JULIEN CLERC : ETAPE NEW YORK

Après un nouveau succès (en plein air) au John Anson Theater de Los Angeles 1er mai, inutile de dire que les trois dernières dates new-yorkaises (3,4 et 6 mai) de la tournée nord-américaine de Julien Clerc étaient attendues avec une petite excitation particulière par l'artiste mais aussi par chaque membre de l'équipe organisatrice. New York, ville maîtresse du spectacle, de la scène, de la performance artistique en tous genres, a toujours fait trembler plus d'un artiste confirmé ou débutant. Que ce soit le public ou la presse, la sentence new-yorkaise est une source de motivation et de stress à la fois. C'est donc un peu tendu que l'artiste est monté sur scène lundi 3 mai.

Fin réussie d'une tournée-test

Après un nouveau succès (en plein air) au John Anson Theater de Los Angeles 1er mai, inutile de dire que les trois dernières dates new-yorkaises (3,4 et 6 mai) de la tournée nord-américaine de Julien Clerc étaient attendues avec une petite excitation particulière par l'artiste mais aussi par chaque membre de l'équipe organisatrice. New York, ville maîtresse du spectacle, de la scène, de la performance artistique en tous genres, a toujours fait trembler plus d'un artiste confirmé ou débutant. Que ce soit le public ou la presse, la sentence new-yorkaise est une source de motivation et de stress à la fois. C'est donc un peu tendu que l'artiste est monté sur scène lundi 3 mai.

Pour Julien Clerc, le lieu de l'examen a pour décor le Florence Gould Hall, un petit théâtre de 400 places à deux pas de Central park. Cette salle est la seule de la tournée à appartenir à l'Alliance française, essentielle organisatrice de ce périple américain. Le contexte est donc favorable mais, après les succès des jours précédents, la taille de cette salle se révèle… juste, car même si tout le monde en rêvait, personne n'avait osé imaginer une telle réussite pour cette tournée-test. Il est évident qu'au prochain passage de Julien Clerc sur le sol américain, les salles de 2000 places pourront être envisagées sans appréhension. De plus, d'autres artistes risquent de pouvoir infiltrer cette brèche où peu de Français avaient réussi jusque là.

Effectivement, faire tourner un artiste français en Amérique du nord, et en particulier aux Etats-Unis, reste un exercice de haute volée sur laquelle aucune structure américaine ne semble prête à parier. Que ce soit donc sur le plan financier, promotionnel et logistique, il fallait que ce soit des Français qui prennent les choses en main. C'est ainsi que la tournée est le résultat d'une savante collaboration dont les maillons essentiels sont le réseau des Alliances françaises, le ministère français des affaires étrangères via l'AFAA (Association française d'Action Artistique) et du label Virgin, le tout managé sur place par Hélène Gherman (photo), productrice exécutif, coordinatrice de la tournée qu'elle a suivi de bout en bout et surtout, fée es-logistique.

Résidente new-yorkaise, cette ancienne chanteuse de jazz s'est reconvertie avec succès dans la production et l'organisation de tournées et de festivals. C'est la troisième fois qu'elle travaille avec les Alliances françaises après les tournées de Maxime Le Forestier et d'Alan Stivell.

Complètement dévoué à la promotion et à l'enseignement de la langue française à travers le monde, le circuit des Alliances françaises est en Amérique du nord, un des rares biais qui permette de faire tourner des artistes français. L'essentiel de leur activité demeure l'enseignement et à travers les USA, environ 35.000 personnes sont inscrites aux cours de français. Elles fonctionnent selon le droit local et sont totalement privées et indépendantes de la France sur le plan structurel et financier.

Il est indéniable que les Alliances françaises ont une image conservatrice et fort sage et que la culture d'une certaine tradition conditionne les décisions en général, et les choix artistiques en particulier. Dans chaque alliance américaine, un "Board", sorte de conseil des sages mi-américain, mi-français, donne son ultime avis sur chaque proposition en matière d'événements culturel. Il n'est donc pas encore prévu que NTM ou Noir Désir soient programmés…

Cependant, Stéphanie de Brabander, jeune responsable des programmes culturels au sein de la délégation nationale située à Washington (et coordinatrice de cette tournée côté Alliances), a bien l'intention depuis son arrivée il y a quelques années de faire, autant que possible, bouger les choses. C'est ainsi qu'en 98, ont tourné aux Etats-Unis Arthur H et Paris Combo. Et parmi ses souhaits, Stéphanie aimerait proposer Miossec ou Manu Chao sans être cependant convaincue de passer l'étape du "Board".

Si Maxime Le Forestier avait effectué quelques dates en 97 aux Etats-Unis, les Alliances ont passé un échelon supérieur avec la tournée Julien Clerc. C'était la toute première fois qu'un artiste français de cette stature donne une dizaine de récitals entièrement en français (les spectacles d'Aznavour sont en partie en anglais) à travers un continent peu soucieux de la survie de la langue de "chez nous". Selon Bernard Frontero (photo), délégué général des Alliances françaises canadiennes, il est un peu plus facile de travailler sur la langue française au Canada, Québec oblige. La délégation canadienne participe à de nombreux festivals et organiser la tournée d'un Français y est plus aisée. Moustaki, Allain Leprest ou les Têtes Raides ont ainsi fait des passages remarqués ces derniers mois, passages qui cependant ne vont pas jusqu'à la très anglophone cité de Vancouver où Julien Clerc a pourtant remporté un succès prometteur pour d'autres artistes.

Comment se sont donc réparties les tâches sur cette tournée ? C'est "simple" : l'AFAA et Air France ont financé les voyages, Virgin s'est chargé de la promotion à l'échelle nationale, chaque Alliance a pris en charge la location de la salle, le cachet de l'artiste (très inférieur à l'habitude) et la promo locale. A Los Angeles, où l'Alliance locale n'est pas très importante, l'organisation fut prise en charge par Simon Azoulay, producteur français établi en Californie depuis 20 ans et organisateur des tournées locales de Enrico Macias ou d'Adamo. A New York, l'Alliance a en plus bénéficié de l'aide des services culturels de l'Ambassade dirigés par Emmanuel Morlet.
Sur le plan technique, l'essentiel a été organisé par Darrell Shines, responsable des lumières et patron de Laid Back productions, petite compagnie qui gère l'organisation de spectacles. Puis une agence new-yorkaise d'attachés de presse (Herbert Breslin Company qui s'occupe de Pavarotti ou d'Aznavour) a géré les relations avec les médias, de CNN à Radio France Internationale.

Enfin, s'il est difficile de trouver les CDs de Julien Clerc dans les bacs nord-américains (hors Québec), une compilation ("Rendez-vous with Julien Clerc") fut spécialement pressée et distribuée aux Etats-Unis par Tinder Records, le "petit-label-américain-qui-monte" d'une autre Française, Sandrine di Rienzo.

Si tout ce petit monde était donc un peu inquiet du succès concret que pouvait avoir cette tournée, le soulagement semble avoir aujourd'hui remplacé l'appréhension. New York a reçu Julien Clerc à bras ouverts, comme chacune des villes traversées. Les publics, francophones ou anglophones, sont toujours repartis épatés et ravis. Et à voir les petits yeux envieux du chanteur Renaud, présent au Florence Gould Hall lundi soir, il se pourrait bien que cette tournée fasse des petits…

Catherine Pouplain
Photos : CP

Site de la délégation des Alliances françaises aux Etats-Unis
Site de la délégation des Alliances françaises au Canada