MARC GAUVIN
Breton natif de Rennes et exilé à Bristol, Marc Gauvin vient de livrer un premier album, "Maline Cloé" (East West), très inspiré par la trip hop anglaise.
Bons baisers de Bristol
Breton natif de Rennes et exilé à Bristol, Marc Gauvin vient de livrer un premier album, "Maline Cloé" (East West), très inspiré par la trip hop anglaise.
Quand, après plusieurs expériences dans diverses formations rock rennaises, Marc Gauvin décide de quitter ses terres bretonnes pour la prude Albion, il ne sait pas encore qu'il sera le témoin privilégié de l'explosion de la scène de Bristol, où il émigre, et qui au milieu des années 90, s'enflammait pour le trip hop et des artistes comme Massive Attack ou Tricky... De là, il rencontre Jim Barr, le bassiste du groupe Portishead, puis de nombreux musiciens du cru et des gens du mythique label Cup of Tea, avec qui il finit par sympathiser. Pour la petite histoire, en 1997, il enregistre au J&J Studio de la ville "la Balançoire", un morceau chanté en français et régulièrement joué avant les concerts de Portishead.
Son tout premier album, en vente chez les disquaires français depuis le 30 avril dernier, témoigne finalement assez bien de l'importance de l'expérience vécue sur l'homme et sa musique. Réalisé et composé avec Jim Barr dans le désormais fameux J&J Studio cher à Roni Size, "Maline Cloë" réquisitionne ainsi un parterre garni d'artistes de Bristol, recrutés chez Portishead, Smith & Mighty ou encore Morning Star. Certes, cinq ans après le déluge, les 13 chansons qui composent cet opus ne sont plus d'une folle originalité sur le plan musical. Les arrangements fleurent par endroit le déjà vu, quand ils ne servent pas quelques pénibles exercices drum'n'bass. A l'inverse, il s'agit là du premier essai notable qui consiste à plaquer des paroles en français sur un courant trip hop jusqu'alors entièrement anglophone. Emprunt d'un certain vague à l'âme - le titre de l'album ("Maline Cloë") n'est d'ailleurs que l'anagramme du mot "mélancolie" -, le résultat n'est pas hors sujet pour qui connaît le potentiel émotionnel du trip hop. Au-delà du cadre musical, au mieux monotone et triste ("la Cloche"), au pire ennuyeux ("Kaléidoscope moi"), les textes de Marc Gauvin témoignent d'un style personnel fait de mots simples, fidèle à la technique de Charles Trenet, qu'il dit adorer. Si l'humour décalé s'intercale quelquefois au milieu des plages ("les Ukulélés"), la patte reste néanmoins éloignée de la sophistication obsessionnelle d'un Serge Gainsbourg.
Après une poignée de concerts en France, au mois d'avril, façon tour de chauffe, il semblerait que Marc Gauvin préfère aujourd'hui se ménager et attendre encore un peu avant d'entreprendre une véritable tournée. Un concert à Bristol est toutefois en préparation pour juillet. Wait and see...
Gilles Rio
Marc Gauvin "Maline Cloë" (East West)