Julien Clerc : Ottawa

Depuis quelques jours, Julien Clerc s'est replongé dans le roman de l'Américain Jack Kerouac, " Sur la route ". Mais contrairement aux héros mythiques de Kerouac, c'est en avion que le chanteur sillonne de long en large l'Amérique du Nord pour une tournée exceptionnelle qui est partie de Denver, Colorado, le 20 avril dernier, pour le mener à New York les 3, 4 et 6 mai prochains. Après Atlanta, Washington et Toronto, c'est à Ottawa que nous l'avons rejoint pour constater que le pari peu évident de faire tourner un artiste français, même de renom, aux Etats-Unis et au Canada anglophone était sur le point d'être gagné haut la main. Qui a dit que les chanteurs français avaient un complexe anglo-saxon ?

P'tit arrêt québécois dans une tournée anglophone

Depuis quelques jours, Julien Clerc s'est replongé dans le roman de l'Américain Jack Kerouac, " Sur la route ". Mais contrairement aux héros mythiques de Kerouac, c'est en avion que le chanteur sillonne de long en large l'Amérique du Nord pour une tournée exceptionnelle qui est partie de Denver, Colorado, le 20 avril dernier, pour le mener à New York les 3, 4 et 6 mai prochains. Après Atlanta, Washington et Toronto, c'est à Ottawa que nous l'avons rejoint pour constater que le pari peu évident de faire tourner un artiste français, même de renom, aux Etats-Unis et au Canada anglophone était sur le point d'être gagné haut la main. Qui a dit que les chanteurs français avaient un complexe anglo-saxon ?

Si cette tournée nord-américaine ne traverse volontairement que des villes anglophones, c'est cependant une scène québécoise qui accueille Julien Clerc les 26 et 27 avril. En effet, le chanteur est annoncé à Ottawa, capitale de l'Ontario, mais la salle dans lequel il joue est en banlieue à Gâtineau, au Québec, juste de l'autre côté de la rivière Ottawa. C'est donc un public plus francophone que sur les dates précédentes qui se presse dans le hall de la salle Odyssée, riche de 650 places, toutes louées pour les deux soirs.

Lorsque Julien Clerc entre en scène, le public lui est visiblement déjà tout acquis. Entouré de ses deux musiciens, Jean Schultheis au piano et Hervé Brault à la guitare, Julien Clerc entame son récital au piano avec "Les Séparés", sur un texte de la poétesse Marceline Desbordes-Valmore. Le décor est d'une totale sobriété à l'image de ce récital acoustique à trois musiciens, " Entre Nous ", déjà largement et triomphalement rôdé en France depuis le début de l'année. Mais si la mise en scène est discrète, Julien Clerc est plutôt plus loquace qu'à son habitude. Le public rit souvent. Le contact est parfaitement établi.

Réorchestrés et dépouillés, les classiques du répertoire de Julien Clerc, retrouvent une nouvelle jeunesse. " Partir ", " Le Patineur ", " Danses-y ", " Le Cœur volcan " ou " La Californie ", titres habitués à des arrangements plus énergiques, donnent là toute la richesse de leur statut de tubes. On les redécouvre, on se rend compte qu'on en connaît toutes les paroles et que pour les spectateurs de langue française, ces chansons font partie de notre mémoire musicale. Vu l'aisance avec laquelle le public entonne de nombreux refrains, Julien Clerc ne joue pas ce soir devant un public qui le découvre. Y a t'il des Français dans la salle ? Quand il reprend "Confidences pour confidences", énorme tube de son pianiste Jean Schultheis en 81, la salle applaudit à tout rompre.

Beaucoup d'émotion également lorsque Julien ouvre quelques grandes pages de la chanson française : Piaf (" L'Hymne à l'amour "), Bécaud (" Et maintenant "), Aznavour (" Sur ma vie ") , Brassens ("J'ai rendez-vous avec vous") et Brel ("La Quête"). Cette dernière reprise, aussi maîtrisée que les autres, ouvre la séance des rappels ponctuée de standing ovations, phénomène peu courant en France…

A la sortie, un Québécois, fan de Julien Clerc depuis longtemps, compare ses impressions avec un Québécois qui lui, ne l'avait jamais entendu avant ce soir. Et leur enthousiasme est exactement le même. Au plus haut. Mais demain, retour dans le monde impitoyable de l' "Anglophonie ", via Vancouver, San Francisco, Los Angeles puis New York. Peu de soucis à se faire cependant pour Julien Clerc qui, s'il a peu de chances de marcher sur les traces américanisées d'une Céline D., trouve à travers cette belle tournée un écho mérité à son talent.