HYPERTUNEZ
Paris, le 10 janvier 2000 - A la mi-octobre 1999 avait lieu le Mix Move : salon du Mix, du mélange sonore où le rap côtoie l'easy listening à l'orée du dub languissant sur de la jungle japonaise, lors de mon périple entre les stands, une grande tente accueillait une jeune équipe avec un site en démonstration : Hypertunez.
Un esprit, une lutte… sonores
Paris, le 10 janvier 2000 - A la mi-octobre 1999 avait lieu le Mix Move : salon du Mix, du mélange sonore où le rap côtoie l'easy listening à l'orée du dub languissant sur de la jungle japonaise, lors de mon périple entre les stands, une grande tente accueillait une jeune équipe avec un site en démonstration : Hypertunez.
Mis en ligne sur Internet depuis septembre 1999, le site Hypertunez passait son premier test grandeur nature. Alors qu'une prononciation approximative de son nom pouvait porter à confusion pour un francophone (le mot 'thune' signifie argent), une simple visite montre qu'il s'agit d'autre chose : un esprit, une âme. Hypertunez ne surfe pas uniquement sur la vague house actuelle.
Anne-Cécile Worms, la cheftaine qui chapote cette équipe, peut être fière de pouvoir bientôt atteindre les mille connexions par jour. Ce sont les free parties qui ont rassemblé tous ces gens. Cet esprit de liberté et de rencontre qui soufflait (et souffle encore), leur indiquait une voie, un passage : créer un lieu artistique de rencontre permanent sur Internet, une plate-forme, un carrefour musical et artistique.
L 'esprit de la maison n'est pas celui du clubbing. Les morceaux en MP3 sont le fruit d'association avec des labels indépendants et surtout des artistes qui choisissent de faire partager leur musique plus rapidement et plus spontanément. Plus d'une cinquantaine de titres sont déjà disponibles avec soit une biographie, soit la pochette de l'album selon les choix de l'artiste. Le MP3 se veut une alternative aux maisons de disques. Un contact direct entre l'internaute et l'artiste. D'ailleurs, c'est un échange, une participation effective qui est proposé à chacun de nous. Il est prévu à terme de faire intervenir un peu plus l'internaute dans la création artistique : il sera selon Anne-Cécile Worms, "un participant direct", un "militant" à sa manière. Bientôt, sera mis en place la possibilité pour l'internaute d'enregistrer son parcours sonore. De son voyage à travers les pages et les styles musicaux, l'internaute en ramènera un souvenir, une émotion personnelle. De cette ballade naîtra une personnalisation musicale.
Actuellement, les circuits de distribution sont performants mais avec un site comme Hypertunez, il s'agit de développer de nouveaux circuits (certaines maisons de disques planchent d'ailleurs sur le sujet comme les distributeurs tarditionnels). La volonté est de développer plus la diffusion (jusqu'à l'auditeur) que la distribution. En rapprochant le public des artistes, Hypertunez tente ainsi de favoriser la création et le retour plus rapide de l'auditeur-critique-actif.
La religion électronique
Sur ce site, les genres dépassent la musique électronique de base et si vous trouvez les "classiques" habituels tels que Tekno, House et Xpérimental, ne manquez pas une rubrique Dub tenue par un des spécialistes actuels Laurent Diouf, une rubrique Hip hop, une place conséquente (et normale) à la techno hardcore dont Manu Le Malin est un des emblèmes français. La plus énigmatique Open Mind montre bien que les classements peuvent devenir affaire de religion. Pour exemple, Andrea Parker se retrouve ainsi aux côtés de Gilb'r, Terranova et les Rythmes Digitales… L'éditorial renvendique clairement l'appellation "fourre-tout".
De plus, Hypertunez se fait la passerelle en interrogeant tous les quinze jours des artistes sur les musiques électroniques (actuellement un Africain). Car pour Anne-Cécile, tout prend sens dans ce vaste ensemble. Aujourd'hui, l'Afrique, demain le territoire américain et après l'Asie. Ces continents sont liés qu'ils le veuillent ou non par la musique. Il s'agit d'exprimer ces rencontres et de faire des ramifications. Montrer et dire que les musiques électroniques ne sont pas seulement le fruit des machines. Certes, c'est une révolution dans la création artistique mais la tendance est constante : partager. Le site répond à sa manière aux détracteurs en leur dévoilant un nouveau pan de cette musique internationale, celle du XXIème siècle ?
Hypertunez élargit son champ de vision et ne se cantonne pas seulement à la musique. En effet, l'équipe du site n'est pas composée uniquement de techniciens et de journalistes, mais aussi de graphistes (chaque page a son graphiste attitré) et d'oreilles têtes chercheuses en constante émulation. Le visuel n'est effectivement pas en reste puisqu'une page est réservée comme galerie à différents artistes visuels. Mouvements, couleurs flashantes et éclairantes.
Transmettre et créer des liens tel pourrait être l'étendard d'Hypertunez. Au carrefour, le nombre d'invités n'est pas limité, mais combien serons-nous ?
Emmanuel Dumesnil