Rinôçérôse

Découvert en Espagne, le duo montpelliérain Rinôçérôse publie "Installation sonore", son premier album sur un gros label anglais, V2, crée par le fondateur de Virgin, Richard Branson. Si, de Daft Punk à Air et Cassius, l'Angleterre toute puissante en matière de musiques nouvelles avait révélé au monde entier (la France y compris) les plus beaux fleurons de la scène électronique française, c'est à l'Espagne que le duo de Montpellier Rinôçérôse doit son salut.

House on the Rocks

Découvert en Espagne, le duo montpelliérain Rinôçérôse publie "Installation sonore", son premier album sur un gros label anglais, V2, crée par le fondateur de Virgin, Richard Branson. Si, de Daft Punk à Air et Cassius, l'Angleterre toute puissante en matière de musiques nouvelles avait révélé au monde entier (la France y compris) les plus beaux fleurons de la scène électronique française, c'est à l'Espagne que le duo de Montpellier Rinôçérôse doit son salut.

Dans les années 80, le guitariste Jean-Philippe Freu et le bassiste Patou Carrié usaient leurs cordes au sein des Maracas, combo pop inspiré 60's, de la maigre scène rock montpelliéraine de l'époque (Shériff, OTH…). Mais, après la séparation du groupe en 1993, c'est le label indépendant transpyrénéen Elefant qui les découvre sous leur nouveau visage électronique, bien avant ce premier véritable album, "Installation sonore", sorti mi-avril. En une poignée de maxi confidentiels et une compilation de leurs premiers tripatouillages, "Rétrospective", Jean-Philippe Freu et Patou Carrié mettent alors au point l'étrange équilibre house-dub-pop qui cimente les fondations de leur projet Rinôçérôse - un curieux identifiant, en référence au tableau du même nom, du peintre Gaston Duf, concepteur de l'art brut, interné à l'hôpital psychiatrique sur l'initiative de Dubuffet.

Aujourd'hui, signé par le label britannique V2, Rinôçérôse se présente sous son meilleur jour pour ses débuts en première division pop, car, à vrai dire, cette "Installation sonore" pas si mal construite, s'écoute davantage comme un disque de pop, bien qu'instrumental, que comme un manifeste électronique. Plus proche de l'esprit de Primal Scream ou des Happy Mondays que du calibre French touch, "Installation sonore", qui recèle aussi quelques morceaux typiquement "house" d'un intérêt proche du néant, réussit quelques belles étincelles dans l'iconoclaste riff heavy metal en boucle, sur lit de boîte à rythmes: la "Guitaristic House Organisation", guitare latino paradisiaque: "Mes vacances à Rio", clins d'œil à la musique de western: "Radiocapte" et des séries policières américaines des années 70: "Sublimor". Sans oublier "le Mobilier", remarqué sur certaines radios il y a quelques mois.

Visiblement inspirés par l'air du temps, les Rinôçérôse d'aujourd'hui n'oublient pas complètement les Maracas d'hier. "Rien n'a fondamentalement changé dans notre manière de travailler", reconnaissaient d'ailleurs récemment Jean-Philippe et Patou dans le magazine Les Inrockuptibles. La méthode ? "Même quand on a décidé de supprimer les paroles et de casser ses habitudes d'écriture, on n'abandonne pas dix ans de pop d'un coup de baguette magique. Les textes, chez nous, ce sont tout simplement les guitares qui les font, nous avons recyclé le chanteur en six-cordes. Nous avons gardé une approche assez traditionnelle. En réalité, on met de la "house" sur des guitares, on bâtit tout sur une composition. Très "tendance", il n'est pas dit que cet album, globalement réussi et efficacement groovy, résiste longtemps à l'usure du temps. Qu'importe l'immortalité. Elevé aux Byrds, Velvet Underground, Rolling Stones et autres Beatles, ce duo de trentenaires a trouvé l'ouverture d'esprit suffisante pour épouser de multiples univers et laisser augurer de beaux mariages.

Rinôçérôse Installation sonore (V2/Sony Music) 1999