BIEN LE BONJOUR DE CANNES !

Cannes, le 23 janvier 2000- C'est donc parti pour une nouvelle édition du MIDEM, Marché International du Disque et de l'Edition Musicale. Et il y a des signes qui ne trompent pas. Dès hier, samedi, on sentait que le cru serait bon, voire exceptionnel. Certes, la presse était bombardée comme chaque année de communiqués de l'organisateur, expliquant que tous les records d'inscription étaient battus, etc… Mais de cela on a l'habitude. (Et puis il fallait bien faire oublier les échecs successifs du Midem/Asie, et du Midem/Latino, tous les deux arrêtés.)

Introduction aux festivités

Cannes, le 23 janvier 2000- C'est donc parti pour une nouvelle édition du MIDEM, Marché International du Disque et de l'Edition Musicale. Et il y a des signes qui ne trompent pas. Dès hier, samedi, on sentait que le cru serait bon, voire exceptionnel. Certes, la presse était bombardée comme chaque année de communiqués de l'organisateur, expliquant que tous les records d'inscription étaient battus, etc… Mais de cela on a l'habitude. (Et puis il fallait bien faire oublier les échecs successifs du Midem/Asie, et du Midem/Latino, tous les deux arrêtés.)

Plus convaincante était la queue qui, dès 8 heures du matin, s'étirait devant le Palais. Des Cannois qui, à l'évidence, se pressaient pour recueillir les places des concerts du soir; il y a bien longtemps que le MIDEM était devenu une réunion de businessmen sérieux ne passionnant plus les foules locales.

Mais il faut dire que, cette année, le MIDEM commençait par un événement de taille: les NRJ Music Awards. NRJ (une radio française très populaire chez les jeunes) organisait pour la première fois une réplique européenne des Grammy Awards. A défaut d'être originale, la formule est efficace. Et c'est ainsi qu'étaient présents hier sur la Croisette Goldman, Cabrel, Pagny, Hallyday (David), Mylène FarmerMais aussi Jamiroquai, Texas, Hélen Segara,et Mariah Carey ! On n'avait pas vu pareille brochette de stars ici depuis des lustres. (Voir plus bas, le compte-rendu des Music Awards).

A l'intérieur du Palais des Festivals, strictement réservé aux heureux possesseurs du badge magique, l'ambiance n'était pas moins chaude. C'est que, pour la première fois, était organisé le MIDEMNET. Une journée en prélude au MIDEM traditionnel, entièrement consacrée aux rapports entre musique et internet.
A ceux qui pouvaient encore en douter, il paraissait tout à coup très clair que les enjeux musicaux de ce siècle commençant, technologiques et commerciaux, se focalisaient sur ce couple tumultueux: web et musique. Ou, pour être plus précis, musique et MP3. Car si tout le monde écouta poliment les vendeurs de CD en ligne (CD Now et FNAC Direct), le débat s'enflamma dès que le mot "téléchargement" fur prononcé. Miroir aux alouettes pour bon nombre de start-up aux dents longues, casse-tête pour les sociétés d'auteurs et les législateurs, cauchemar des producteurs phonographiques, le téléchargement de musique est bel et bien la première révolution de ce nouveau millénaire, et impose des remises en question à tous les niveaux de la profession.

A ce MIDEMNET on se garda bien de donner des chiffres trop précis, si ce n'est des pourcentages sans grand intérêt. Que signifie par exemple une augmentation des ventes de CD de 265%, pour tel cyber-vendeur, quand on ne connaît pas le chiffre de l'année précédente ? Nul acteur du téléchargement se risqua non plus à avancer le nombre de ses clients, et encore moins son chiffre d'affaires.
C'est que, pour le moment, on se bat plus au niveau des principes. Et là, on n'est pas à l'abri des surprises. Ainsi Marybeth Peters, la grande patronne du Copyright aux USA, vint nous apprendre qu'aux Etats-Unis une série de lois très répressives venaient d'être votées pour punir la mise en ligne de fichiers musicaux non autorisés. Peu après, Thierry Stoll, Directeur de la Direction Générale "Internal Market" à Bruxelles, avouait piteusement que l'Europe… réfléchissait beaucoup à la question !
Traditionnellement laxiste sur le concept du droit d'auteur, par rapport à l'Europe -du moins celle du sud- l'Amérique montre ainsi qu'elle a pris la mesure du danger. Ce qui, par voie de conséquence, va fragiliser un peu plus encore la production phonographique du vieux continent. Ce que ne manqua pas de souligner le toujours caustique Pascal Nègre, directeur d'Universal France; avec cette conclusion inquiétante: si nos produits sont détournés, nous n'amortirons plus nos investissements, et nous ne produirons plus. Place alors aux contenus de ceux qui auront mieux su se protéger. (Et nous de penser: la World Company a de beaux jours devant elle…)
Cela dit, à chaque MIDEM, l'industrie phonographique fait du catastrophisme; cela a commencé dans les années 60 avec la cassette enregistrable, qui allait "tuer le marché". Puis avec la piraterie; puis avec le CDR… Aujourd'hui, pourtant, on a le sentiment que le danger devient plus présent. Parions néanmoins qu'une fois de plus le métier saura trouver la parade.

Pour s'en convaincre, il suffit de se pencher sur le programme des concerts proposés à ce 34ème MIDEM; une très belle affiche, d'une variété rare, et qui respire plutôt l'optimisme. Citons en particulier la superbe soirée indonésienne d'hier, avec notamment Krakatau et Iga Mawani; la nuit Caribéenne de ce soir, parrainée par RFI; l'Explosion Latine de demain, avec en particulier Guaco, également proposée par RFI. Et encore le concert des voix africaines, avec Youssou N'dour, Bona, et Cheikh Lô (toujours avec RFI).

Mais sur tout cela nous allons bien sur longuement revenir dans les jours qui viennent, avec notre équipe de web-trotteurs. A plus !

Jean-Jacques Dufayet