Youssou, homme d'action

Si son nouvel album, "Joko", se fait attendre depuis des mois sur le marché international (sortie prévue chez Small / Sony, le 25 février) Youssou N'Dour ne s'est pas pour autant croisé les bras. L'ambianceur n°1 du Sénégal continue à s'investir dans des tas de projets, faisant toujours sienne la devise "vivre et travailler au pays". Les 12 et 13 novembre, il participait à la deuxième édition du festival DK 24, une manifestation qu'il conçoit "comme une étape du développement structurel de la musique au Sénégal".

L'agitateur culturel du Sénégal

Si son nouvel album, "Joko", se fait attendre depuis des mois sur le marché international (sortie prévue chez Small / Sony, le 25 février) Youssou N'Dour ne s'est pas pour autant croisé les bras. L'ambianceur n°1 du Sénégal continue à s'investir dans des tas de projets, faisant toujours sienne la devise "vivre et travailler au pays". Les 12 et 13 novembre, il participait à la deuxième édition du festival DK 24, une manifestation qu'il conçoit "comme une étape du développement structurel de la musique au Sénégal".

Chaud devant! You n'arrête pas une seconde, il s'agite de tous côtés. Si par hasard on le retenait au coin de la rue, pour un contrôle d'identité, à la question saugrenue "et à part chanter, vous faites quoi dans la vie?", il saurait quoi répondre. Ambassadeur de l'UNICEF, auteur de l'hymne officiel de la coupe du monde de football, compositeur de la B.O. de "Kirikou", il est surtout le prototype de l'artiste sachant gérer en main de maître sa carrière. Il n'a de cesse de prendre à revers le défaitisme ambiant et les difficultés locales, s'investit dans des tas de projets. Rappel des faits. "C'est une fierté pour moi d'avoir pu faire cet album de A à Z dans mon propre studio" déclarait-il en 1994, lors de la sortie de "The Guide (Wommat)", entièrement conçu à Dakar, enregistrement (comme le précédent) et mixage. "Il est important que les choses partent d'ici. C'est la ligne que j'ai choisi depuis le début".

Hier (en 1984), il créait une société, la SAPROM, achetait du matériel et devenait son propre producteur. Moins de dix ans plus tard, il inaugurait en plein centre de Dakar son studio. Celui-ci a été remplacé par un autre, il y a un an, construit à l'extérieur de la ville. Encore plus grand, encore plus performant. C'est de là que sortent toutes les productions de Jololi, le label discographique qu'il a créé pour signer des artistes locaux. La première signature en fut Cheikh Lô et à ce jour, le catalogue compte déjà douze titres.

Les 12 et 13 novembre, en collaboration avec le festival Afro-Project de Wurzburg en Allemagne, ville jumelée avec Dakar, Jololi présentait toutes ses jeunes pousses, plus quelques anciens du paysage musical sénégalais, dans le cadre du festival DK 24. Soit vingt-quatre heures de musique à dominante acoustique (le thème choisi pour cette seconde édition) proposée sur une scène installée dans les jardins de la maison de la culture Douta Seck, ancienne résidence du premier ministre au temps de Senghor.
De Cheikh Lô au salsero Labbah Sosseh, de la coqueluche du moment Alioune Mbaye Nder au rappeurs Bidew Bou Bes, près d'une vingtaine de groupes et chanteurs sont annoncés, sans compter Lokua Kanza, invité spécial de cette édition et Youssou lui-même, le véritable instigateur de la manifestation : "Pendant dix ans, le premier week-end du mois de mars, j'ai fêté l'anniversaire du Super Etoile par un grand concert. C'était alors l'événement musical majeur ici. Ensuite, les années suivantes, je suis passé à autre chose. Je donnais rendez-vous à mon public chaque 25 décembre au stade Demba Diop. 30 à 40.000 personnes se déplaçaient. J'ai encore voulu changer et donc imaginé DK 24". Un festival évidemment largement présenté dans les médias les 12 et 13 novembre, week-end particulièrement riche à Dakar, puisqu'outre le concert d'Alabina, finalement annulé (suite, dit la rumeur, aux pressions de l'Ambassadeur du Liban et de l'imam Moneim El Zein), Lucky Dube se produisait au Stade de l'Amitié, tandis que le centre culturel Blaise Senghor recevait un festival de musique afro-cubaine.

Le monde des médias est une galaxie qui interpelle depuis quelque temps Youssou N'Dour. Avec deux associés, il a monté un groupe de communication, COM7 SA. Pour lancer d'abord, en octobre 98, L'Info 7, "un quotidien neutre, d'informations générales", puis une radio à format musical, 7 FM, sur laquelle se branchent tous les taximen. Une radio dont la force, par rapport à ses concurrentes locales, est d'être implantée au cœur de la cité, avec une antenne installée et des émissions enregistrées au beau milieu du marché Sandaga.
Petit à petit COM7 s'agrandit. Deux autres supports viennent d'être lancés : un nouveau quotidien, Le Populaire et un hebdomadaire, 7 Week-End.

Youssou N'dour rêverait-il par hasard de devenir un magnat de la presse, de tenir des leviers de la communication au Sénégal? Evidemment non jure-t-il : "Je n'ai aucune influence sur le contenu des journaux. Je les découvre comme tout le monde. Quant à la radio, cela fait des mois que je ne m'y suis pas rendu. De temps en temps, même, ils m'appellent pour savoir si vraiment je les écoute."