FRANCE D'AMOUR
Québec, 3 novembre 99.
Une Québécoise chez Victor Hugo
Québec, 3 novembre 99.
Devenir Esméralda, dans la nouvelle distribution de "Notre Dame de Paris" qui a débuté le 12 octobre à Montréal, n'a pas fait peur à France D'Amour qui a lu la version originale de l'œuvre de Victor Hugo, regardé minutieusement les deux plus récents films sur le sujet et vu sept fois la méga production québécoise tant à Paris qu'à Montréal. Autant dire que cette jeune chanteuse, nommée parmi les Meilleures interprètes féminines 99 au gala de l'ADISQ, tient à donner une nouvelle image d'elle-même et de son rôle. Retour sur le parcours d'une artiste chouchoutée par les Québécois.
Le défi est gigantesque pour cette jeune auteure-compositeure-interprète qui en 98, avec son troisième album "Le Silence des roses" (bientôt en France chez BMG, au Québec chez Tacca Musique), avait déjà pris un virage sans pour autant renier son statut de rockeuse : "Le rock, ce n'est pas le volume des amplis, ni celui des guitares électriques. Je sais que cet album est le plus intense, le plus libre de tous".
C'est Steven Drake, guitariste du groupe The Odds et maître d'œuvre de Tragically Hip qui réalise cet album. Moins rock et plus intime que les précédents "Animal" (92) et "Déchaînée" (94/Tacca Musique), "Le silence des roses" est définitivement son meilleur album. Sa voix y est plus nuancée, les textes plus recherchés. Elle n'hésite pas à se donner corps et âme et à s'insurger contre les mauvais plis de notre époque. "Je me rends compte que la confusion de la période actuelle a un rapport direct avec le mensonge quotidien. Que la simplicité a un rapport avec la vérité. La chanson "Si c'était vrai", en ce sens, est une façon tordue de nous dire que nous nous sommes nous-mêmes foutus dans la merde". A cette quête de vérité, elle ajoute ses réflexions très personnelles sur l'amour, la religion, la douleur aussi avec des pièces comme "Je t'aime encore", "En silence", "Les sables mouvants" qui témoignent de profondes blessures.
C'est qu'avant d'en arriver au succès et à la reconnaissance, la belle France est passée par des chemins souvent difficiles. Enfant abandonnée à sa naissance, elle fuit son foyer adoptif à 14 ans et donne vie à son fils François à 20 ans. Comme pour la très grande majorité des artistes québécois, elle a fait ses classes dans la plus intraitable des écoles, celle des bars de Province où elle a du apprendre à convaincre et à s'imposer. Une expérience qui l'aide aujourd'hui à affronter le stress des représentations de NDP qui s'enchaînent sept jours sur sept depuis début octobre, sans compter que son album va sortir en France et qu'une tournée de promotion est déjà planifiée."La discipline me fait un peu peur mais à ma façon je suis disciplinée. Je ne suis pas incontrôlable mais j'aime disposer d'une certaine liberté dans mes horaires et dans mes agissements.".
Après Hélène Ségara un tantinet égratignée par la critique québécoise, France d'Amour a vite fait de réajuster le costume d'Esméralda et même de faire ajouter une nouvelle chanson pour la nouvelle version québécoise. "Esméralda est une fille libre, une fille de la rue. Elle a une passion pour la vie. Elle est honnête, intègre. Son côté sauvage et libre colle avec moi, mais elle est trop naïve." Blessée par la vie, France D'Amour y a gagné une sensibilité qui lui vaut un public fidèle. Parions qu'il risque de s'élargir avec la sortie française de son album.
Pascal Evans (à Québec)
"Notre-Dame de Paris" à Montréal jusqu'au 5 décembre au Théâtre St Denis, puis en tournée.