FESTIVAL DE LORIENT

Entre fierté bretonne et franquette celte, le XXIXème Festival Interceltique de Lorient trace une route sans surprise mais comme toujours, pavée d'émotions.

Concours et rencontres interceltiques

Entre fierté bretonne et franquette celte, le XXIXème Festival Interceltique de Lorient trace une route sans surprise mais comme toujours, pavée d'émotions.

La première émotion, et la plus belle sans doute, est celle des aficionados (moyenne d'âge inférieure à 25 ans) massés dans le stade de Moustoir pour assister à la troisième épreuve du Championnat National des Bagadoù, ces orchestres de cornemuses, bombardes et batteries, imaginés il y a une soixantaine d'années à l'imitation des pipe bands écossais.

La joie et la colère se succèdent à l'heure des résultats rendus sous une pluie battante. Joie des sonneurs du superbe Bagad de Lokoal Mendon, sacré champion de première catégorie et qui met fin à l'hégémonie du Bagad Kemper. Colère du Bagad de Benzec-Cap Sizun, vainqueur de deuxième catégorie mais qui n'obtient pas son passage dans la catégorie supérieure.

L'émotion régionaliste est d'une autre nature. Elle se repère à la présence du Gwen ha du (le drapeau breton, "blanc et noir") et s'exprime dans les concerts dédiés aux Gilles Servat, Tri Yann ou Dan Ar Braz, nos chers dinosaures qui font pleurer les quadras et battre le cœur des plus jeunes.

L'émotion musicale, enfin, est plus aléatoire. Il est vrai que la programmation pêche un peu par facilité. Elle n'en est pas moins présente, même sur des scènes secondaires. Les Asturiens du groupe Xeluba, par exemple, nous ont offert un beau moment de plaisir. Mais s'il ne faut retenir qu'un concert, ce sera probablement celui du chanteur Denez Prigent, maître de la gwerz, ce chant breton a capella, et converti aux vertus de la musique techno. Servi par une intelligence musicale rare et par d'excellents musiciens (notamment, son joueur de vièle à roue), Denez Prigent a démontré combien la gwerz et l'électro-acoustique étaient faites l'une pour l'autre, unies dans la violence et dans le drame.

Pour ceux qui envisagent de faire un détour lorientais d'ici le 15 août, quelques dates sont à retenir : le mercredi 11, les Américains de Gaelic Storm (rendus célèbres par la bande originale de "Titanic"); le Galicien Carlos Nuñes, virtuose de la gaïta (cousin galicien de la cornemuse) et enfant chéri du festival; et les Bretons pêchus du groupe Ilirio.
Le jeudi 12, reprise d'une excellente création de Jean-Luc le Moign, "Les noces de la cornemuse". Samedi 14 août, on pourra retrouver les Irlandais d'Atlan qu'on ne présente plus, et les Celto-berbères de Taÿfa. Enfin, le 15 août aura lieu la "grande nuit de la Bretagne", manière de grand-messe musicale avec Dan Ar Braz, Gilles Servat, Yann-Fañch Kemner, Didier Squiban et quelques bataillons de sonneurs. Nouvelles émotions garanties.

Jérôme Samuel

Site officiel du Festival