LE TOP DE LA RÉDACTION
Paris, le 31 décembre 1999 - A l'époque des rétrospectives, des ceci du siècle ou des cela du millénaire, le noyau dur du site RFI Musique s'est interrogé. Et nous ? Quels sont les artistes, les albums, les chansons, les concerts qui nous ont fait vibrer ? Certains se sont concentrés sur 99, d'autres ont regardé plus loin dans le rétro… En attendant d'évoquer vos chansons du siècle dans quelques jours, voici nos propres coups de cœur. Un vrai patchwork!
L'équipe de RFI Musique dévoile ses préférences
Paris, le 31 décembre 1999 - A l'époque des rétrospectives, des ceci du siècle ou des cela du millénaire, le noyau dur du site RFI Musique s'est interrogé. Et nous ? Quels sont les artistes, les albums, les chansons, les concerts qui nous ont fait vibrer ? Certains se sont concentrés sur 99, d'autres ont regardé plus loin dans le rétro… En attendant d'évoquer vos chansons du siècle dans quelques jours, voici nos propres coups de cœur. Un vrai patchwork!
RODOLPHE BURGER, "Meteor Show",
par Emmanuel Dumesnil (rédacteur)
Déjà en 1998, avec "Samuel Hall", morceau offert à Alain Bashung, Rodolphe Burger avait attiré notre attention : une manière d'arranger une rythmique électronique, grasse, moelleuse mais avec une abstraction digne d'un faiseur de son. En juin 1999, il affine et peaufine ses ambitions en compagnie de Doctor L. C'est l'album électronique chanté français, "Meteor Show" avec des reprises des Rolling Stones ("Play with fire"), de Bob Dylan ("Mooshiner"), de Jimi Hendrix ("Hey baby) et bien sûr des compositions personnelles avec la collaboration inévitable en écriture d'Olivier Cadiot, Thomas Lago, Blake.
BISSO NA BISSO, "Racines",
par Valérie Passelègue (rédactrice)
Ceux qui ont eu tendance à zapper sur Passi et son Ministère Amer, se sont peut-être rattrapés avec le collectif Bisso Na Bisso. Retour aux "Racines" congolaises avec un CD qui allie musique africaine et hip hop version grand public. Les ados ont repris allègrement et en cœur "Bisso Na Bisso" en en faisant un des tubes du début d'année. Du coup, on s'y est mis aussi!
GAINSBOURG, "Aux armes, etc.",
Par Pierre René-Worms (photographe/responsable photo)
La Marseillaise version reggae ?
Il fallait oser, Gainsbarre l'a fait.
Un petit voyage initiatique à la Jamaïque à la fin des années 70, une rencontre avec la bande à Marley et l'éternel dandy provocateur de la chanson hexagonale a donné une nouvelle vie à notre hymne national.
N'a t'il pas à cette occasion, ouvert la voie à toute une génération d'artistes partie depuis lors à la découverte des musiques du monde?
UN TITRE PAR-CI, UN TITRE PAR-LÀ,
par Catherine Pouplain (rédactrice)
Que choisir ? S'il s'agit de vous faire la dithyrambe d'un album paru cette année, franchement, je serais bien en peine. Désolée les artistes, mais aucun CD ne m'a bouleversée autant qu'un "Dolorès" (Jean-Louis Murat, 96), qu'un "Tostaky" (Noir Désir, 92) ou que le premier album d'Arthur H en 90, et j'en passe.
En revanche, j'ai ouï un paquet de titres qui m'ont assez agréablement chatouillé les oreilles. Je vous mets tout en vrac au pied du sapin de Noël. A vous de choisir : Véronique Sanson et sa reprise de "Paradis Blanc", les Saïan Supa Crew qui pour la première fois m'ont fait sourire en écoutant du hip-hop, le groupe Bisso Na Bisso qui pour la première fois m'a fait danser en écoutant de la musique congolaise, Cassius et sa disco-techno, Murat et son Mustango (ben oui, quand même !), les Américains de Pink Martini et leur "Sympathique" ("Je ne veux pas travailler"), et puis un titre de Michel Polnareff ("Je rêve d'un monde") qui, sans être époustouflant, nous fait encore plus languir de son retour sur CD et encore mieux, sur scène!
Justement, mes souvenirs musicaux de la fin de siècle, ce sont aussi des artistes sur scène. Et sans aucun doute cette année, je mets en tête Iggy P… Ah , francophone ? Alors ce sera Sarclo. Indéniablement. Sarclo et sa poésie-gant-de-boxe. Ça m'a vraiment secouée. Mais aussi les trois de Tryo et leur décor tout en plantes vertes, leurs sourires et leurs voix parfaites, j'en aimerais presque le reggae. Enfin, Rinoçérôse qui en mêlant musiques électroniques et guitares électriques, ont sûrement montré un peu ce que sera la musique de demain. Parce que le 100% électronique, bof…
Voilà! Pour le bilan 2000, j'espère vous parler du nouveau Rita Mitsouko, de FFF et de Sheller.
Polna revient!!
JIMI HENDRIX, "Are You Experienced", MANU DIBANGO "Soul Makossa", BOB MARLEY "Survival",
par Jean-Jacques Dufayet (rédacteur en chef)
Bon, d’accord. Choisir comme "disques de l’année" de vénérables vinyles dont le plus récent (Marley) a vingt ans, et le plus ancien (Hendrix) trente, peut être pris comme une provoc cousue de fil noir. Avec le regard condescendant du vieux rock-critic à qui on ne la fait pas et qui, avouons-le, ne se donne plus beaucoup la peine d’aller écumer les lieux à la mode pour y dénicher les "nouvelles musiques".
Pourtant, il n’en est rien. Si je me permets cette liberté – quitte, pour une fois, à parler à la première personne du singulier- c’est que, d’abord, cette fin d’année n’est pas tout à fait comme les autres. C’est, on vous l’a assez répété, la fin d’un siècle et le début d’un nouveau millénaire (même si ce n’est pas tout à fait vrai, cette échéance étant plutôt fixée au 1er Janvier 2001). Difficile, donc, de résister à la manie ambiante du bilan séculaire.
Ensuite, je fais confiance à l’équipe qui anime brillamment ce site à longueur d’année pour faire des choix plus contemporains que les miens. Eux, ils traquent la nouveauté avec talent et passion, et ne vont pas se priver de vous faire connaître leurs élus. Je partage d’ailleurs leurs choix et en profite, au passage, pour saluer la qualité de leur travail qui fait de ce site l’un des plus consultés, au plan international, dans le domaine de la musique. Et cela sans MP3!
Cela n’aura échappé à personne : mes trois élus sont noirs de peau. Il est vraisemblable que, si j’avais eu à choisir dix œuvres, on serait resté dans la même noirceur ! Car la seule vraie révolution musicale de ce siècle, improprement baptisée "rock’n roll", est bien celle qui est née dans les champs de coton du Mississipi. Blues, jazz, rythm’n blues, soul, funk, rap. La filiation est claire. Et ni les Rolling Stones ni les Beatles, imbibés de Chuck Berry et de Little Richard, ne la renieront.
Jimi Hendrix est le premier bouquet de ce feu d’artifice. La rencontre la plus parfaite entre le blues et l’électricité. Avec lui la guitare devient un instrument nouveau, et annonce tous les synthés à venir. On a tout dit sur lui ; je me contenterai donc de rappeler que, pendant les quelques années de sa courte carrière, la musique a simplement changé de cap. L’hymne américain qu’il remanie légèrement à Woodstock restera à jamais le symbole d’un changement d’époque.
Manu Dibango, quant à lui, personnalise l’avènement de la world music et le retour aux sources. En cette année 1973, "Mother Africa" se rappelle soudainement au bon souvenir de ses enfants de la diaspora. Soul américain, makossa camerounais, le petit 45t enflamme les boîtes de Harlem. Et, comme il se doit, ricoche sur Paris et Douala. Après, rien ne sera plus comme avant. La voie est ouverte pour les Youssou N’Dour, Mory Kanté, et Césaria à venir. Avec effet de rebond sur Bahia, La Havane, et… Kingston.
Et nous voilà donc avec l’ami Bob. Pur produit du métissage qui nous guette tous - n’en déplaise aux grincheux - Marley reste l’avenir, vingt ans après sa mort. Je ne parle pas là des pitoyables bidouillages qui prétendent aujourd’hui nous le faire revivre comme artiste techno. Parions que, caché derrière la fumée d’un gros joint qu’on prend pour un nuage, Robert en rigole plus qu’il ne s’en offusque. Non. Bob n’a pas besoin de remix post-mortem pour rester le génie qu’il fut. Ecouter "Sun Is Shining" dans sa version originale, et si possible sur un vinyle qui gratte un peu, pour s’en convaincre.
Il fallait bien finir sur une note de vieux con ! Bonne année.