Cesaria, la force tranquille
Cesaria Evora a sorti le 4 mai son nouvel album, Café Atlantico, enregistré en partie à Cuba. Une réussite. Une de plus pour la chanteuse africaine qui vend actuellement le plus de disques au monde.
Nouvel album pour la diva aux pieds nus
Cesaria Evora a sorti le 4 mai son nouvel album, Café Atlantico, enregistré en partie à Cuba. Une réussite. Une de plus pour la chanteuse africaine qui vend actuellement le plus de disques au monde.
L 'endroit ne paie pas de mine. Perdu dans une ruelle étroite au milieu d'un quartier populaire où les touristes ne viennent guère.
Pourtant, de Tokyo à Londres, tous les fous de jazz connaissent le New Morning à Paris.
Le 1er avril 1988, Cesaria Evora, qui vient d'enregistrer"La Diva aux pieds nus" s'y produit pour la première fois, accompagnée par le clarinettiste Luis Morais, Manu Lima et quelques musiciens de la scène capverdienne parisienne. Son histoire d'amour avec le public français commence...
Trois ans plus tard, elle fait un deuxième passage, puis un troisième six mois après, dans la foulée de son album "Mar Azul". Le New Morning est trop petit ce soir-là pour accueillir tout le monde.
Du monde, il y en a énormément aussi le soir du 26 avril 1999, lorsque la dame présente "Café Atlantico", son nouveau bébé, le septième depuis que tout a commencé.
"Du beau monde", comme on dit. Du monde trié, invité, concerné, impliqué... Des journalistes, des patrons de maisons de disques, des producteurs. Des "professionnels", comme on dit. Le public le plus redoutable pour un artiste. Au pire blasé, au mieux bavard et indiscipliné, ici sans être là. Cesaria n'est pas du genre à se laisser perturber par le brouhaha régnant au fond de la salle. D'ailleurs, même si cette époque est déjà loin pour elle, n'a-t-elle pas commencé sa carrière dans la rumeur des bars de Mindelo, sa ville?
Cette ville créole et nonchalante, elle lui rend hommage dans "Café Atlantico", enregistré à Paris et La Havane, avec la participation de musiciens cubains et la collaboration de l'arrangeur brésilien Jaques Morelenbaum (ciseleur d'athmosphères pour Caetano Veloso notamment). Un album fait en compagnie de Bau, épatant joueur de cavaquinho et des musiciens qui l'accompagnaient habituellement sur scène jusqu'à il y a encore quelque semaines.
Ce soir, au New Morning, hormis Nando (Fernando José Andrade), au piano et Totinho (Antonio Domingos Gomes Fernandes) aux saxophones, il n'y a que de nouvelles têtes autour de Cesaria. "Il était temps pour Bau de se détacher, pour qu'il puisse mener tranquillement sa propre carrière, explique José Da Silva, producteur de Cesaria Evora, le lendemain du concert. Et puis je pense qu'il faut changer d'équipe au bout d'un certain temps. Cesaria, c'est une école pour les artistes capverdiens. Cela leur permet de se former à l'international."
Donc Bau est parti, emmenant avec lui la plupart de ses musiciens. Parmi les nouveaux, autour de Cesaria, on remarque particulièrement la présence de deux violons et d'un violoncelle, trois musiciens cubains, empruntés à l'orchestre symphonique de La Havane. Ils apportent une coloration nouvelle à l'univers de la chanteuse, sans rien trahir de son charme ineffable. Cuba et São Vicente, l'île de Cesaria, n'auraient-elle pas par hasard un lien de consanguinité? En écoutant leur rencontre, organisée dans "Café Atlantico", on est tout à fait partants pour le croire.
Pour en savoir plus sur Cesaria Evora, consultez sa biographie
Cesaria Evora Café Atlantico (Lusafrica / BMG) 1999