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Depuis quelques mois, un des artistes les plus réservés de la chanson française se dévoile sur la toile. Mise à nu qui ne dépasse cependant guère le cadre professionnel. Non, Francis Cabrel ne s'expose pas comme ça. Et pourtant, c'est de l'imagination de cet homme discret qu'est née l'envie d'un site Internet, lieu d'exhibition par excellence. Le résultat est à l'image du personnage, sobre, élégant et convivial.

Chemins de traverse

Depuis quelques mois, un des artistes les plus réservés de la chanson française se dévoile sur la toile. Mise à nu qui ne dépasse cependant guère le cadre professionnel. Non, Francis Cabrel ne s'expose pas comme ça. Et pourtant, c'est de l'imagination de cet homme discret qu'est née l'envie d'un site Internet, lieu d'exhibition par excellence. Le résultat est à l'image du personnage, sobre, élégant et convivial.

Depuis près de trois ans, le label Sony Music France a créé un département spécial consacré à la fabrication de sites Internet. Aujourd'hui, rares sont les artistes labellisés Sony qui n'ont pas de pages ou de sites. Des plus débutants aux plus starisés, les artistes Sony sont à la pointe de la communication. Mais selon Vincent Gresser, directeur du secteur multimédia chez Sony Music France, "le degré d'implication est différent selon les artistes. C'est un nouveau moyen d'expression et ceux qui s'y intéressent en profitent largement comme Dany Brillant ou Francis Cabrel."

Créer

Dans le cas de Francis Cabrel, non seulement il s'y intéresse, mais le projet de son site, "Chemins de Traverse", "vient de lui et ceci, de longue date", nous explique Benoît Cotte, producteur exécutif au Studio Métamédia et chef de projet du site de Francis Cabrel. "Il est très branché sur le Net. Un jour, il est tombé sur des sites concernant la lutherie et ce fut comme un déclic. Il a compris son intérêt à aller plus loin." Fou de guitares, Cabrel trouve effectivement sur le Net de quoi alimenter sa passion. Pourquoi ne pas en faire profiter ses propres fans via un site Internet ?

"L'idée avait été abandonnée", continue Benoît Cotte, "mais avec la perspective d'un nouvel album prévu pour mars 99, le projet est réapparu." Tous les facteurs étaient effectivement réunis pour la création d'un site autour du travail de Francis Cabrel : le désir d'un artiste, la volonté d'une maison de disques, et l'actualité qui donnait un prétexte à une naissance imminente. "On a répondu à un appel d'offres provenant de Sony Music grâce à un ami photographe, Maxime Ruiz, qui réalise la plupart des pochettes d'albums et des clips de FC. Il désirait proposer un projet complet pour la sortie de l'album Hors Saison(Sony/Columbia). Nous étions en compétition avec trois autres sociétés et c'est notre approche éditoriale qui nous a fait remporter l'affaire et aussi l'implication qu'on désirait donner à FC dans le projet. Tout s'est alors passé très vite. C'était en octobre 98 et la première mouture du site est sortie le 4 mars 99."

Ecrire

La grande réussite de Métamédia, c'est d'avoir réussi du premier coup à imaginer un projet qui collait au personnage de Francis Cabrel. "Nous ne le connaissions pas. On a pu en parler avec Maxime qui lui, le connaît très bien. Nous sommes donc arrivés avec un projet ouvert sans essayer de l'intégrer dans un moule. C'est vrai que le projet initial est resté tel quel. Rien n'a été changé. Nous avons peut-être été visionnaires."

Et quel est le rôle de Sony dans la mise en place de l'ensemble ? "Sony Music France est notre client direct. Le site est sur leur serveur. Mais sur le contenu, ils sont peu intervenus. Il y a plutôt eu une surveillance sur le ton, sur le contenu rédactionnel, et par les gens qui s'occupent de Francis et par Francis Cabrel lui-même qui relit tous les textes qu'on met en ligne."

L'approche éditoriale qu'évoque Benoît Cotte plus haut, c'est une priorité faite au contenu, et en particulier au texte. Le plus bel exemple est le suivi quasi-journalistique du travail de Francis Cabrel lors de l'enregistrement de son album. Au jour le jour, depuis mars 99 jusqu'aux derniers jours de juillet, l'internaute peut suivre et visualiser presque en temps réel les étapes de la naissance du disque, des séances de studio puis du tournage des clips et sans doute plus tard, de la tournée. Extraits sonores, vidéo, photos et textes, la présentation générale est impeccable, précise et accueillante.

"Francis Cabrel a travaillé avec nous sur plusieurs parties du site. Il s'est aussi laissé filmer lors de l'enregistrement de l'album. Ainsi, tous les ingrédients étaient réunis pour réaliser le carnet de bord dont on avait eu l'idée dès le départ. On a eu la chance que tout se passe bien et d'avoir tous ces éléments pour les intégrer sur Internet."

Être

A l'instar d'un Jean-Louis Murat, Francis Cabrel ne pouvait qu'être séduit par ce média qui permet de communiquer tout en restant caché. "Le but, c'était d'ouvrir une porte afin qu'il s'exprime à travers ce média", continue Benoît. "Tout s'est fait par accord tacite, petit à petit, sans s'imposer."

C'est ainsi que de page en page, Francis Cabrel se livre, par petites touches, par petits clics. Il parle de son village, de la musique, d'Internet, des voyages, de ses filles. Une partie des textes a été écrite spécialement par Francis Cabrel. Les liens sont nombreux et donnent tout son sens au nom du site, "Chemins de Traverse". Visiblement, le souhait de Francis Cabrel est d'ouvrir son site aux chanteurs qu'il produit sur son label Cargo Music (sites de Vincent Baguian ou de Michel Françoise), aux luthiers (pages entières consacrées aux guitares) et même aux sites de fans qui lui sont consacrés. Cabrel se veut un hôte discret qui donne la parole aux amis.

Equilibre donc entre un aspect strictement promotionnel du site et un voyage plus intime dans l'univers du personnage. Peut-être une autre forme de promotion ?

Ecouter

Vidéos, extraits sonores, le site permet bien sûr de plonger dans le répertoire passé et présent de Francis Cabrel, mais malheureusement dans les frustrantes limites de 30 secondes par titre. Sur ce point, deux écoles s'affrontent. Chez Sony, sous couvert de protéger la qualité, on cherche à protéger les droits des artistes. Vincent Gresser : " Ni le juridique, ni le technique ne nous permettent d'être assurés de la protection des œuvres de nos artistes. Nous essayons donc de nous couvrir en amont. On sait très bien que la technologie actuelle ne permet pas de télécharger rapidement ni d'avoir une bonne qualité donc on préfère mettre des extraits pour ne pas dénaturer les titres avec une connexion modem." Finalement, la vraie angoisse c'est la copie pirate : "En fait le danger de la piraterie provient d'une infime partie de la population. Peu de gens sont actifs mais on ne peut pas contrôler la diffusion qui peut être énorme à partir de quelques copies seulement."
Pour Benoît Cotte, ce problème "ne semble pas être très logique. Nous étions déçus de ne pas avoir accès à l'intégralité des titres. C'est effectivement un peu irritant quand on se met dans la peau de l'internaute. Ça devrait beaucoup changer dans l'avenir proche. Les maisons de disques devraient étudier ce qu'elles peuvent faire avec ce potentiel audio et vidéo. Mais sur ce site, il y a peut-être trop d'intervenants pour s'entendre là-dessus."

Continuer

De toutes évidences, "Chemins de Traverse" est destiné à perdurer au-delà de la promotion de Hors Saison. "Il y aura des tournages de la tournée, donc nous continuerons peut-être l'esprit du Carnet de bord en le transformant en Carnet de route", avance Benoît Cotte. "Au-delà de ça, ça dépend de la volonté de continuer de tout le monde". Créer un site c'est une chose, mais en assurer la maintenance et la mise à jour est le point faible de nombreux sites. C'est dès le départ, qu'il faut prévoir la suite : "Avoir les moyens de créer un vrai projet avec des mises à jour, des choses qui se passent, un canal ouvert, ça demande une implication totale de l'artiste. Ce qui est intéressant, c'est de former les artistes à entretenir les sites eux-mêmes."

Perspective sans doute un peu utopique, mais Francis Cabrel fait partie de ces artistes qui ne dédaigneraient sans doute pas mettre la main à la pâte s'ils en avaient le temps. Comme il le raconte sur son site, il voit Internet comme un "village planétaire, la toile d'araignée à laquelle tout le monde est connecté... Il y a là-dedans un côté magique et époustouflant qui m'a vraiment collé au mur".

Village ? Pour l'habitant d'Astaffort qu'est Francis Cabrel, c'est une vision du phénomène qui, et ce n'est pas un hasard, se retrouve tout au long des pages aux couleurs chaudes, aux liens ludiques, aux photos joyeuses et à l'info accueillante. Peu de sites consacrés aux artistes ont réussi ce pari de refléter d'aussi près une personnalité et un tempérament.

Photos : Maxime Ruiz (extraites du site de Francis Cabrel)