Fusion Franco-égyptienne
Répéter aux pieds des pyramides avec des musiciens cairotes et nubiens pour se produire ensuite à l'Opéra du Caire, c'est l'aventure qu'a vécue le groupe nantais Orange Blossom. Une rencontre techno-traditionnelle en compagnie de l'ensemble Ganoub qui permet à des musiciens français d'immerger dans la culture égyptienne. Une "résidence-création", qui loin d'être un mirage, se mue en tournée européenne.
Orange Blossom / Ganoub
Répéter aux pieds des pyramides avec des musiciens cairotes et nubiens pour se produire ensuite à l'Opéra du Caire, c'est l'aventure qu'a vécue le groupe nantais Orange Blossom. Une rencontre techno-traditionnelle en compagnie de l'ensemble Ganoub qui permet à des musiciens français d'immerger dans la culture égyptienne. Une "résidence-création", qui loin d'être un mirage, se mue en tournée européenne.
Au soir d'une nuit étoilée, dans le magnifique théâtre en plein air de l'Opéra du Caire, un groupe nantais Orange Blossom se produit en compagnie d'un ensemble égyptien Ganoub (le sud). L'un joue de la musique électronique, l'autre de la musique traditionnelle. Tout aurait pu les opposer. Pourtant au soir du 10 juin, machines et instruments traditionnels jouent côte à côte. Samplers et arghûl (double flûte en roseau) n'ont plus de frontière.
C'est un projet dont rêvaient depuis longtemps les trois membres d'Orange Blossom, inspirés depuis leurs débuts en 1995, par la musique orientale. Leur rencontre avec les musiciens du groupe Ganoub, bien au-delà d'une simple collaboration scénique, est le fruit d'un travail en commun longuement préparé par la région nantaise et par les instances culturelles égyptiennes. "Nous avons choisi de faire participer des musiciens traditionnels comme Mostafa Abdelaziz, l'un des derniers joueurs d'arghûl ainsi que de représenter la musique de Nubie, elle aussi très ancienne, pour aller à la rencontre de la forme musicale la plus moderne, la techno" explique Ahmed El Maghraby, directeur du Centre égyptien de culture et des arts Yasmina, qui aura piloté de bout en bout le montage de cette "résidence création". On lui doit aussi d'avoir initié et co-réalisé "Mozart l'Egyptien" de Hugues de Courson, disque d'or en France, après sa création à l'Opéra de Marseille en 1997.
Musique pharaonique et électronique
Une voix féminine s'élève. Préalablement enregistrée dans la machine. Orange Blossom déverse son flot de sons collectés lorsque Carlos, son percussionniste, dreadlocks relevés en arrière, djembé autour du cou, commence et frappe fort. Les trois percussionnistes, un Nubien, un Cairote et un Français, (même s'il vient du Mexique) font alors claquer ensemble leurs tablas et dum-dum dans une même résonance. A la programmation et au chant JC (Jean-Christophe Weachter), professeur d'allemand qui a trouvé là une belle reconversion, désarçonne quelque peu le public avec sa gestuelle particulière lorsqu'il invoque la pluie à la manière des Chamans amérindiens!
Un répertoire pour le moins éclectique puisque Orange Blossom mêle aussi bien le rap, qu'un traditionnel bulgare ou de la techno. Chaleureusement applaudi en tous cas par les Cairotes lorsque JC dédie une chanson en bambara à tous les Africains présents ce soir-là. Tout comme la prestation tourbillonnante de PJ (Pierre-Jean Chabot), qui aura ému le public égyptien en violoniste-zébulon, façon derviche tourneur à la mode de Nantes. Avec un regret tout de même, que la langue française se soit faite rare.
Les Nubiens de Ganoub
Mais au pays d'Oum Kalsoum, la voix se devait d'être d'or. Ce sera celle, puissante et chaude de Khedr El Attar, chanteur et joueur d'oud, véritable star en Nubie et même au-delà d'Assouan. Pour l'accompagner, l'accordéoniste Moussa Hassan et Ragab Sadek, joueur de derbouka et de crotales (castagnettes de métal). Le plus ancien des quatre membres de Ganoub, Mostafa Abdelaziz, à 70 ans, est aussi celui de la mémoire de ces instruments ruraux comme le mizmâr, sorte de hautbois terminé par un pavillon conique, ou encore le rabâba, viole à deux cordes de crin avec archet. Un violon pharaonique remplacé par le violon occidental dans la musique savante. Ou comment la musique retourne à ses sources les plus anciennes.
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