UN FESTIVAL FRANÇAIS À NEW YORK

New York, le 23 novembre 1999 - Neuf sur dix, (parce que rien n'est jamais parfait), c'est la note que l'on pourrait attribuer à la Knitting Factory qui renouvelait ce dernier week-end, l'expérience déjà réussie l'année dernière du French Touch Festival. Trois jours non-stop de musique, dans un lieu où passer d'un étage enfumé à un autre avec son verre de vodka à la main fait partie du décor.

Vous avez dit French ?

New York, le 23 novembre 1999 - Neuf sur dix, (parce que rien n'est jamais parfait), c'est la note que l'on pourrait attribuer à la Knitting Factory qui renouvelait ce dernier week-end, l'expérience déjà réussie l'année dernière du French Touch Festival. Trois jours non-stop de musique, dans un lieu où passer d'un étage enfumé à un autre avec son verre de vodka à la main fait partie du décor.

Dans une ville où les quartiers se réinventent continuellement, il est préférable de ne pas s'attacher au lieu dans lequel vous avez passé une bonne soirée la veille, car il y a de fortes chances pour que le lendemain, vous vous retrouviez devant une brand new (toute nouvelle)... Pizzeria, par exemple! En revanche, sur Leonard Street, coincée entre West Broadway et Church pour ne pas dire entre rien et nulle part, la Knitting Factory coule des années heureuses ! Rien ne semble venir effleurer la paisible atmosphère qui règne sur cet endroit modeste. Ici, se retrouvent régulièrement artistes et musiciens de tous bords, pour exprimer leur art avant tout, mais aussi quelquefois, uniquement pour boire un verre et refaire le monde.

Ce week-end, c'est la France qui est au rendez-vous à la Factory, via la deuxième édition du French Touch Festival, et par la même occasion ses "enfants". De passage, pour ceux qui se produisent sur scène, et "expatriés résidents", pour ceux qui s'expriment et s'accrochent péniblement au bar. (N'oublions pas que la veille, l'arrivée du Beaujolais nouveau a été célébrée pratiquement autant que la récente participation de la France à la finale de la coupe du monde de rugby!). Plus patriotes et solidaires que jamais donc, nous voici tous réunis ici pour écouter nos artistes. Eux aussi, plus ou moins nouveaux arrivants sur la scène musicale professionnelle.

Plus ou moins, car au cours de ces trois jours de French Touch Festival, un "vieux de la vieille" était de retour, le célèbre batteur et compositeur Christian Vander, père fondateur en 1969 du groupe Magma. Après avoir connu des hauts et des bas, des fusions et des changements de look, depuis 96, de nouveaux musiciens composent le groupe, et Vander est toujours là, plus fidèle que jamais. N'a t-on pas toujours dit que la musique de Magma est éternelle ?

Outre les vieux routards, on a pu noter également, au cours du week-end, la rigueur et la volonté des nouveaux venus. La prestation de Bel Air et de sa belle avait des accents du passé. Un peu Gainsbourg, un peu Jacno, et des paroles intelligentes, on regrettera seulement la passivité du batteur qui, sans aucun doute, était lui aussi arrivé la veille... peut-être même avec la cuvée.

Jérôme Minière, lui, bien arrivé mais pas avec tous ses câbles! Dommage, pour de la musique électronique. Ça aussi, c'est un métier! Après une vaine tentative d'explication "franglaise", la bonne fée "bidouille" a fait son apparition et tout le monde n'y a vu que du feu.

Laissons le Old Office pour se rendre à l'étage, au Tap Bar. Là, les concerts sont gratuits, (cela dit, à raison de $5 pour les spectacles des autres étages, on est tout de même loin des soirées ruineuses du haut de la ville où le simple verre de jus de fruit, pour ceux qui ne peuvent se payer le luxe d'un cocktail bien shaké, est déjà sujet à dispute). Surprise également, c'est là que l'ambiance et la musique donnent à la soirée une saveur presque plus enivrante qu'en dessous (là ou l'on paie)! On parle français dans tous les coins et recoins, et en même temps, on jette un œil aux expos installées là pour l'occasion.

Le samedi soir, c'est l'apothéose, les mollets se durcissent, il devient de plus en plus difficile de passer d'un étage à l'autre. Et pourtant, entre Frédéric Galliano et son sextet électrique accompagné de la superbe Hadja Kouyaté, Nicole Renaud et la toute jeune Delphine qui tente désespérément, dans le bruit, de rendre hommage à capella à Brel et Piaf, je ne sais plus à quel étage me vouer. D'autant qu'il reste encore les prestations de Yann Tiersen, de Schizotrope et de David Lynx pardon pour les autres, mes jambes ne répondent plus, mon verre est terminé.

Bravo à toute l'équipe, si vous n'avez qu'un neuf, c'est pour mieux vous encourager à remettre ça l'année prochaine!

Myriem WONG

La Knitting Factory en ligne