Québec sur scènes

Tous les jours, depuis le 8 juillet jusqu'au 18, le Festival d'été de Québec offre une palette surprenante d'artistes. Si la francophonie est au centre de la programmation, pas un continent n'est représenté. Vous aimez le hip hop, le rock, la chanson, la salsa, le jazz, la musique baroque ? Accourez braves gens ! Comme dans un grand magasin parisien, on trouve tout au Festival d'été de Québec. Si certains le trouvent trop généraliste, ça ne semble pas être l'avis du public qui y trouve son compte. Mais pourquoi une telle variété ? Seul Jean Beauchesne, maître es-programmation du FEQ pouvait nous expliquer ce choix.

Ou les secrets d'une programmation

Tous les jours, depuis le 8 juillet jusqu'au 18, le Festival d'été de Québec offre une palette surprenante d'artistes. Si la francophonie est au centre de la programmation, pas un continent n'est représenté. Vous aimez le hip hop, le rock, la chanson, la salsa, le jazz, la musique baroque ? Accourez braves gens ! Comme dans un grand magasin parisien, on trouve tout au Festival d'été de Québec. Si certains le trouvent trop généraliste, ça ne semble pas être l'avis du public qui y trouve son compte. Mais pourquoi une telle variété ? Seul Jean Beauchesne, maître es-programmation du FEQ pouvait nous expliquer ce choix.

Comment réalise t'on une programmation qui fait plaisir à tout le monde ?
Très bonne question ! Au départ, on doit donner une perception populaire de l'événement. Pour chaque spectacle, il faut trouver un juste équilibre entre la sélection des contenus, le type de lieu, de parterre, les tendances de satisfaction et d'attente du public. L'attente est beaucoup plus active que la satisfaction qui est plutôt passive.
Le critère important aussi, c'est l'émerveillement. Il faut trouver des trucs qui ont un potentiel attractif important, mais donner aussi le choix au public de voir autre chose, le tout garanti par notre crédibilité. Il faut qu'il y ait à l'intérieur de chaque spectacle les ingrédients nécessaires pour que le public l'apprécie. C'est pour ça que je demande à chaque artiste ou groupe de respecter certaines règles inhérentes aux arts de la scène à savoir de divertir. Pour toute démonstration doublée d'un certain militantisme ou pour des formes musicales plus avant-gardistes, je préfère sentir d'abord que le public et les artistes soient prêts. Prêts pour une rencontre entre les initiés et ceux qui ne demandent pas mieux de connaître à condition qu'on leur présente. C'est aussi ça plaire à tout le monde.

On choisit aussi au cas par cas. Certains types de spectacles sont exceptionnels et doivent être présentés, ne serait-ce que par leur inaccessibilité régionale. Dans le cas des musiques du monde, certains musiciens offrent des répertoires méconnus ou mésestimés. On essaie donc de faire en sorte que ça ne disparaisse pas. Et finalement, cette partie de la programmation créé l'événement par son aspect exceptionnel. Ca sort de la saison régulière.

Est-ce que le festival a toujours été aussi généraliste ?
Oh, il était beaucoup plus généraliste que ça ! Présentement, il est le moins généraliste qu'il ne l'a jamais été. Au début, il y avait du théâtre, de la musique classique, du blues, du jazz, des arts de la rue. Lorsque les événements d'été se sont développés au Québec depuis environ 10 ans, on a été obligé de se spécialiser. Et le festival s'est rabattu sur deux créneaux importants : la chanson francophone et les musiques du monde. Mais on n'a jamais abandonné les arts du cirque ou la musique classique pour des publics plus ciblés, même si pour les institutions et pour les professionnels, on se doit maintenant d'avoir des spécialités.

J'ai l'impression que vous vous donnez comme mission de faire découvrir des gens peu ou pas connus ?
Parce que c'est lié à la notion d'émerveillement. Normalement, la répétition de la même chose devient lassante. Et trop des festivals ont les mêmes programmations.

C'est pour ça aussi que vous développer les créations ?
J'essaie de ne pas programmer le festival comme on va au supermarché. Et pour éviter de faire la même programmation que le voisin, la solution c'est le système d'artiste en résidence et des créations. On demande à un artiste de venir avec un spectacle en cours de création. On traite avec l'artiste du lieu dont il besoin pour créer. Puis du type de salle où il veut montrer sa création. Je prends bien soin de donner un aspect très important à cette formule.

Mais la francophonie reste au cœur de la programmation ?
Oh, oui ! Mais ce n'est pas une francophonie limitée. Historiquement, beaucoup d'artistes comme Joséphine Baker, Diaghilev ou Sidney Bechet, issus de pays non francophones ont illustré leur particularisme en venant en France laquelle a offert un asile culturel à beaucoup de gens. Un américain comme Bob Broznan (photo) se sent très francophile. Il a d'ailleurs participé au spectacle Vive la France le 14 juillet avec le Réunionnais René Lacaille. Broznan préfère tourner en France qu'aux Etats-Unis, plutôt que de se limiter aux diktats d'une certaine clientèle américaine.
Mais je ne veux pas considérer la francophonie comme une notion fermée. Si un Kurde est de meilleure qualité qu'un francophone, ça fait l'affaire bien sûr. La question ne se pose même pas.

Comment au cours de l'année, faites-vous votre choix ?
C'est une question de contacts. Je voyage un peu, je négocie beaucoup. Mais c'est un processus très complexe. On ne peut être sûr du résultat que quelques semaines avant le festival. Mais, on n'est jamais à l'abri des annulations de dernière minute, surtout chez les artistes les plus célèbres qui parfois, résilient le contrat pour un engagement plus lucratif ou plus intéressant pour leur carrière.

Travaillez-vous pour le festival de l'an 2000 ?
Oui, j'y travaille en ce moment même. C'est un travail permanent même si à côté, je suis prof de philo…

Propos recueillis par Catherine Pouplain
Photos : CP

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