Charles Trenet
Charles Trenet réunissait la presse à l'occasion de trois évènements, trois de plus dans une carrière jalonnée d'un millier de chansons parmi lesquelles plus de soixante succès internationaux de "Que reste-il de nos amours", à "Y'a d'la joie", "Douce France" ou encore "Je chante". Trois évènements de plus en soixante ans de carrière que sont sa nomination récente à l'Académie des Beaux-Arts, la sortie de son nouvel album "Les poètes descendent dans la rue" et ses 86 printemps le 18 mai prochain. Le poète, on en est sûr, est resté "Fidèle", preuve en est ses trois récitals en novembre prochain. Toujours vert et l'oeil plus bleu que jamais.
86 ans et 14 nouvelles chansons !
Charles Trenet réunissait la presse à l'occasion de trois évènements, trois de plus dans une carrière jalonnée d'un millier de chansons parmi lesquelles plus de soixante succès internationaux de "Que reste-il de nos amours", à "Y'a d'la joie", "Douce France" ou encore "Je chante". Trois évènements de plus en soixante ans de carrière que sont sa nomination récente à l'Académie des Beaux-Arts, la sortie de son nouvel album "Les poètes descendent dans la rue" et ses 86 printemps le 18 mai prochain. Le poète, on en est sûr, est resté "Fidèle", preuve en est ses trois récitals en novembre prochain. Toujours vert et l'oeil plus bleu que jamais.
"Je vous demande d'accueillir Monsieur Charles Trenet"... Entrée magistrale du monstre sacré, sous les applaudissements, dans les salons boisés de l'hôtel Raphaël, quartier de l'Etoile à Paris. Toujours vert et l'œil plus bleu que jamais, la démarche moins assurée cependant mais le verbe alerte, d'emblée Charles Trenet se veut modeste à l'encontre des applaudissements : "Sinon, je ne vais pas pouvoir dire de vacheries".
"Monument national, monstre sacré de la chanson", que pense Monsieur Trenet de ces couronnes de lauriers qu'on lui tresse ? "Cela m'enlève un peu de ma détresse." Et préfère commenter sa nomination à l'Académie des Beaux-arts où il est entré comme peintre et comme musicien, ce qui le console de sa non élection à l'Académie française : "J'ai peut-être eu tort de m'y être présenté".
Mais la presse veut en savoir un peu plus sur ce nouvel album "les Poètes descendent dans la rue", qui doit son nom à la première édition du Printemps des poètes organisée par l'ancien ministre de la culture Jack Lang. Charles Trenet assure que celui-ci ne ressemble à aucun autre, mis à part peut être sa poésie. Quatorze chansons inédites, certaines de fraîche écriture, d'autres sorties des tiroirs, "écrites avec des mots simples, ce n'est pas en écoutant mes chansons que la nouvelle génération enrichira son vocabulaire."
Le poète descend dans la rue
Le créateur du "Jardin extraordinaire" se souvient alors d'une lettre que lui avait écrite Jean Cocteau en le complimentant sur "ses chansons qui descendent dans la rue". Et Charles Trenet d'assurer alors qu'il préfère créer plutôt que de sacrifier à une mode qu'il n'aurait pas dans le sang en citant, parmi ses interprètes favoris Georges Brassens "qui faisait des chansons que je n'aurai pas été capable de faire" et Francis Cabrel pour la "jeune génération".
Le thème récurrent de l'enfance revient aussi dans ce nouvel album, de celle qu'il n'a pas eue : "pas drôle la guerre : l'enfant s'est développé en moi au fur et à mesure que je grandissais, donc je suis un grand enfant." Et quand une journaliste lui reproche d'avoir peu écrit sur le monde qui l'entoure en s'étonnant d'une chanson sur le thème (édulcoré) de la banlieue, Charles Trenet s'en tire par une pirouette : "le monde qui m'entoure est celui que je vois, pour moi la définition de la poésie, c'est l'art de rêver". Un soupçon de révolte ? "Oui, même si j'aime l'ordre et en particulier l'expression "les forces de l'ordre", qui ferait un bon titre de chanson." Charles Trenet assure ainsi avoir lutté toute sa vie contre le désordre.
Tout comme le grand monsieur râle un peu lorsque l'ordre de "ses titres" est quelque peu chamboulé par les nouvelles méthodes de marketing, "mais surtout se méfier du mixage, on efface tout, on ne reconnaît plus ses chansons", en regrettant que l'on n'ose même plus parler de chansons, soulignant non sans humour que "maintenant on parle de titres, on interprète des titres... sans savoir s'ils sont côtés en bourse, en tous les cas pas tous de noblesse".
La mer, le long des golfes clairs
Le mystère est enfin élucidé à propos de l'écriture de "la Mer". Plusieurs versions existant à ce jour, le chanteur assure avoir écrit cette chanson comme un poème en alexandrins à l'âge de 16 ans. "Quelques années plus tard, en1943, dans un train entre Sète et Montpellier, alors que nous passions devant les étangs, j'ai écrit la musique d'un seul coup. Sur du papier toilette".
Et lorsque la question lui est posée de savoir si un jour il écrivait ses mémoires, lui, n'en voit pas l'intérêt "d'abord parce que je la perds un peu" et préfère "inventer des vérités". Enfin à propos de son prochain anniversaire, Charles Trenet attribue sa longévité à des gènes familiaux, "ma mère est morte à 91 ans, je n'en ai que 86. (...)Et à chaque anniversaire, une nouvelle vie commence". Alors longue vie et bon anniversaire Monsieur Charles Trenet !
Pascale Hamon
Charles Trenet "Les poètes descendent dans la rue" (WEA)