Techno Parade
La Techno Parade achèvera samedi 18 septembre 1999 à Paris, une semaine consacrée aux musiques électroniques. Deuxième édition du genre, elle confirme déjà sur le papier la créativité des différents acteurs de la scène avec pour cette fois une diversité musicale plus affirmée.
Deuxième du genre. Un panorama des musiques électroniques
La Techno Parade achèvera samedi 18 septembre 1999 à Paris, une semaine consacrée aux musiques électroniques. Deuxième édition du genre, elle confirme déjà sur le papier la créativité des différents acteurs de la scène avec pour cette fois une diversité musicale plus affirmée.
Il y a un an, le pari devenait réalité. Un parcours long de 5,7 kilomètres dans Paris voyait défiler trente chars pour se terminer par une rave gigantesque Place de la Nation. 200.000 personnes. Les réseaux de téléphones portables étaient saturés ; au son de chaque char, la route se pavait de trépidations festives. Depuis que de chemin parcouru ! Courant accepté ou grand cirque ? En tout cas la musique électronique marque son emprise sur les esprits. Les génériques d'émissions de télévision, les publicités, les films... prennent en compte la tendance.
La Techno Parade clôt une année bien chargée au niveau européen. Le festival de Sonar, à Barcelone en Espagne "ouvrait le bal fin juin" et c'est Paris qui a l'audace de conclure. La comparaison avec la Love Parade de Berlin affleure toujours sur les lèvres. Même Zurich est en lice. Mais Paris peut être fière de ses attributs techno.
Cette année, plus de quarante chars, autant de dance floors, sont attendus avec les meilleurs DJs et formeront sur le site d'arrivée 90.000 m². Ce qui s'était terminé l'an dernier, par un festival de "casseurs" Place de la Nation, comme un gigantesque traquenard pour les aficionados, se déroulera cette année sur la pelouse de Reuilly et dans différents clubs et salles parisiennes. Une organisation millimétrée pour une manifestation, qui quand même, n'est pas exempte de débordements. Comme toute manifestation.
Plus de 40 chars défileront
Des quarante chars issus de tous les horizons géographiques et musicaux de la Techno, chacun pourra partir à la quête de son style, son genre et même son pays d'adoption musicale. Car si cette techno parade se déroule sur Paris et si la capitale est toujours montrée du doigt pour son cannibalisme culturel, différentes régions de France seront là. Et bien là. Le char nancéen de l'an dernier avait marqué les esprits par sa noirceur et son ambiance gothique. Paris et ses salles avec Laurent Garnier, Manu Le Malin, Phunky Data, etc, imposent toujours leur emprise. Mais des villes comme La Rochelle, Bordeaux, Dijon, Bayonne, Rouen, Avignon, Le Havre, Montauban et Marseille (avec Jack de Marseille, bien sûr) éternelle rivale de la Capitale, ne seront pas en reste.
La Techno Parade montre à souhait que Paris n'est plus qu'un point de ralliement, une facilité géographique européenne et internationale. Londres (avec The End, club londonien éminemment reconnu), Brixton, Bruxelles, Genève, et des DJs croates décentreront la France. Mais c'est la FIDH (Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme) qui remportera sans doute la palme de l'éclectisme. Aussi bien par rapport à sa vocation de départ que dans l'accueil qu'elles offrent aux musiques électroniques. "Tous les hommes dansent libres et égaux" fait monter à bord afin de les promouvoir (soyons tous pour les Droits de l'Homme) des DJs sud-américains. Sur le thème d'une île dérivant d'un continent à l'autre, les groupes Zuco 103 (Amsterdam/Rio), Sinpalabras et P18 (Cuba) et les DJs Fred Galliano, Trip do Brasil (DJ Cam et Armand) Antoine Chao et Nikoloz Machaidze (Découvertes Est RFI) seront là, sous l'égide de la FIDH pour que nous dansions libres et égaux.
Et s'il fallait aller se coucher ?
Pour terminer la soirée, comment faire son choix dans ce qui, cette année, s'annonce déjà comme d'un éclectisme forcené ? Voir Goldie, le pape de la jungle à Bercy ? Revoir Laurent Garnier dans son antre (le Rex Club) ? Se faire une soirée au Queen pour en être ou aller au Zénith pour groover avec des DJs américains comme Carl Cox et Jeff Mills, imparable réveilleur de groove intérieur ?
Les Américains, pourtant précurseurs de la scène techno avec deux villes symboles comme Détroit et Chicago seront en nombre restreint. Si ce n'est pas un effet roquefort, cette Techno Parade est résolument européenne. Un événement qui se bonifie puisque l'an dernier la scène était essentiellement techno et cette année, la house et la jungle auront plus d'espace. Mouvement de normalisation ou panorama éclectique pour toutes les bonnes oreilles ? A vous de juger sur place. Et surtout n'omettez pas un bon after au Batofar, la Seine vous indiquera que tout coule de source ou encore qu'on n'arrête pas un courant aussi fluide.
Emmanuel Dumesnil