LE MIDEM DECOUVRE LE GAMIN AUX DOIGTS D’OR

Nawfel sur les traces de Jimi (Hendrix)

Cannes, le 24 janvier 2000- Son chapiteau à l'ancienne et ses murs en bois, au milieu de la technologie high-tech du MIDEM, lui donnent un côté sympathique, rassurant. Chaque soir, alors que le flot harassé des festivaliers commence à quitter le bunker, le Magic Mirrors, lui, commence à vivre.

C'est l'heure des "Talents", ces espoirs de la musique que le plus grand congrès musical du monde se doit évidemment de flairer. Lundi soir, il y avait une affluence toute particulière pour attendre Nawfel.

Qui est Nawfel ? Une petite bombe d'1m50. Quand sa guitare est posée sur son trépied, elle est plus haute que lui. Il faut dire que Nawfel a 14 ans. Mais, dès qu'il se met à jouer, c'est difficile à croire. Les plus anciens se croient soudainement transportés trente ans en arrière, lorsqu' un certain Jimi faisait exploser les murs du Speak-Easy. Oui, le parallèle avec Hendrix s'impose à l'évidence. Non seulement parce que l'inspiration est blues et que la technique du gamin est déjà stupéfiante. Mais on a tendance à se méfier de ce genre de petit prodige que le show-bizz nous invente régulièrement pour résuciter Mozart.

Or, là, pas de doute. C'est du vrai talent en herbe qui se pointe. Et le plus sidérant, ce n'est pas tant le jeune âge du virtuose par rapport à ses sources d'inspiration, c'est la distance culturelle qui le sépare du blues électrique. Car Nawfel est d'origine maghrébine; son grand-père jouait du mezoued (cornemuse en peau de chèvre) dans l'Orchestre National de Tunisie. On est quand-même assez loin des champs de coton du Mississipi.

Un premier disque de Nawfel est déjà disponible, chez Universal. Imparfait, bien sûr. Mais ô combien prometteur. Mais, surtout, si vous apprenez que le gosse est programmé près de chez vous, annulez tous vos rendez-vous.

JJD