Comores et Maroc
Paris, le 21 décembre 99 - Soubi sera ce soir mardi au Cithéa, à Paris, avant de participer au festival Africolor de Saint-Denis.
La diagonale du Fou
Paris, le 21 décembre 99 - Soubi sera ce soir mardi au Cithéa, à Paris, avant de participer au festival Africolor de Saint-Denis.
Soubi est arrivé, frigorifié, de ses Comores qu'il quittait pour la première fois. Soubi est chaudronnier. On lui avait bien dit qu'il faisait froid en France. Mais, à ce point, il ne pensait pas. Maintenant, il comprend pourquoi les Blancs ont l'air heureux, quand ils débarquent dans son pays. Maintenant il sait que même si tout n'est pas rose au pays, au moins il y fait chaud. Mais comment peut-on donc vivre ici ?
Mais s'il est là, c'est grâce à l'obstination du journaliste Soeuf Elbadawi qui s'est d'abord battu pour réunir sur un même disque tout ce qui reste de l'héritage musical des Comores. Puis à l'entêtement de Philippe Conrath, programmateur du festival Africolor. Et à l'ouverture d'esprit des gens du Cithéa, café branché qui ne rejette rien, de la techno à l'acoustique, pour peu que le talent soit au rendez-vous.
Bref, venez vous rafraîchir les oreilles. Et si vous êtes décidément trop loin pour participer à la fête, procurez-vous l'excellent CD de la collection "Musique du Monde", paru chez Buda : "Musiques Traditionnelles des Comores".
Et puisqu'on est chez Buda, souffrez qu'on s'y arrête encore un peu avec une nouvelle galette qui vient de sortir, intitulée "Suites marocaines". C'est un live atypique, car entièrement enregistré à Paris, dans le cadre du "Temps du Maroc". Le tout au Couvent des Cordeliers où, comme l'écrit Jérôme Samuel "six semaines durant ce lieu qui tient à la fois du salon de musique et du café oriental a accueilli des musiciens marocains et français venus partager leur musique. " Rencontres audacieuses, mêlant Ray Lema et Gnaouas, Naziha Meftah et Françoise Atlan, Ahmed Essyad et Saïd Chraïbi…
Et si, par leur étalement dans le temps, ces différents concerts laissaient digérer leur hétérogénéité, on pouvait craindre qu'un CD unique ressemblât trop à un inventaire à la Prévert. Mais l'alchimie s'est faite, et le tout s'écoute sans le moindre froncement de sourcil.
Reste la question essentielle : lequel de ces deux disques choisir comme cadeau de Noël : Les Comores ou le Maroc ? Allez, prenez les deux : Buda vous fera sûrement un prix.
JJD