Bercy. Des liens renvoient à d’autres sites russes sur Mylène Farmer. Comme le koi.aha.ru/~serg15/mylene.htm, qui propose des traductions en russe d’articles de presse et d’interviews, ainsi que des chansons "Que mon cœur lâche" et "XXL".

Baptisé "Mylenia in Russia", cet autre site "made in Russia www.aif.ru/~shura/mylenia.htm, qui n’a pas été mis à jour depuis décembre 1998, met en ligne quelques remixes d’anciens titres ("Sans contrefaçon", "Ainsi soit-je", "Tristana", etc), ainsi que des messages et des photos de fans russes. Toujours à l’Est, les pages www.ospu.odessa.ua/serv/mylen2/intro.htm sont l’œuvre d’admirateurs ukrainiens. Ce "Farmerland", traduit en russe, en français et en anglais, affiche quelques photos, une discographie, des textes, ainsi qu’un trombinoscope des membres du fan club d’Odessa ! Plus à l’Ouest, on note des sites dans presque tous les pays de l’Union européenne. Si le site grec est particulièrement raté (users.hol.gr/~zettasikla/mylene.html), l’Espagnol www.arrakis.es/~advent/mylene.htm se distingue par ses nombreuses photos de concerts (Bruxelles, Paris, Amsterdam, Londres).

Marc Sokdean, un fan suisse, propose un site en anglais (http://www.marc-sokolean.ch/) très riche, en photos (près de 70) et en textes (41 paroles de chansons). Plus d’une vingtaine de photos s’offrent à l’œil du curieux, mises en ligne par un fan danois (login.dknet.dk/~pg/mylene.html). Aux Pays-Bas, le www.ice.el.utwente.nl/~gidik/MyleneFarmer.html offre une bio et une discographie en anglais et en néerlandais. Mais la rubrique "Liens" ne livre quasiment que des adresses périmées. Le site français www.demeyer.net/MyleneFarmer/ propose aussi la traduction en anglais de 37 chansons. D’autres versions sont aussi consultables sur le site suédois www.isazone.com/mylene. Quant au site allemand www.geocities.com/Hollywood/2743/mylene.html, il n’a pas été renouvelé depuis août 1996, mais donne toujours accès à "L’instant X" et "Au bout de la nuit", traduit dans la langue de Gœthe. De nombreuses pages de fans, souvent sans fioriture, sont hébergées par Geocities. Revendiquant quelque 47.000 visiteurs, le site www.innotts.co.uk/~davehurt est l’émanation d’un Anglais de Derby, dont l’intérêt est de chroniquer quelques disques rares de Mylène Farmer. Pour les collectionneurs, donc.

En France, le fan club officiel (http://mfifc.cjb.net/) dispose d’un site en six langues (français, anglais, allemand, italien, russe, slovaque). Le salon de dialogue ne désemplit pas, surtout autour de 13 heures et de 20 heures, point culminant de l’activité de la "chatroom". La rubrique Petites annonces met en contact des internautes du monde entier, principalement intéressés par des échanges. Le serveur "Mylénium" (www.chez.com/montecarlo/farmer.html) est un outil régulièrement réactualisé. Un autre site, hébergé par Multimania, www.multimania.com/mfarmer/index.htm, connecte le profane sur une biographie en cinq chapitres, une poignée de fiches type "j’aime/j’aime pas", une disco-vidéo-filmographie complète, des photos, des reproductions d’articles de presse, ainsi qu’un groupe de discussion.

Cette sélection, non exhaustive, prouve au moins que les fous de la Farmer sont entrés plus vite que leur idole dans le troisième "Mylénaire".

Innamoramento (Polydor France/Universal) 1999