NORVEGE : FESTIVAL DES MUSIQUES ELECTRONIQUES
A la pointe nord de l’Europe, la Norvège offre un panorama fabuleux. De quoi rendre des gens heureux. Pourtant le voyage a eu lieu à l’intérieur du pays. En boîte, au milieu des Norvégiens pour écouter des dj’s français. « Le big sloppy kiss » (le gros baiser mouillé pour la traduction littérale) du 8 au 10 octobre a réuni des artistes norvégiens et français. Une rencontre pour briser les trop attendus poncifs sur la french touch.
Le big sloppy kiss disent-ils…
A la pointe nord de l’Europe, la Norvège offre un panorama fabuleux. De quoi rendre des gens heureux. Pourtant le voyage a eu lieu à l’intérieur du pays. En boîte, au milieu des Norvégiens pour écouter des dj’s français. « Le big sloppy kiss » (le gros baiser mouillé pour la traduction littérale) du 8 au 10 octobre a réuni des artistes norvégiens et français. Une rencontre pour briser les trop attendus poncifs sur la french touch.
Pour un premier contact avec le pays, l’aéroport d’Oslo fera très bien l’affaire. Tout en long, aéré, propre, neuf avec peu de circulation humaine. Pas de foule, pas de masse. La ville n’est pas loin. La ville à la campagne ou la campagne à la ville ; Oslo est calme, très calme. Et seulement en apparence. Les Norvégiens rattrapent le week-end ce qu’ils n’ont pu faire la semaine. Ils font la fête. Mais seulement jusqu’à trois heures.
Le Centre Culturel Français d’Oslo, en collaboration avec Radio Paris Oslo a organisé entre le 5 et le 10 octobre une opération de promotion. Fort de soutiens institutionnels (l’Association Française d’Action Artistique –AFAA, le Ministère des Affaires étrangères et le Bureau Export de la musique Française), la musique électronique française était à la fête. Lors de trois soirées, à Stavanger, Oslo et Bergen, ils se sont relayés : Alex Gopher, I:Cube, Claude Monnet, Kid Loco, Bob Sinclar (avec Chris Le French Kiss et DJ Yellow), Gilb-r, les Kojak, DJ Deep et DJ Volta. S’amuser, tester leur notoriété, voir la scène électronique norvégienne, chacun venait un peu se tester et chercher un nouveau public.
Reclus… perclus
Cette opération n’était pas seulement l’occasion de venir faire danser les Norvégiens. C’était aussi le moment de rencontrer ses artistes et même de travailler avec eux. Durant quatre jours en résidence à Kristiansand, sous la direction artistique du producteur Jan Bang, DJ Volta, Per Martinsen, Bjorn Torske, Strangefruit, Torbjorn Bruntland, Kong Ola et Espen Berg se sont réunis. Quelques trois-quatre morceaux ont pu être travaillés. Une sortie disque en février 2000 officialisera cette rencontre.
Au-delà de l’esprit festif de ces quelques jours, l’opportunité était donnée aux plus courageux de suivre deux conférences sur la culture techno. Si les débats attirent peu, c’est peut-être parce que la musique est ailleurs. Les abîmes philosophiques ne sont guère tentants. Beaucoup de pensées et de concepts. Le plus intéressant des rencontres aura sans doute été ce témoignage d’un producteur norvégien affirmant que la musique électronique française le faisait sourire, le rendait joyeux. Communiquer sa joie de vivre peut alors être un objectif en soi…
Une explosion de genres… éclectisme
De Stavanger à Bergen, chacun a pu rencontrer son public. Avec quelques déceptions quelquefois.
Ainsi Gilb-R a été programmé à Stavanger dans un lieu à forte dominante trance. Conclusion : la salle était vide. A Oslo, la déception pointait à nouveau son nez mais il est vrai que dans une salle attenante Erot et Bjorn Torske avaient réuni tous les Norvégiens connaisseurs. Et à Bergen, le fait de rassembler tous les artistes dans un seul et même lieu, un dimanche soir, a sans aucun doute trop décimé les troupes présentes. Gilb-R aurait-il un set trop pointu, trop privé ? Peut-être était-il trop technique et démonstratif mais il y avait de quoi faire bouger son corps.
De même Bob Sinclar et I:Cube sont restés à jouer devant un public restreint.
Ces questions-là Kid Loco et Kojak n’ont aucune raison de se les poser.
Kid Loco était déjà venu en Norvège et donc il peut jouir d’une certaine notoriété. D’ailleurs à Bergen, ses deux sets étaient pleins, alors qu’à sa pause la salle s’était vidée sur Gymbag un DJ norvégien. Sa présence et son set très enlevé, varié, du hip hop en passant par des morceaux funky, pour finir sur des morceaux rap complètent ses différents albums. Une autre facette en symbiose avec les danseurs.
Les Kojak sont incontournables en concert. Rodés, ils le sont déjà depuis plusieurs mois. Toutes les salles peuvent leur convenir. Tous les publics aussi. Un chanteur chaleureux, souriant, communicatif et un son impeccable qui mettent bien en valeur leur house tonique.
Pour Alex Gopher, la question pouvait se poser. Son album n’est sorti qu’il y a un mois. Et puis là c’est un mix pas un concert. Alors il a fallu ruser avec intelligence : insuffler de-ci de-là des titres de son album comme faire un tour d’horizon assez complet de toutes les musiques dansantes : des années 70 jusqu’à introduire un morceau de M (Mathieu Chédid). Un panorama éclectique, un brassage brillant. Beaucoup de sourires sur tous les visages.
Au final, seul DJ Volta a apporté un peu d’urbanité dans ses sets. De ses aspects les plus dansants, DJ Volta retire la substantifique moelle. Il met un plus de hargne et d’énergie dans les corps. Il rend son urbanité aux villes norvégiennes. Et c’est peut-être ce qui manquait.
Reportage texte et photos
De notre envoyé spécial
Emmanuel Dumesnil